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« J'ai conçu une encartonneuse pour petits domaines viticoles »

Frédéric Lefèbvre, viticulteur marnais et son épouse Christine Dumont-Lefèbvre, ont développé un carton six à plat original, qui permet d’encartonner seul une palette à l’heure via leur machine. Reportage.

Et si vous pouviez désormais encartonner toutes vos bouteilles seul sans effort ? C’est ce que propose l’entreprise fl@.cd avec la fl@.mono et la fl@.twin, des encartonneuses brevetées. À l’origine de cette innovation se trouvent Frédéric Lefèbvre, viticulteur marnais basé aux Blancs Coteaux, et son épouse Christine Dumont-Lefèbvre. Destinée à des petites exploitations commercialisant de 15 000 ou 20 000 à plus de 100 000 bouteilles par an, ces machines permettent de ne plus avoir à saisir les bouteilles en sortie d’étiqueteuse pour les mettre en carton et ainsi de s’affranchir de l’aide d’une ou deux personnes.

Sus aux espaces vides dans les palettes Europe

La réflexion des deux inventeurs est partie de plusieurs constats : tout d’abord, la main-d’œuvre se faisant de plus en plus rare, il fallait trouver une solution pour que Christine Dumont-Lefèbvre puisse encartonner seule. De plus, lors de la constitution d’une palette Europe avec des caisses de champagne, le couple a observé une grosse perte de volume, liée au gerbage compliqué de ce type de format. Il n’en fallait pas plus pour que Frédéric Lefèbvre conçoive un carton optimisé. « J’aime le concept du six bouteilles à plat car il présente bien. Je suis donc parti sur ce format », indique-t-il.

 

 
Frédéric Lefèbvre, viticulteur marnais basé aux Blancs Coteaux, a développé un carton 6 à plat ne nécessitant pas de scotch sur le dessus, pour une personnalisation ...
Frédéric Lefèbvre, viticulteur marnais basé aux Blancs Coteaux, a développé un carton 6 à plat ne nécessitant pas de scotch sur le dessus, pour une personnalisation en un seul tenant. © C. de Nadaillac

Sa forme légèrement rectangulaire (41 cm de long sur 39 cm de large) facilite son rangement sur les palettes sans laisser d’espace vacant, en croisant les cartons. Cela permet, outre une meilleure stabilité et un centre de gravité plus bas pour la palette, de disposer davantage de cartons dans un même volume ou de baisser la hauteur de la palette de 20 % par rapport à des caisses standards 2x3 avec calage. « Et cela évite les déformations des cartons », ajoute Christine Dumont-Lefèbvre.

Un espace de communication d’un seul tenant

Contrairement à un carton classique, il n’y a pas de rabats sur le dessus (l’ouverture se fait en tirant sur un bout du carton prédécoupé), ni d’intercalaires à ajouter. Tout est déjà intégré dans le carton. « Grâce à cela, il n’y a pas de scotch en plein milieu, précise le vigneron, ce qui offre un espace de communication d’un seul tenant pour un effet coffret» La quantité de scotch employée est ainsi moindre que pour une caisse classique, de « 50 % » met en avant la firme. Ce carton, conçu en kraft pour plus de sobriété environnementale, pèse 400 g et vaut 1,30 euro. Pour le moment conçu pour les bouteilles champenoises, il sera sous peu décliné en version bourguignonne (pour fin 2024) puis bordelaise et alsacienne en 2025.

La création de ce carton original a permis la mise au point d’une encartonneuse adaptée aux petites structures. « Il suffit d’une pression sur chaque côté pour former le carton », détaille l’inventeur. Ce qui simplifie grandement l’encartonnage.

Des cadences de 400 ou 9000 cols par heure

Concrètement, le couple a développé deux machines fixes et compactes permettant, sur une surface restreinte, de disposer d’une réserve de cartons, d’une formeuse de caisse, d’une encartonneuse et d’une fermeuse (scotcheuse).

La première machine, nommée fl@. mono, mesure 2 m de long sur 1 m de large et pèse 400 kg. Alimentée en 220 V et 16 A, elle a une cadence d’environ 400 cols à l’heure. La seconde, fl@. twin, a une cadence plus élevée (environ 900 cols à l’heure) du fait d’une alimentation en bouteilles via deux convoyeurs au lieu d’un pour la version mono. La version twin mesure 2 m sur 2 m.

 

 
L'encartonneuse fl@.mono, ici dans sa version prototype, insère les bouteilles trois par trois dans un carton six à plat, à une cadence d'environ 400 cols à l'heure.
L'encartonneuse fl@.mono, ici dans sa version prototype, insère les bouteilles trois par trois dans un carton six à plat, à une cadence d'environ 400 cols à l'heure. © C. de Nadaillac

Chaque machine s’installe en sortie du convoyeur de l’étiqueteuse. Elle forme le carton, saisit les bouteilles trois par trois, les insère dans le carton et le ferme via un scotch. La caisse est ensuite évacuée par le biais d’un convoyeur arrière. « Il n’y a qu’à insérer la pile de 50 cartons vides dans la réserve de la machine et à récupérer les cartons fermés pour les disposer sur la palette, se réjouit Christine Dumont-Lefèbvre. Cela permet de limiter les manipulations et les TMS. On peut faire une palette à l’heure. » Chez les Lefèbvre, le convoyeur de sortie permet l’accumulation d’environ 25 cartons, ce qui fait que la personne en charge de la palettisation peut en gerber plusieurs d’un seul coup. Le convoyeur amène par ailleurs les cartons à hauteur d’homme, « ce qui diminue le port de charge de 30 % », pointe Christine Dumont-Lefèbvre.

Sécurité et fiabilité comme maîtres mots

La machine a été conçue par des utilisateurs et cela se sent. Les petites tâches, telles que le remplacement de la bobine de scotch, ont été bien pensées. Pour cette dernière opération, il suffit d’ouvrir une porte et de tirer un tiroir pour accéder à la bobine et procéder à son changement. De même, le chargement des cartons ne nécessite que d’ouvrir les portes de la machine.

Par ailleurs, l’encartonneuse intègre de nombreuses sécurités ainsi que des carters de protection, ce qui évite tout risque de blessure. « Il est impossible de mettre la main dans la machine, insiste Christine Dumont-Lefèbvre. Dès qu’on ouvre une porte, tout s’arrête instantanément. » Un bouton d’arrêt d’urgence a également été prévu.

Le niveau sonore est raisonnable. « Il n’y a aucun vérin pneumatique, explique Frédéric Lefèbvre, ni effet venturi. » Exit donc le compresseur et les ventouses ; tout fonctionne électriquement. La machine est également conçue pour nécessiter un minimum d’entretien. « Il y a deux paliers à graisser et c’est tout », dévoile le viticulteur. « Comme nous sommes utilisateurs, nous avons réfléchi à avoir le moins de pièces d’usure possible, abonde son épouse. Le but est que l’appareil dure dans le temps. »

Les différents réglages se font via une interface utilisateur tactile et intuitive. Par ailleurs, tout est conçu de base pour pouvoir évoluer : passer de la fl@. mono à la fl@. twin sera ainsi aisé, tout comme le fait de changer de format, par exemple entre l’encartonnage de vins tranquilles puis d’effervescents, opération qui prend moins de 30 minutes. Pour l’instant, seule la version mono est disponible, aux environs de 70 000 euros. La twin devrait être livrable en 2025.

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