Aller au contenu principal

"Mon système est bien organisé pour beaucoup de travail"

EARL de Rinange, en Moselle. Stéphane Losson conduit seul un système assez intensif, avec 120 vêlages en système naisseur engraisseur et des cultures. Il a investi dans la fonctionnalité des bâtiments et ne délègue pas les travaux sur cultures.

Avec 120 vêlages en système naisseur engraisseur et 78 hectares de cultures, le système de Stéphane Losson est assez intensif. Il est installé seul sur l’exploitation depuis une quinzaine d’années. Il peut cependant toujours compter sur la participation très active de son père âgé de 71 ans, aux travaux quotidiens comme aux chantiers de saison. Son fils âgé de 17 ans commence également à apporter une aide précieuse. "La surface est la même qu’à mon installation, à quatre ou cinq hectares près", raconte Stéphane Losson. Pour augmenter la dimension économique de l’exploitation, le troupeau est passé de 70 vaches en 2003, à 150 vaches en 2013. "Mais c’était vraiment trop tendu en termes de travail, et le système fourrager était saturé. Mes résultats économiques se dégradaient. J’ai alors décidé de réduire le nombre de vêlages." L’éleveur pensait revenir progressivement à 100 vêlages. Finalement, il se trouve bien avec 120 vêlages depuis quelques années. "Je fais mon travail avec conviction et plaisir."

Du matériel pas récent mais très bien entretenu

Avant d’arriver à ce fonctionnement, plusieurs choix techniques ont été faits. D’abord, Stéphane Losson n’a pas opté pour l’embauche d’un salarié. "Je préfère le travail en famille, ce n’est pas le même type de relations." D’autre part, il veut faire lui-même toutes les interventions sur les cultures (colza, blé, orge, maïs) du semis au traitement… "Je veux que ce soit fait au bon moment et avec les années que l’on a, les fenêtres météo sont de moins en moins grandes, je trouve que cela devient difficile. Je cherche la sécurité en étant équipé", explique Stéphane Losson. Le parc matériel est assez bien proportionné et pas forcément récent. "Je fais beaucoup d’entretien et tout est toujours en bon état de marche. Par exemple, j’ai deux faucheuses conditionneuses de trois mètres à moi, qui sont 'en fin de vie', mais mon père roule encore avec la deuxième." Il y a six tracteurs sur l’exploitation. Un seul est renouvelé tous les trois à cinq ans, et les autres ont au minimum 20 ans d’âge mais sont très bien entretenus. "L’un d’eux reste attelé au pulvé au printemps, ce qui évite de décrocher. Et en période de pointe, je peux recevoir des chauffeurs occasionnels", explique Stéphane Losson.

En ce qui concerne le troupeau, l’éleveur a investi dans la fonctionnalité des bâtiments. "J’ai passé quinze ans avec toujours du béton à faire. Mais depuis quelques années, je commence à respirer ", raconte Stéphane Losson. "En 2007, je suis passé en système ration complète mélangée. J’ai gagné en souplesse dans la distribution de l’alimentation. J’affourage le matin et jamais le soir, été comme hiver."

Le troupeau est composé de 65 Limousines et de 55 Charolaises issues de croisement d’un ancien troupeau laitier avec achat de femelles race pure. "Je conduis les deux races ensemble. Les vaches ne sont réallotées qu’une seule fois par an au moment de la mise à l’herbe, en fonction de la date prévue pour le vêlage." Ceci car avec des vêlages qui pour les trois quarts se déroulent entre le 20 septembre et le 10 novembre, l’éleveur a fait le choix de sortir à l’herbe au printemps seulement 30 vaches suitées (les dernières vêlées). Soixante autres vaches ne sortent qu’entre fin mai et début juin, sur les repousses après ensilage, et quand leurs veaux sont sevrés. Les autres 30 vaches sont engraissées en bâtiment. Au moment du sevrage, les veaux mâles passent en atelier d’engraissement et les petites femelles ont accès courant juillet depuis le bâtiment à une parcelle de deux hectares (repousses derrière ensilage). Elles entrent et sortent du bâtiment à volonté et s’habituent ainsi toutes seules comme des grandes à la clôture jusqu’à l’automne. Les jeunes bovins charolais et limousins sont engraissés ensemble, avec la même ration. "La ration n’est donc pas parfaitement précise par rapport aux besoins de chaque race, mais je préfère ce compromis pour faciliter le travail." Les jeunes bovins sortent de fin janvier à fin juin avec de très bonnes croissances (en 2019, 470 kg c à 17,9 mois ; GMQ sevrage -abattage = 1 550 g/jour). "Toutes les ventes d’animaux s’effectuent en confiance auprès de ma coopérative Lorca élevage." Stéphane Losson a aussi fait un compromis sur le potentiel de rendement du maïs. "J’ai cherché il y a quelques années, en utilisant des variétés plus tardives, à gagner en rendement. Finalement, je suis revenu à des variétés à indice plus faible pour ensiler dix jours plus tôt, vers le 5 ou 10 septembre. Je suis sûr que le chantier est fait avant que les vêlages ne commencent."

Les vaches ne sont triées qu’une fois par an

Pour l’éleveur, le principal levier pour l’organisation du travail est le groupement des vêlages. Pas question de se lever la nuit pendant plus de trois mois. Et cela fait gagner du temps dans l’organisation des interventions sur les veaux (vaccination, écornage). Pour la reproduction, un taureau limousin, orienté vers les aptitudes bouchères, s’occupe d’un lot de 15 à 20 vaches et toutes les autres sont inséminées. Un monitoring (heattime) est utilisé depuis deux hivers. "J’ai décidé de loger des génisses dans un bâtiment plus éloigné mais plus fonctionnel car j’ai ce détecteur de chaleurs. Mettre et enlever les colliers est un travail en plus, qui n’est pas anodin avec des allaitantes. Mais ce système libère la tête." Un groupement de chaleurs est mis en œuvre pour les dernières.

Pour distribuer la complémentation des veaux, l’éleveur a longtemps fait marcher chaque jour l’aplatisseur pour fabriquer leur mélange fermier. Depuis l’année dernière, il fait venir un prestataire qui concasse avec un camion-usine les 80 tonnes de céréales qui seront nécessaires pour l’année. Puis toutes les trois ou quatre semaines, il prépare avec sa mélangeuse une cellule de mélange. "L’idéal aurait été de tout fabriquer pour la saison en une fois et de stocker en big bag, mais je n’ai pas encore les installations nécessaires."

Avis d'expert : Jean Vuillaume, conseiller technique et économique de Lorca élevage 

"Anticiper pour ne pas être débordé"

"Stéphane Losson a trouvé un équilibre, et l’exploitation fonctionne à un rythme soutenu mais vivable. Il cherche toujours comment s’avancer dans son travail, ce qui lui permet de ne pas être dépassé dès qu’un grain de sable se présente dans l’engrenage. Malgré tout, ce n’est pas calme ici, il faut souvent courir. Stéphane Losson est aussi adjoint municipal. Il part en vacances en famille une semaine fin août et au moins un week-end prolongé, en général mi-février."

Trouver du temps en s’organisant mieux

des vêlages groupés sur trois mois
plus d’animaux dans tous les petits coins des bâtiments
plus de seaux à préparer pour les veaux
un monitoring pour détecter les chaleurs
plus de tas de paille à bâcher et débâcher

Les plus lus

<em class="placeholder">boeufs croisés limousines angus </em>
Croisement limousin x angus : des résultats qui bousculent les modèles

Connue pour élever un troupeau limousin bio en autonomie alimentaire depuis plus de vingt ans, la ferme expérimentale de…

<em class="placeholder">Eleveur dans le camembert de sa contention constuite à l&#039;intérieur du bâtiment d&#039;élevage</em>
Bâtiment : « J’ai construit ma contention à l’intérieur du bâtiment pour plus de sérénité »

Au Gaec des Reclous, dans la Creuse, les éleveurs ont construit leur contention en demi-camembert dans le bâtiment d’élevage…

%agr
Rouge des prés : « Combiner conduite économe et revenu avec un troupeau mixte »

Mathieu Chauvé et Florent Cesbron, éleveurs de rouges des prés dans le Maine-et-Loire, valorisent au mieux le potentiel…

paratuberculose bovine prélèvement élevage pédichiffonnettes
Paratuberculose bovine : un nouvel outil de dépistage en élevage allaitant

Pour détecter la paratuberculose bovine, le GDS de l’Aveyron a testé et validé un nouvel outil applicable en élevage allaitant…

<em class="placeholder">Eleveur bovin viande et vaches charolaise à l&#039;estive dans les Hautes-Pyrénées. Pâturage, transhumance, agriculture de montagne.</em>
« Nos vaches charolaises transhument à 1 700 mètres dans les Hautes-Pyrénées »

Pierre et Damien Liarest, dans les Hautes-Pyrénées, emmènent chaque année une quinzaine de vaches charolaises en gestation…

<em class="placeholder">Xavier Ferrand, engraisseur de jeunes bovins dans l&#039;Allier, a créé son mélange d&#039;huiles essentielles pour renforcer les défenses immunitaires des taurillons en atelier ...</em>
Maladies respiratoires des bovins : « J’utilise quatre fois moins d’antibiotiques grâce aux huiles essentielles et à la phytothérapie »

Le Gaec de la Sioule, dans l’Allier, a divisé par quatre son utilisation d’antibiotiques en atelier d’engraissement depuis que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande