Prix du lait et revenu : comparer ce qui est comparable
Milc, coût de production, prix de revient… Yannick Pechuzal, de l’Institut de l’élevage, met les points sur les i en réaction à certains raccourcis souvent lus et entendus quand il s’agit de prix du lait et de revenu des éleveurs.
Milc, coût de production, prix de revient… Yannick Pechuzal, de l’Institut de l’élevage, met les points sur les i en réaction à certains raccourcis souvent lus et entendus quand il s’agit de prix du lait et de revenu des éleveurs.
Pourquoi ne pas estimer le coût de production à partir seulement de l’Ipampa ?
Yannick Pechuzal : L’Ipampa lait de vache représente des charges indicées, soit 55 % du coût de production de l’atelier lait. N’entrent pas dans le panier des charges indicées : les travaux par tiers, impôts fonciers, fermage, charges sociales, Smic, rémunération du livret A…
En 2022, l’Ipampa a reflété les hausses très fortes de prix de l’énergie, des aliments et des engrais, mais aussi de l’entretien du matériel et des bâtiments. Il a bondi de 18,7 % en 2022. La hausse des charges non indicées n’a pas été si forte. Le Smic a augmenté de 5,25 %. Si on avait évalué le coût de production 2022 à partir du seul Ipampa, on l’aurait surestimé. Nos projections d’évolution des coûts de production vont de + 9 à + 12 % selon les systèmes, en intégrant aussi une part d’indexation sur les volumes de charges (enquêtes auprès des éleveurs Inosys).
Pourquoi ne peut-on pas faire de lien direct entre Milc et revenu ?
Y. P. : La Milc est un indice de marge partielle, puisque le panier de charges pris en compte est celui de l’Ipampa. D’autre part, comme toute marge, le lien au revenu par UMO exploitant n’est pas possible directement, car elle n’intègre pas de notion de productivité de la main-d’œuvre. Certaines exploitations ont des marges plus faibles mais avec plus de productivité, et d’autres l’inverse, tout en arrivant au même revenu.
Pourquoi le prix du lait ne doit pas être comparé au coût de production ?
Y. P. : Le prix du lait se compare au prix de revient, et non au coût de production. Le coût de production est la somme de toutes les charges – opérationnelles et de structure –, des annuités, de la rémunération de l’exploitant à 2 Smic (défini par la filière comme étant l’objectif de rémunération), et des charges supplétives – rémunération du capital foncier et financier. Il est couvert par la recette laitière, mais aussi par des produits joints de l’atelier lait – vente de veaux, génisses, réformes, génétique – et par des aides liées à l’activité laitière.
Ainsi, pour déterminer quel est le prix du lait minimal dont j’ai besoin pour couvrir l’ensemble de mes charges, je calcule le prix de revient, c’est-à-dire le coût de production duquel je retire les produits joints et les aides liées à l’activité laitière.
Chiffres clés
Le Cniel a publié fin 2022 les indicateurs coût de production et prix de revient 2021 :
Pour des exploitations conventionnelles de plaine : 516 €/1 000 l et 417 €/1 000 l respectivement.
Pour les conventionnelles de montagne : 627 € et 470 €.
Pour les bios de plaine : 712 € et 528 €.
Pour les bios de montagne : 870 € et 624 €.
Le prix de revient 2022 estimé par l'Institut de l'élevage est en hausse de 33 €/1000 l pour les exploitations conventionnelles de plaine.