Le réchauffement climatique s’annonce pire que prévu en France
C’est le résultat d’une étude qui vient d’être publiée et qui annonce des températures bien supérieures à celles annoncées, jusqu’à 3,8 degrés supplémentaires d’ici 2100, avec des conséquences inéluctables pour l’agriculture.
C’est le résultat d’une étude qui vient d’être publiée et qui annonce des températures bien supérieures à celles annoncées, jusqu’à 3,8 degrés supplémentaires d’ici 2100, avec des conséquences inéluctables pour l’agriculture.
Ce chiffre émane de projections réalisée par une équipe du CNRS, de Météo France et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique publiées dans la revue Earth System Dynamics le 4 octobre. Si les tendances actuelles d’émissions de carbone se maintiennent, la température moyenne de l’Hexagone sera 3,8 °C supérieure à celle du début du XXe siècle. C’est grâce à une méthodologie nouvelle que les scientifiques sont arrivés à ce résultat, une méthodologie déjà utilisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans le premier volet de son sixième rapport, paru en 2021. A partir d’un éventail de simulations climatiques réalisées grâce aux modèles utilisés par le Giec, les chercheurs identifient celles qui sont en accord avec les mesures de température récoltées depuis plus d’un siècle. Ainsi, ils peuvent identifier les projections les plus solides sur l’avenir du climat.
Des travaux à l’échelle nationale
La grande originalité de ces travaux est qu’ils permettent des projections à échelle très réduite, c’est-à-dire au niveau de la France. « Le Giec propose des scénarios de réchauffement climatique au niveau planétaire et au niveau de grandes régions comme l’Europe ou le bassin méditerranéen. Mais il ne va pas en-dessous. Or il existe un appétit pour des projections à des échelles plus réduites » explique ainsi Aurélien Ribes, chercheur au Centre national de la recherche météorologique au Journal du CNRS dans un article publié le 17 octobre. Pour leurs travaux, les scientifiques ont utilisé les données récoltées par une trentaine de stations météorologiques réparties dans toute la France, des stations qui ont enregistré les températures de façon homogène sur de longues périodes, avec de premiers relevés fiables datant de 1899. Grâce à leurs calculs, ces derniers sont arrivés à montrer que la température moyenne de la France actuelle est 1,7 °C supérieure à celle de la France entre 1900 et 1930.
« La France se réchaufferait davantage que le moyenne planétaire »
Avec le pire des scénarios, celui qui prend en compte une utilisation toujours massive des énergies fossile, les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés et dans le meilleur des cas, l’augmentation de la température serait de 2,3 °C. Mais, dans l’ensemble, « la France se réchaufferait davantage (environ + 20 %) que la moyenne planétaire », indiquent les auteurs de l’étude, avec une hausse moyenne de 0,36 degré par décennie. Selon l'ONU, le réchauffement de l'ensemble de la Terre pourrait, si rien n'est fait, atteindre les + 2,7 degrés à la fin du siècle. Il est à souligner que cette hausse de 3,8 degrés n’est qu’une moyenne, certaines régions notamment autour de l’arc méditerranéen ou en montagne, pourraient connaître des températures encore plus élevées. Et l’amplitude serait grande selon les saisons.
Jusqu’à + 5° C en été
En hiver, la hausse des températures serait de 3,2 °C (2,3 à 4,2 °C selon les régions) et en été, la hausse moyenne serait de 5,1 degrés (3,6 à 6,6 °C selon les régions). « Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. On aura des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées. Dans ces conditions, l’un de points clés sera comment maintenir les ressources en eau et comment les utiliser » explique Julien Boé, chercheur en climatologie, dans l’article du Journal du CNRS. Le paysage agricole pourrait ainsi être drastiquement modifié puisqu’on aurait des phénomènes extrêmes, pires que ceux survenus pendant l’été 2022. Les chercheurs du CNRM veulent maintenant être encore plus pointus dans leurs projections puisqu’ils ont l'intention de simuler l’avenir climatique des régions françaises.