Julien Tuffery, éleveur et vice-président de la Chambre d’agriculture de Lozère
[Sécheresse] "Une situation inédite et très préoccupante pour les éleveurs"
Julien Tuffery, éleveur d'aubracs et vice-président de la Chambre d'agriculture de Lozère, évoque les difficultés rencontrées par les éleveurs pour abreuver les animaux et les inquiétudes liées au déficit en fourrage.
Julien Tuffery, éleveur d'aubracs et vice-président de la Chambre d'agriculture de Lozère, évoque les difficultés rencontrées par les éleveurs pour abreuver les animaux et les inquiétudes liées au déficit en fourrage.
« La sécheresse que nous vivons est historique. D’après les données météo, le déficit hydrique de 1976 est largement dépassé sur l’ensemble du département. Dans certaines exploitations, les quantités de fourrages récoltées totalisent seulement 20 % des chiffres habituels.
Côté cheptel, à l’inverse de ce qui s’était passé au niveau national, la Lozère avait enregistré ces dernières années une légère progression de son troupeau allaitant. Mais faute de stocks, je redoute une vague de décapitalisation. On suit les chiffres de près mais il est encore impossible d’en prédire l’ampleur.
Essayer de garder son sang froid
Dans un tel contexte, il faudrait que les éleveurs arrivent à garder leur sang-froid en évitant les décisions trop précipitées. Mais ce n’est pas facile avec des trésoreries très tendues et les tarifs que l’on connaît pour l’alimentation animale et la paille. S’il pleut en fin d’été cela limitera les dégâts, mais le mal est fait.
À côté des problèmes d’alimentation en cours et à venir, de nombreux élevages ont de sérieuses difficultés pour abreuver les troupeaux. Beaucoup de sources et de rivières ont tari. Dans certaines communes, faute de réserves d’eau, les agriculteurs s’approvisionnent dans le réseau public.
Les bonnes questions sur la gestion de l'eau
Cela génère des tensions. Dans notre département, les réseaux d’eau potables sont le plus souvent gérés au niveau communal. Actuellement, une partie d’entre eux n’ont plus la capacité de fournir les besoins liés à l’élevage. Nous allons devoir à très brève échéance se poser les bonnes questions pour que ces réseaux publics d’eau potable soient moins impactés par l’agriculture.
Je faisais partie de la délégation d’éleveurs lozériens qui a rencontré Marc Fesneau au ministère de l’Agriculture le 26 juillet. Il nous a dit être très favorable à la création de petites réserves collinaires.
À côté de cette éventualité, nous avons d’autres solutions à proposer pour conforter la ressource pour nos troupeaux. Mais il faudrait pour cela pouvoir lever certains freins réglementaires. Et comme nous l’a rappelé le ministre, ils ne dépendent pas de son ministère, mais de celui de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires."