Des Assises pour parler prédation et définir le futur plan loup
Les Assises de la prédation se sont déroulées les 1er et 2 juin dans les Hautes-Alpes. 150 personnes venues de toute la France s’étaient déplacées pour échanger sur la problématique lupine.
Le plan national d’action (PNA) 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage arrive à expiration le 31 décembre. Un nouveau programme est ainsi en préparation pour la période 2024-2029. C’est dans ce contexte que le Conseil de l’agriculture française a organisé les 1er et 2 juin à Chorges (Hautes-Alpes) les premières Assises de la prédation.
Deux jours de travail pour échanger avec les éleveurs des 53 départements « prédatés » sur les propositions à porter devant les pouvoirs publics. Marc Fesneau – ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire – a d’ailleurs participé à l’événement en visioconférence. Des élus étaient également présents. Il faut dire que la prédation est l’affaire de tous. Une réalité rappelée par chacun tout au long de l’événement, la prolifération des loups remettant en cause les économies des territoires, qu’elles soient pastorales ou touristiques.
« Un nouveau plan à la hauteur »
« Nous avons besoin d’un nouveau plan à la hauteur. La protection de nos troupeaux doit être prioritaire », lâche Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la Fédération nationale bovine (FNB). Avant de poursuivre : « On préfère d’ailleurs parler d’un plan de sauvegarde de l’élevage plutôt qu’un plan loup ». En 2022, plus de 4 000 élevages ont été « prédatés » et plus de 12 000 animaux ont été tués.
Olivier Boulat est éleveur bovin en Lozère et secrétaire général adjoint de la FNB : « Ce plan, c’est une réussite pour le loup. Maintenant, réussissons pour l’élevage. On va faire crever nos éleveurs si on continue comme cela ». « Nous avons une Convention de Berne qui est un réel succès. Le seuil de viabilité des 500, il est largement atteint. Il faut désormais regarder comment passer d’une gestion à une régulation. La régulation n’est pas un gros mot. La chasse aux loups, cela ne nous intéresse pas. La plupart des agriculteurs n’ont pas envie de prendre le fusil. Mon métier, c’est d’aller vers mes brebis avec passion car elles nous font vivre. Il faut écarter les loups fautifs », souligne pour sa part Michèle Baudoin, présidente de la FNO.
Le droit de se défendre
Les demandes de la profession sont donc nombreuses. Et cela commence par la simplification des tirs de défense. Les éleveurs demandent la mise en place d’un seul tir de défense (mis en œuvre par cinq tireurs, valables cinq ans, dans tous les territoires de présence du loup et durant la campagne) dès lors qu’est constatée une attaque sur un troupeau. Des tirs de prélèvement accordés toute l’année, la suppression du plafond de destruction de 19 %, l’obtention de tirs de défense pour les éleveurs de bovins, d’équins et d’asins situés dans les zones de présence du loup, sont aussi évoqués. Les éleveurs, ayant suivi une formation, souhaitent par ailleurs pouvoir utiliser des armes dotées de lunette à visée nocturne sans obligation préalable d’éclairage du loup ainsi que des modérateurs de sons.
Pas plus de 500 loups et zéro attaque
Autant de propositions présentées au ministre de l’Agriculture. Lors d’un échange en visioconférence, ce dernier a confirmé travailler à un nouveau protocole de tir et à une possible fusion des tirs de prélèvements et de défense. Il a également annoncé vouloir « généraliser » l’usage des caméras thermiques, et se pencher sur un cadre réglementaire concernant les chiens de protection. Le comptage des loups, le seuil de viabilité ou encore les budgets de la PAC consacrés à la problématique lupine ont aussi été abordés. Côté éleveurs, c’est en tout cas clair : il leur faut zéro attaque et 500 loups. Et pas plus !
« Nous avons un ministre à l’écoute. Il a compris une grosse part du problème, il est conscient qu’il faut agir pour sauver le pastoralisme, l’entretien des paysages, etc. Le problème, c’est qu’il n’a pas la main sur le dossier, même s’il est force de proposition. Le ministre de l’Agriculture paie mais il ne décide pas », note Édouard Pierre, président de Jeunes Agriculteurs Hautes-Alpes et responsable du dossier prédation à JA.
Reste que l’absence de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie Bérangère Couillard, et malgré une l’enregistrement d’une vidéo, est un mauvais signal pour la profession. Surtout à l’heure où les responsables syndicaux – dont Christiane Lambert, présidente du Copa – demandent aux politiques des positions de positions claires et affirmées. Un rendez-vous avec elle a néanmoins été organisé le 8 juin. « Il n’y a pas eu d’annonce. Il y a une envie de travailler avec la profession dans le cadre de l’écriture du prochain PNA. À nous d’être vigilants. Nous attendons des actes », note Édouard Pierre.