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Production de fourrages : quel sera l’impact du changement climatique en 2070 ?
Le changement climatique s’accélère et l’agriculture est directement impactée. Quid des années futures avec le réchauffement climatique, Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK, vous propose un voyage dans le futur avec des projections sur la pousse d’herbe et la production de fourrages en 2070.
Le changement climatique s’accélère et l’agriculture est directement impactée. Quid des années futures avec le réchauffement climatique, Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK, vous propose un voyage dans le futur avec des projections sur la pousse d’herbe et la production de fourrages en 2070.
La France est soumise à une sécheresse agricole depuis le 1er janvier 2022, avec une légère stabilisation en juin due à une longue période orageuse. Cependant la sécheresse repart de plus belle, couplée à des températures très excédentaires. Le mois de juillet 2022 pourrait être le mois de juillet le plus sec depuis 1959, au moins.
Un indice hydrique des sols record en 2022
Plusieurs alertes sur la production de fourrages ont été émises dès fin février, mentionnant déjà des conséquences potentielles sur la repousse prairiale voire, « une catastrophe sans nom » si la sécheresse perdure. Cet avertissement s’est révélé exact. De nombreux éleveurs sont déjà à court de fourrages, et les prairies sont à sec.
En termes de sécheresse agricole, la sécheresse de 2022 dépasse la fameuse sécheresse de 1976 à la même date (26 juillet) et au niveau national. Au sud d’une ligne Biarritz-Strasbourg, il n’avait jamais fait aussi sec. De la Bretagne à la Belgique, la sécheresse de 1976 reste cependant la référence. Le déficit depuis le début de l’année est compris entre 25 % (en Île-de-France et dans le Limousin) et 50, voire 55 % (en Corse et PACA). En basse vallée du Rhône, ce déficit atteint localement 75%. Aucune pluie conséquente n’est prévue avant au moins 10 jours. L’indice hydrique des sols va continuer à diminuer.
Le changement climatique va faire évoluer la saisonnalité de la pousse prairiale
Le changement climatique va affecter la saisonnalité des précipitations. Il devrait pleuvoir plus en hiver et moins en été. Sur l’année le cumul de précipitation devrait rester à peu près stable sur les ¾ de la France (légèrement en baisse dans le sud). Cependant, ces précipitations hivernales, qui tomberont avec des intensités plus fortes, seront moins efficaces pour les cultures.
La production prairiale est notamment dépendante de la disponibilité en eau du sol. Ainsi, la production de fourrages va évoluer en parallèle de l’évolution des précipitations :
- Le pic de production printanier sera plus important, il sera notamment possible d’ajouter une nouvelle coupe.
- La dépression estivale sera accentuée.
- La reprise automnale est plus ou moins variable suivant les modélisations. Elle est plutôt stable mais les modèles ne prennent pas bien en compte la mortalité estivale des plants.
- Le cumul annuel sera cependant à peu près stable.
Sur le schéma, la courbe rouge correspond à la production de matière sèche après 2070, la courbe verte entre 1970 et 2000.
Bien que ces résultats soient valables pour la fétuque à Poitiers, les tendances sont similaires pour l’ensemble du territoire. Les éleveurs devront gérer des stocks de fourrages plus conséquents à la sortie du printemps pour les redistribuer jusqu’à l’automne.