« On ne regrette pas d’avoir installé des cases de maternité liberté pour nos truies »
Cinq éleveurs bretons équipés de cases de maternité liberté ont expliqué leur choix à la chambre d’agriculture de Bretagne. Ils ont évalué leurs cases sur 26 critères différents.
Cinq éleveurs bretons équipés de cases de maternité liberté ont expliqué leur choix à la chambre d’agriculture de Bretagne. Ils ont évalué leurs cases sur 26 critères différents.
D’avril à décembre 2018, la chambre d’agriculture de Bretagne a enquêté cinq éleveurs récemment équipés de cases de maternité liberté. Ces échanges ont permis de comprendre les choix faits par ces éleveurs, de décrire les équipements et les nouvelles pratiques mises en place pour conduire les truies. Les ingénieurs de la chambre d’agriculture ont aussi demandé aux éleveurs d’évaluer leur case sur 26 critères relatifs à l’aménagement, aux conditions de travail, au bien-être des animaux et aux performances techniques. Retours sur ces échanges.
Pourquoi avoir fait le choix de la liberté en maternité ?
Les cinq élevages avaient des bâtiments de maternité vieillissants à revoir. Au début de leur réflexion, quatre des cinq éleveurs envisageaient de construire ou de rénover leur bâtiment avec cases bloquées. Les raisons qui ont finalement poussé les éleveurs à faire le choix de la liberté sont souvent multiples : crainte d’une évolution réglementaire, volonté d’améliorer le bien-être de leurs animaux et plus encore le risque de ne pas pouvoir commercialiser leurs porcs si l’opinion publique ne voulait plus de truies bloquées. Pour un éleveur, le choix a d’abord été technique, l’objectif était d’avoir des cases plus grandes adaptées à l’augmentation de la taille des portées. Pour deux éleveurs, le travail au quotidien a aussi orienté leur choix. L’un pour l’arrêt du raclage des déjections lorsque la truie est libre, l’autre considérait que les cases liberté étaient synonymes d’une certaine qualité de travail, à l’image des truies gestantes en groupe.
Quelle perception du projet par l’entourage ?
Au début des réflexions, le projet des éleveurs d’installer des cases de maternité a parfois été accueilli avec scepticisme, à la fois par d’autres éleveurs mais aussi par certains techniciens et équipementiers. C’est principalement le cas pour les réflexions les plus anciennes. Après la remise en cause des poules en cages et le Space 2017, où pour la première fois plusieurs modèles de case liberté étaient présentés, les éleveurs ont relevé une amélioration des regards sur cet équipement et leur projet.
Quelle conduite des truies libres ?
Les maternités liberté ayant été mises en place dans ces élevages entre 2017 et 2018, la conduite du troupeau n’est pas encore finalisée, les éleveurs pourront la faire évoluer en fonction du comportement des truies et des performances en maternité. À la date de réalisation des enquêtés, la durée de contention des truies était différente dans les cinq élevages. Les truies étaient libres à l’entrée en maternité, puis suivant les élevages, elles étaient bloquées entre 2 à 5 jours avant la mise bas. La libération avait lieu entre 5 à 15 jours après la mise bas, une fois les soins aux porcelets réalisés. Le moment de libération dépendait principalement de l’état corporel des porcelets et du comportement de la truie. Dans un des élevages, les truies qui écrasaient plus de deux porcelets après la libération étaient de nouveau bloquées.
Quelles notes pour chaque modèle ?
Les cinq éleveurs ont noté leur case sur 26 critères différents avec une note variant de 0 (très mauvaise) à 3 (très bonne). Ils sont globalement satisfaits par leur modèle de case auquel ils attribuent tous une note 2 sur le critère « 1- Évaluation globale ». Pour chaque éleveur, entre un et cinq critères sont jugés mauvais (note 1). Les principales critiques concernent l’augmentation du temps de lavage et l’accessibilité limitée aux porcelets après libération de la truie. Un éleveur attribue la note 0 sur le critère « 12- Surveillance du nid » en lien avec un sens d’ouverture du capot inadapté. Les éleveurs proposent quelques améliorations à leurs équipements notamment une augmentation de surface pour les cases de moins de 5,80 m². D’autres regrettent l’absence de trappes d’évacuation des déjections et de systèmes antiécrasement, enfin certains jugent insuffisant l’espace prévu pour l’augette à porcelets.
Si c’était à refaire ?
Aucun éleveur ne regrette l’installation de cases liberté. Ils sont globalement satisfaits par leur modèle de case même si aucune case n’est jugée « bonne » ou « très bonne » sur l’ensemble des critères évalués. Sans présenter de résultats chiffrés, ils considèrent leurs performances techniques bonnes ou très bonnes et espèrent à terme une valorisation financière des porcs issus de truies libres en maternité. Depuis l’enquête, certains éleveurs ont pu faire valoir leur maternité liberté dans le cahier des charges d’un abatteur distributeur et ainsi mieux valoriser leur production.
Difficile d’identifier les truies qui écrasent leurs porcelets
Malgré des moyens vidéos importants mis en place dans le cadre d’une étude dans un naissage associatif équipé de cases de maternité liberté, la chambre d’agriculture de Bretagne n’a pas pu définir pour le moment un profil type de truies qui écrasent leurs porcelets. Les maternités libertés sont un équipement récent. Il existe peu de données sur le comportement des truies et des porcelets dans ces cases. Pourtant, au-delà des aspects techniques liés au bâtiment et aux pratiques d’élevage, les études menées par la chambre montrent l’importance des facteurs individuels et comportementaux de chaque animal. Comprendre le comportement des animaux devrait permettre d’améliorer la gestion de ces équipements et d’en diminuer les inconvénients. Les questions restent nombreuses quant à la possibilité d’équiper son élevage en tenant compte des avantages (image de l’élevage, amélioration du bien-être de la truie et de sa portée…) mais également des inconvénients (nombre de sevrés par portée, sécurité du travail…). De plus, la grande diversité des modèles et leur constante évolution rendent les comparaisons difficiles. Des recherches sont encore nécessaires pour répondre aux interrogations des éleveurs.