Un éleveur menacé pour ses vaches au pré : vives réactions après une lettre anonyme
La lettre d’intimidation reçue par un éleveur bovin installé à Adainville dans les Yvelines de la part d’un voisin fait beaucoup de remous sur les réseaux sociaux. Le maire de la petite commune s’en alarme.
La lettre d’intimidation reçue par un éleveur bovin installé à Adainville dans les Yvelines de la part d’un voisin fait beaucoup de remous sur les réseaux sociaux. Le maire de la petite commune s’en alarme.
« Nous sommes farouchement opposés à l’installation de vaches sur les terrains que vous avez achetés entre la route du Vivier et le cours d’eau de la Basse Jaunière ». Ainsi débute la lettre anonyme reçue le 5 février par Fabien Le Coidic éleveur de vaches à Adainville dans les Yvelines.
Cet éleveur bovin (des Bretagne Pie noire), en conflit depuis plusieurs mois contre des riverains, avait obtenu gain de cause du tribunal administratif de Versailles en janvier 2022.
« Ces prés sont dévolus au foin depuis des décennies et forment un environnement agréable et paisible le long duquel il est doux de se balader » poursuit le corbeau selon qui « un retour des vaches représenterait un retour à une ruralité lourde et déplaisante qui n’a plus sa place ici », selon la lettre rendue publique sur twitter par Maître Timothée Dufour, avocat de l’agriculteur.
La lettre d’intimidation contre notre éleveur a été lue massivement. Ne nous arrêtons pas à une simple lecture. Soyons plus que jamais solidaires de nos #agriculteurs. #Adainville @BFMTV pic.twitter.com/WowJ9x2C27
— Timothée Dufour (@Timothee_Dufour) February 9, 2023
L’éleveur encouragé à continuer à faire du foin ou à installer des moutons !
L’auteur anonyme qui se réclame comme un voisin de l’éleveur dénonce « une forme d’élevage rétrograde et cruelle » et suggère à Fabien Le Coidic de « continuer à faire du foin » ou « bien louer ces espaces pour les pensions de chevaux au pré qui sont très demandées » ou encore « d’y installer des moutons qui sont un voisinage plaisant et procurent du lait et de la laine sans avoir à les massacrer ».
L’auteur de la lettre anonyme qui semble vouloir se faire le porte-parole de plusieurs voisins indique qu’il continuera à utiliser « les voies légales » pour s’opposer à l’éleveur s’il persiste à vouloir « installer des vaches ici ».
Lettre d’intimidation anonyme reçue ce matin par un éleveur dont je suis l’avocat. C’est hélas le quotidien de beaucoup de nos #agriculteurs ! #Adainville pic.twitter.com/1dv8evfrwB
— Timothée Dufour (@Timothee_Dufour) February 6, 2023
Soutien massif du monde agricole
Depuis la révélation de cette lettre les réactions sont vives sur les réseaux sociaux. « Il faut faire monter la pression. Organisez des rassemblements de soutien sur les terrains dont il est question. Ca suffit de ne pas se laisser faire », a réagi l’éleveur Cédric Viallemonteil, éleveur à Sourniac dans le Cantal sur twitter.
Il faut faire monter la pression
— Cédric (@agric15) February 7, 2023
Organisez des rassemblement de soutien sur les terrains dont il est question. Ça suffit ne pas se laisser faire
« Le mec qui te donne envie de faire un épandage de lisier devant son jardin justement le jour où il fait un barbecue. Faut nourrir l’herbe pour avoir du foin », a réagi, avec humour, l’éleveur Antoine Thibault de son côté.
Le mec qui te donne envie de faire un épandage de lisier devant son jardin justement le jour où il fait un barbecue.
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) February 7, 2023
Faut nourrir l'herbe pour avoir du foin 🤗 https://t.co/Oaq9RDOUgJ
« Pas de vache à côté de ma maison !! Mais qui est ce « voisin » inquisiteur et donneur d’ordre ? La campagne avec ses champs, prairies, coteaux…. Est le lieu de la production agricole base de l’alimentation », a réagi pour sa part Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Merci Maître @Timothee_Dufour !!
— Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) February 9, 2023
Pas de #vache à côté de ma maison!! Mais qui est ce « voisin » inquisiteur et donneur d’ordre?
La #campagne avec ses champs, prairies, coteaux… est le lieu de la #production #agricole base de l’ #alimentation !
Demain des #pénuries se profilent ! https://t.co/T3wPTpNOka
"Je ne veux pas d'animaux devant chez moi. Mais faites donc du foin mon brave ! Cela nourrira des animaux devant chez quelqu'un d'autre !" pic.twitter.com/EauPX7NDZo
— Benoît Rouillé (@B_Rouille) February 10, 2023
« Ces voisins sont complètement déconnectés de la réalité agricole » s’est pour insurgé l’agroclimatologue Serge Zaka.
Ces voisins sont complètement déconnectés de la réalité agricole 😳.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) February 7, 2023
Le retour de vaches aux prés est très bon pour la fertilisation et le stockage du carbone. Et c'est d'ailleurs le meilleur moyen, d'après le rapport 4p1000 de l'INRAE : "remplacement fauche-pature". pic.twitter.com/U3enb4aOkj
Et les messages se multiplient sur les réseaux en soutien à l’éleveur.
Le maire d’Adainville s’inquiète pour l’image de sa commune
A tel point que le maire de la ville Jean-Marc Raimondo, y voyant une mauvaise publicité pour sa commune, est intervenu jeudi 9 février sur Facebook dans un message. « Depuis 2 jours une lettre anonyme déposée chez Fabuen Le Coidic qui vient de mettre ses trois premières vaches sur ses terres d’Adainville, circule sur les réseaux sociaux. Cette diffusion provoque un mouvement d’indignation certes justifié, mais qui va en grandissant au mépris de toute mesure et de l’image d’Adainville et des Adainvillois », s’alarme-t-il.
Une enquête est en cours
Le maire informe s’être immédiatement rendu en gendarmerie et qu’une « enquête est en cours ». Condamnant la pratique de la lettre anonyme, Jean-Marc Raimondo écrit aussi qu’un « grand nombre d’Adainvillois lui ont fait part de leur indignation », ajoutant « il est hors de question qu’un amalgame soit fait entre le ou les auteurs de ce courrier et les habitants d’Adainville, en résidence principale ou en résidence secondaire ».
Le maire affirme que sa commune accueille de longue date « des résidents secondaires » qui « font partie intégrante du village, qui l’aiment, le respectent et participent à sa vie rurale », concluant à un appel au calme.