L'antibiorésistance est un problème écologique global
Le microbiote intestinal joue un rôle majeur dans la diffusion des résistances.
![Les hommes et les animaux partagent la même armoire à pharmacie, d'où le concept « one health » qui a vu le jour en 2010 sous l'égide de l'OMS, l'OIE et la FAO.](https://medias.reussir.fr/portail-reussir/styles/normal_size/azblob/2023-06/A84XR3R81_web.jpg.webp?itok=qkZ06lrG)
"Le plus gros problème de santé actuel, c'est l'antibiorésistance, a affirmé le Pierre-Louis Toutain, professeur émérite de l'école nationale vétérinaire de Toulouse, lors d'un colloque organisé par l'Inra au salon international de l'agriculture. En 2050, si l'on ne fait rien, nous aurons dans le monde dix millions de morts liées à l'antibiorésistance". Beaucoup de maladies ont besoin d'antibiotiques (cancers, chirurgie...). "Le grand public n'a pas encore vraiment pris la mesure de la situation". C'est à une véritable pandémie de diffusion de résistances de bactéries aux antibiotiques que nous devons faire face. "Aujourd'hui, le problème ne se situe pas au niveau de l'hôpital, mais de la communauté". Et les traitements antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire ne sont pas les seuls en cause. Les antibiotiques sont utilisés aux USA et au Mexique pour traiter des maladies végétales. Les biocides (biofilms) sélectionnent aussi des résistances.
Les résistances passent par la chaîne alimentaire
Pour ce qui est de l'utilisation des antibiotiques en médecine humaine, la France se situe en haut de l'échelle et en consomme deux à trois fois plus que les pays du Nord de l'Europe. En revanche en médecine vétérinaire, il estime qu'elle se situe dans la moyenne européenne. Si aux USA la situation évolue dans la bonne direction, en revanche la Chine utilise massivement des additifs.
Les résistances passent dans l'environnement. Lors d'un traitement antibiotique, par exemple pour une infection pulmonaire, les antibiotiques diffusent dans tous les organes, notamment dans le microbiote intestinal, a-t-il expliqué. Et ensuite le contenu intestinal part dans l'environnement où se poursuit le travail de sélection de résistance (certains antibiotiques ont un temps de demi-vie de six mois!).
Les résistances passent par la chaîne alimentaire. En Asie mais surtout en Inde (où l'on mange avec les mains), la situation est critique. Les voyages contribuent largement à diffuser les résistances de par le monde.
"Il s'agit d'un problème écologique global et pas une simple question médicale", a-t-il conclu.