L'Europe veut légiférer sur la colistine
Au vu de nouvelles données d'antibiorésistance, les experts de l'Agence européenne des médicaments proposent de réduire l'usage de la colistine.

Le même jour que les Etats-Unis, et pour les mêmes raisons, l'Europe a annoncé le 26 mai son intention de resserrer les modalités d'usage de la colistine pour traiter les animaux. L'expansion du mécanisme de résistance plasmidique causée par le gène MCR-1 inquiète les autorités européennes. Sa présence en élevage a été documentée en Europe par plusieurs laboratoires (Danemark, Royaume-Uni, France) sur des salmonelles et des colibacilles. L'inquiétude est de voir la prévalence de cette résistance augmenter comme en Chine (de l'ordre de 20%). En médecine vétérinaire, la colistine est utilisée depuis 50 ans contre les troubles gastro-intestinaux à bactéries gram-négatifs. C'est le cinquième antibiotique vétérinaire consommé en Europe (6,1% des ventes), avec des écarts de consommation importants selon les pays (1 mg de colistine/kg traité au Danemark et Royaume-Uni contre 20 à 25 mg/kg en Espagne et Italie).
Objectif à trois ou quatre ans
Les experts de l'Agence européenne des médicaments recommandent de réduire son utilisation en médecine humaine et vétérinaire et de la réserver aux situations de dernier recours. En vétérinaire, ils préconisent un dosage maximum de 5 mg/kg pour les pays hauts et moyens consommateurs, sachant que l'objectif serait d'atteindre 1 mg/kg, voire moins pour ceux déjà à ce niveau. Le délai pour y parvenir serait de 3 ou 4 années. Les experts soulignent que cette réduction ne devrait pas se traduire par une augmentation d'autres antimicrobiens, notamment les fluoroquinolones et céphalosporines. Par ailleurs, la colistine serait classée dans la catégorie 2 des antibiotiques critiques, comme les antibiotiques précités. La résistance aux antibiotiques est le plus souvent réversible. En diminuant la consommation antibiotique, la pression de sélection des bactéries résistantes diminue et la sensibilité réaugmente.
Voir aussi article " Les USA en alerte sur la colistine ".