Les jeunes ont une opinion bien tranchée sur l’agriculture
Les 18-35 ans ont une image moins positive de l’agriculture que l’ensemble de la population française et attendent qu’elle joue un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une cible vers laquelle la profession doit communiquer, est-il ressorti d’un débat organisé le 27 septembre par Agridemain.
Les 18-35 ans ont une image moins positive de l’agriculture que l’ensemble de la population française et attendent qu’elle joue un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une cible vers laquelle la profession doit communiquer, est-il ressorti d’un débat organisé le 27 septembre par Agridemain.
71% des Français ont une très bonne opinion de l’agriculture, selon un sondage BVA online réalisé du 13 au 21 avril 2021 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus. Mais pour les moins de 35 ans, cette part tombe à 62%, et même à 56% pour les 18-24 ans. « Cette différence générationnelle nous a interpellé à BVA. On y voit des signes », déclare Florence Gramond, directrice département agriculture du groupe BVA, lors d’un débat organisé le 27 septembre par l’association Agridemain, association regroupant les principales organisations professionnelles agricoles autour d’une vision commune de l’agriculture, à l’occasion de son assemblée générale.
Même s’ils reconnaissent en grande majorité que les agriculteurs ont joué un rôle essentiel pendant la crise de la Covid, les jeunes ne perçoivent pas les problèmes de rémunération des agriculteurs et ne considèrent pas le secteur comme innovant, poursuit-elle.
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Et quand on leur demande quelles sont les innovations le plus bénéfiques à l’environnement et à la biodiversité tout en permettant aux agriculteurs de se rémunérer justement, les 18-24 ans répondent à 52% limiter le gaspillage et les déchets (contre 41% pour l’ensemble de la population française) et à 18% stocker du carbone (contre 9%). Autre enseignement intéressant du sondage. Entre « une agriculture majoritairement bio quitte à réduire notre production et devoir importer » et « une agriculture raisonnée qui assure notre indépendance alimentaire et évite de devoir importer », 47% des 18-24 ans déclarent choisir la première option, contre seulement 20% chez les plus de 35 ans.
« On perçoit une forme de radicalité, chez les jeunes femmes en particulier »
Cette même tranche d’âge est d’ailleurs plus nombreuse à penser que la surface produite en bio est supérieure en France que dans le reste de l’Europe. « On perçoit une forme de radicalité chez les jeunes, encore plus vraie chez les jeunes femmes », commente Florence Gramond. Une opinion partagée par Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop et auteur de la Fracture. Selon l’enquête menée en 2021 par l’institut de sondage auprès des 18-30 ans, 72% des jeunes se disent engagés pour le climat. « Certains déclarent même qu’ils seraient prêts à mourir pour le climat », lance-t-il. Et selon lui, les responsables du changement climatique sont plutôt du côté des responsables politiques et non des agriculteurs, pour les jeunes. « Il y a peut-être là un terroir fertile pour faire basculer l’agriculture du côté de la jeunesse », estime Frédéric Dabi. Une jeunesse capable d’influencer l’ensemble de l’opinion publique sur des sujets tels que la lutte contre le changement climatique.
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Pour mieux toucher cette frange de la population (qui représente 5 millions de personnes pour les 18-24 ans et même 7,9 millions pour les 18-30 ans), un effort de communication est nécessaire, est-il ressorti du débat. Via les reportages et les témoignages sur les réseaux sociaux, particulièrement appréciés par cette génération, souligne Florence Gramond. Mais d’autres solutions sont possibles.
Avec les fermes pédagogiques, vous vous êtes trompés de cible
« Avec les fermes pédagogiques, vous vous êtes peut-être trompés de cible, ça véhicule une agriculture à la Prévert auprès des enfants, vous ne visez pas les adolescents », interpelle la directrice du département agriculture de BVA. « Pourquoi ne pas aller faire le tour des lycées pour expliquer dans les classes de seconde la réalité du métier », propose-t-elle. Autre solution : instaurer un dialogue avec les jeunes à travers la cuisine et le goût. Mathieu Laffay, directeur d’Eurotoques, explique par exemple le projet d’instaurer une démarche spécifique pour attirer les jeunes aux métiers de bouche en créant Eurotoques-jeunes.
Revoir l’ensemble du débat :