Menacé par le reboisement, un village alsacien cherche un éleveur
Constatant l’enfrichement de ses parcelles et la fermeture des paysages, un collectif d’habitants du village de Thannenkirch dans le Haut-Rhin lance un appel à candidatures pour réinstaller un éleveur d’ovins ou caprins sur le village.
Constatant l’enfrichement de ses parcelles et la fermeture des paysages, un collectif d’habitants du village de Thannenkirch dans le Haut-Rhin lance un appel à candidatures pour réinstaller un éleveur d’ovins ou caprins sur le village.
A Thannenkirch, les habitants cherchent depuis fin juillet un éleveur pour reconquérir les paysages de leur village. « Il n’y a plus de troupeau à Thannenkirch et les particuliers, pour certains avançant dans l’âge, peinent à entretenir leurs petites parcelles. S’observe alors depuis, la colonisation des prairies par les genêts, les ronciers, des arbustes, fermant ainsi les points de vue, empêchant la récolte des fruits et attirant les sangliers jusque dans les jardins privés ». Le réseau associatif Terre de Liens décrit ainsi la situation du village de 400 habitants situé de le Haut-Rhin près de Sélestat et Ribeauvillé. Un village-clairière, entouré de forêt, connu pour sa vue imprenable sur le Haut-Koenigsbourg, ses randonnées sur le Taennchel et son paysage de cerisiers ancestraux.
Colonisation des prairies par les genêts, les ronciers, des arbustes
Comme de nombreux villages des vallées vosgiennes, les terres autour du village étaient par le passé labourées et cultivées par les familles qui possédaient aussi quelques animaux. Plus récemment entre 1980 et 2005, un berger de Rombach-le-France venait faire pâturer ses brebis à la belle saison en transhumance. Il fauche encore quelques prés les plus accessibles mais n’y emmène plus ses animaux.
La déprise en l’absence de l’activité pastorale, l’extrême morcellement du parcellaire (400 propriétaires et 900 parcelles cadastrales) et les difficultés d’entretien par les particuliers « ont entrainé la rapide croissance du boisement sur les lisières et prairies », explique l’association foncière pastorale (AFP) constituée par un collectif d’habitants et de propriétaires de foncier agricole du village dans son appel à candidature pour « une activité d’élevage en reconquête pastorale et paysagère » diffusé par Terre de Liens Alsace.
Pour inverser cette tendance, l’AFP recherche un éleveur de petits ruminants (caprins ou ovins) en agriculture biologique, privilégiant les circuits courts de proximité sur un périmètre (non encore arrêté) de 20 hectares de prairies, prés-vergers et prés-bois de pâture.
Un long travail de fourmi pour trouver les propriétaires
« A l’heure actuelle, les parcelles proposées présentent un embroussaillement léger, inférieur à 30% (ortie, ronce, jeunes arbres) en majorité, et pour certaines parcelles, on constate un embroussaillement plus important (supérieur à 30%) et ou des boisements », peut-on lire dans l’appel à candidature. Selon la nature du projet, un contrat de bail rural à clauses environnementales sera proposé au candidat retenu et contracté avec l’AFP.
Voir aussi : [Vidéo] Sans élevage, les prairies disparaissent du paysage et l’environnement s’en ressent
Les candidatures sont attendues d’ici le 31 octobre 2021 au plus tard. En parallèle, « s’entame un long travail de fourmi pour trouver les propriétaires, leur parler du projet et récolter leurs réflexions et avis », souligne Terre de Liens. La concertation devrait aboutir courant 2022 pour une installation de l’éleveur estimée fin 2022.