Le solaire mutualisé avec Agrisoleil
Chez Éric et Véronique Jeanneton dans la Vienne, les vaches suitées passent l’hiver dans un bâtiment équipé d’une centrale photovoltaïque d’une puissance de 99,9 kWc. Les éleveurs ont choisi d’investir dans le solaire mutualisé avec Agrisoleil.
Chez Éric et Véronique Jeanneton dans la Vienne, les vaches suitées passent l’hiver dans un bâtiment équipé d’une centrale photovoltaïque d’une puissance de 99,9 kWc. Les éleveurs ont choisi d’investir dans le solaire mutualisé avec Agrisoleil.
À Coulonges dans la Vienne, Éric et Véronique Jeanneton élèvent 60 Limousines et 300 brebis (Charollaises et Berrichonnes de l’Indre). Le bâtiment équipé de panneaux photovoltaïques mesure 54 x 18 mètres, et loge 43 vaches avec leurs veaux et deux taureaux. Orienté plein sud, il présente un long pan sur lequel reposent les panneaux photovoltaïques – la pente du toit est de 20 ° soit 36 %. Côté nord, le modèle type de bâtiment proposé par Agrisoleil ne présente à la base qu’une casquette. Éric Jeanneton a choisi de laisser ouvert le côté sud, d’ajouter côté nord un appentis de 4,5 mètres pour y placer un couloir d’alimentation, et de le faire barder entièrement en bois. L’ouverture au sud est assez importante, avec 4,5 mètres de hauteur. Elle laisse entrer le soleil, mais aussi, certains jours, la pluie. Mais les éleveurs constatent après l’expérience de deux hivers que la ventilation dans le bâtiment est très satisfaisante pour les mères et les veaux. Véronique Jeanneton, qui présente des aptitudes de sourcière, a validé le fait qu’il n’y a pas d’élément perturbant pour les animaux dans ce bâtiment. Un portail en bois a été installé à chaque extrémité. Des panneaux translucides courent sur presque toute la longueur du bâtiment au-dessus du couloir d’alimentation. Pour l’aménagement intérieur, trois cases avec parcs à veaux ont été dessinées. « J’ai rajouté des poteaux intérieurs sur fourreaux, tous amovibles », explique Éric Jeanneton.
80 % du capital est porté par la SAS
Les Limousines hivernaient auparavant en plein air, le parcellaire s’y prêtant bien. Depuis 2010, Véronique et Éric Jeanneton sont passés en agriculture biologique. Ils ont alors repensé leur système d’élevage, et décidé de construire une stabulation. « On dispose ainsi de fumier à répartir sur un maximum des surfaces en prairies. Cela permet de gagner en productivité de l’herbe pour les parcelles d’hivernage, de limiter le gaspillage des fourrages. Les veaux qui naissent au pré, de septembre à novembre, sont préservés de l’humidité et la pénibilité de notre travail est réduite. » L’opportunité d’installer des panneaux photovoltaïques sur ce bâtiment s’est alors présentée avec l’offre mutualisée d’Agrisoleil.
La mutualisation permet de réduire fortement l’investissement de départ. En 2015, les éleveurs ont investi en propre 32 000 euros en parts sociales de la SAS, ce qui représente 20 % du capital pour le bâtiment, la centrale, l’assurance, et la maintenance. Le reste du capital est supporté par la SAS. Une partie des aménagements (les portes, le bardage du côté nord…) ont pu être inclus dans ce budget. Par contre, le terrassement (3 000 euros), le béton (2 000 à 3 000 euros) et les tubulaires (14 500 euros) ont été financés à part par les éleveurs, qui ont réalisé eux-mêmes une bonne partie des travaux.
L’installation photovoltaïque fonctionne très bien, elle produit bien au-dessus du prévisionnel, et la SAS verse aux éleveurs une fois par an de quoi rembourser leurs parts sociales ainsi que la moitié de leur annuité pour le terrassement, le béton et les tubulaires. Ils sont très satisfaits de ce montage et feront d’ailleurs construire prochainement une seconde centrale photovoltaïque sur un bâtiment de stockage. « Nous comptons sur la vente de l’électricité pour améliorer notre retraite, dans dix ans », explique Éric Jeanneton. Au bout des vingt ans de contrat, l’installation sera amortie et le coût de production sera d’environ 4 centimes par kWh.
Les éleveurs ont délégué la surveillance quotidienne et la maintenance de la centrale photovoltaïque à Agrisoleil Innovation. L’ensemble des actionnaires se réunissent en assemblée générale une fois par an. Ils y étudient le bilan des résultats techniques et économiques des centrales photovoltaïques, mais ces agriculteurs au profil varié y trouvent aussi d’autres projets à mener ensemble.
Une Cuma de bâtiments solaires
L’histoire d’Agrisoleil démarre en 2009, quand plusieurs agriculteurs de la Vienne ont été accompagnés par les élus de la chambre d’agriculture pour mutualiser leur projet photovoltaïque. Ils ont créé la société Agrisoleil 86. Soixante-dix centrales photovoltaïques avaient été installées à ce moment-là dans le département. Ce modèle économique a été répliqué plusieurs fois, dans la Vienne et dans les départements voisins. Le développement se poursuit maintenant dans les régions Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire. En 2019, ce seront au total 300 centrales photovoltaïques qui seront en activité.
« Le principe est celui d’une Cuma de bâtiments solaires », explique Benoît Mathieu, directeur d’Agrisoleil. Il fonctionne avec de trois à soixante agriculteurs. « Nous proposons actuellement trois bâtiments type, dimensionnés pour faire le meilleur compromis entre production agricole et production d’énergie. » Une cellule d’expertise, rassemblant trois salariés, est au service des agriculteurs actionnaires : Agrisoleil Innovation accompagne les porteurs de projet sur les aspects techniques, juridiques, urbanistiques, financiers, l’assistance à maîtrise d’ouvrage, l’exploitation et la maintenance.