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Le bœuf Normand veut se démarquer

Une demande de reconnaissance en Spécialité traditionnelle garantie (STG) pour le bœuf traditionnel de race Normande a été déposée auprès de l’INAO pour valider tradition et qualité, par un cahier des charges.

L’association de promotion de la Normande et de ses produits a déposé, en novembre 2018, auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), un dossier de demande de spécialité traditionnelle garantie (STG) bœuf traditionnel de race Normande. « Le dossier a déjà été examiné par la commission permanente de l’INAO. Cette dernière a nommé une commission d’enquête, venue en juin dernier sur le terrain rencontrer les différents acteurs, pour échanger et étudier la réalité du produit. On attend désormais leur retour », explique Samuel Journée, de Littoral Normand et mis à disposition de l’OS normande pour piloter le projet.

Depuis plusieurs années déjà, les producteurs de race Normande ont initié la mise en place de filières spécifiques de valorisation de leurs bœufs, en relation avec des entreprises de transformation et de commercialisation. Aujourd’hui, deux filières se sont constituées dans une logique d’équilibre matière. L’une, auprès de la restauration commerciale et collective avec la marque le Bœuf normand herbager, via l’association la Normandie à la table des chefs. L’autre, avec la grande distribution notamment avec les magasins Auchan. « La demande de STG, signe officiel de qualité européen, représente une suite logique dans cette démarche. Elle met en effet en valeur un produit spécifique qui s’inscrit dans une tradition, sans être liée à une aire géographique, ce qui est précisément le cas de l’élevage du bœuf de race normande qui s’est développé hors de la seule Normandie. » L’organisme de défense et de gestion (ODG) qui encadrera le label a été créé en janvier dernier.

Déjà une centaine d’éleveurs

« Une centaine d’éleveurs ont déjà manifesté leur intérêt pour la démarche. À terme, un quart des éleveurs de race normande pourraient entrer dans le dispositif STG. On produit chaque année 32 500 bœufs normands en France. La moitié de ces animaux ne nécessitent pas d’évolutions des pratiques. » Ce signe de qualité va engendrer de la valeur. Les débouchés déjà construits amènent une plus-value d’environ 0,30 €/kg carcasse ce qui, selon les cours de la grille FranceAgriMer, aboutit à des bœufs oscillant entre 3,70 et 3,80 kg carcasse. Une dizaine de bœufs par semaine répond au cahier des charges et est identifiée comme tel. « Soutenu par le conseil régional de Normandie, ce projet de STG s’intègre dans un cadre plus large : la valorisation de l’ensemble des bovins de race normande, notamment les laitières de la filière AOP fromagère. »

Si elle est validée, la STG bœuf traditionnel de race normande sera la troisième STG française avec la moule de bouchot et le lait de foin. Réponse attendue en 2020 !

Le cahier de charges en bref

Le cahier des charges demande des bœufs de race Normande (code 56 pour les deux parents) âgés de 30 à 48 mois, des animaux à croissance lente, nourris à base d’herbe (pâturée, fanée, ensilée ou enrubannée). Les bœufs peuvent passer la période hivernale en bâtiment mais dans tous les cas doivent pâturer au moins deux saisons estivales de six mois minimum et disposer de 30 ares/UGB. Le maïs ensilage, l’urée et les OGM sont exclus des rations. La phase de finition peut avoir lieu au choix, en bâtiment ou au pâturage. Durant cette période, les aliments complémentaires concentrés sont limités à 15 % de la quantité totale distribuée au cours de la vie de l’animal dans le laps de temps des deux mois précédant l’abattage. L’état d’engraissement est noté 3 ou 4. Le poids minimum requis pour entrer dans la filière est de 380 kg pour des bœufs O + et 410 kg pour des bœufs O =.

Avis d’éleveur Denys Lerévérend - « Un plus pour la race »

« La production de bœufs a été mise en place par mon père en 1983 suite à l’instauration des quotas laitiers. J’ai poursuivi le travail génétique de mes parents, orienté vers une bonne production laitière tout en restant attentif à la musculature de façon à préserver le caractère mixte de la race. Aujourd’hui, tous les mâles sont engraissés, soit une vingtaine par an. Ils valorisent deux îlots éloignés et difficilement accessibles. C’est une production à trésorerie lente mais souple. Elle présente l’avantage d’être assez facile à conduire et économe en main-d’œuvre et en matériel. Le capital de départ est faible au vu du prix des veaux normands. Les bœufs peuvent être conduits à l’herbe toute l’année. Ce sont des animaux très calmes. Ils permettent de valoriser des prairies non mécanisables. L’hiver, 15 à 20 minutes environ me sont nécessaires pour les soigner. C’est une production économe en temps avec un coût alimentaire raisonnable.

Mes veaux sont démarrés au lait entier et sevrés à 3,5 mois. Ils sortent à l’herbe à partir de 6-7 mois. Ils passent le premier hiver en bâtiment. Le deuxième, certains restent dehors. Pendant la période hivernale, je leur distribue du foin et de l’enrubannage. La finition dure au minimum 60 jours avec un concentré à base de tourteaux de lin et de pulpe surpressée. Je les commercialise entre 32 et 40 mois avec une note d’état minimum de 3 et un poids carcasse compris entre 430 et 510 kg carcasse. La majorité des ventes a lieu entre le 1er septembre et le 1er novembre.

Pour fournir la marque Bœuf normand herbager, je trie mes meilleurs mâles, environ 40 % des meilleurs conformés. Il faut être très attentif à la sélection des animaux pour faire un bon bœuf et ainsi demander une plus-value. La clé de la tendreté, c’est une croissance régulière de l’animal, complétée par une bonne maturation de la viande. Pour des mâles O +, je touche une plus-value, transport déduit, de 30 centimes le kilo. La STG permettra au caractère gustatif du bœuf normand de sortir du lot. »

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