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La production de gros bovins face à de multiples défis

L’industrie française des viandes bovines a besoin de remplir ses abattoirs et de participer davantage aux exportations françaises. Mais il lui faut capter une partie des broutards exportés et résister à la fin des quotas laitiers.

L’industrie de la viande handicapée par une surcapacité de ses abattoirs a besoin d’une reprise de l’élevage bovin en France. Une dynamique qui dépend de l’évolution des soutiens à l’engraissement, dans le cadre de la réforme de la Pac, mais aussi des opportunités qui se développent à l’export. Et ce, au moment où nos débouchés pour les broutards à l’export (Italie et Grèce) sont à la peine.

« En Turquie, on a fait une erreur majeure, en passant de la viande à la carcasse en juin 2011, on a exporté des animaux vivants ! Ce n’est pas acceptable, cela revient à mettre une usine d’abattage en Turquie ». L’auteur de ces paroles est Dominique Langlois, président d’Interbev (Interprofession bovine) et du GEF (Groupe Export France), également président de la FNICGV. Il s’exprimait le 9 octobre dernier à la table ronde sur l’abattage organisée par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Le responsable professionnel avait commencé son intervention en appelant à « une réelle volonté d’engraisser les animaux », et en dénonçant le poids des formalités : « mais pour monter un élevage de 1 000 jeunes bovins en Limousin, il a fallu plus de deux ans pour obtenir les autorisations, ce n’est pas normal ». Engraisser des animaux pour faire tourner les outils d’abattage et de découpe, tel est l’enjeu ultime pour les abatteurs. C’est aussi une solution pour les exportateurs de broutards, ces bovins expédiés maigres, dont le débouché italien (80 % de l’export de broutards) montre des faiblesses. L’offre française se caractérise par une très forte proportion de veaux de boucherie, essentiellement de race laitière, et une forte proportion de broutards exportés. Ces broutards engraissés à l’étranger sont essentiellement des mâles. En effet, les femelles laitières servent à renouveler le troupeau laitier et les femelles de race à viande sont très demandées par la boucherie française. La France engraisse à peine un jeune mâle laitier sur trois et moins d’un mâle de race à viande (ou croisé) sur deux. Ces mâles destinés à l’abattage sont en grande majorité des taurillons, des mâles non castrés abattus jeunes. Problématique commerciale : si les avants servent à faire du steak haché, les arrières ne sont vraiment appréciés que dans l’Est du pays. La France en exporte donc, en vif ou sous forme de morceaux avec os, ordinairement vers l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne. Mais cet export ne suffit pas à équilibrer la balance commerciale, où pèsent les importations de viande de femelles, dont le marché intérieur est très demandeur.
La fin prochaine des quotas laitiers risque de déséquilibrer encore davantage le marché. En effet, le nombre de vaches laitières, en diminution constante du fait de l’amélioration du rendement laitier, et déjà inférieur à l’effectif des vaches allaitantes, va diminuer de plus belle ces prochaines années. Par ailleurs, les jeunes bovins laitiers ou allaitants sont nés et élevés à plus de 50 % dans des élevages laitiers de taille réduite. La spécialisation laitière pèse sur eux. « Une prime à la vache laitière et une aide à l’engraissement seront introduites pour encourager la valorisation des produits des territoires », a annoncé le président de la République au Sommet de l’élevage de Cournon le 2 octobre. Et ce « pour conforter les abattoirs, les coopératives et les industries », a précisé François Hollande, en détaillant les grandes lignes d’application de la nouvelle Pac (Politique agricole commune) de 2014 à 2020.
Mais ces aides compenseront-elles, au moins partiellement, la perte de DPU (droits à paiement unique) due à la convergence des niveaux aides du « 1er pilier » de la Pac ? C’est ce qu’ose espérer Bruno Colin, président de la section bovine de Coop de France. Les engraisseurs, qui ont les plus importantes références historiques, « vont être pénalisés », regrette ce dernier. En revanche, les nouvelles primes, dont la prime à l’herbe, devraient augmenter l’intérêt de l’élevage au détriment des céréales. Le cheptel allaitant sera encouragé par le maintien de la prime à la vache allaitante (celle-ci vient d’être fixée par arrêté à 50 euros les 40 premières têtes) et par le biais d’une prime au veau sous la mère. Ces mesures sont saluées par la représentation nationale des associations d’éleveurs Elvea France, « bien que d’une ampleur insuffisante par rapport aux besoins ». Mais la mesure la plus importante, aux yeux de Bruno Colin sera un plan d’aide aux bâtiments fonctionnels.
Deux pistes commerciales pour l’engraissement ont été avancées en début d’année par Mélanie Richard de l’Institut de l’élevage des ruminants (Idele), lors des journées consacrées à l’engraissement : « l’immense potentiel » du bassin méditerranéen pour les volumes et des « marchés de niches », comme la restauration haut de gamme au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, reposant sur les races à viande et la réputation gastronomique de la France. Les suivre demandera, dit-on chez Idele, aux entreprises de restaurer leur savoir-faire avec les pays tiers, aux filières de renforcer leur organisation, et aux élevages d’adopter des systèmes résistants.

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