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Hors frontière
« Tout n’est pas rose en Belgique ! »

Le prix du lait est certes très élevé en Belgique, mais la pression environnementale monte, le coût du foncier est très élevé... Julien Mathieu, éleveur dans l’Est de la Wallonie et adhérent à la coopérative Arla Foods, témoigne.

Julien Mathieu, éleveur en Belgique, adhérent de la coopérative Arla Foods.
Julien Mathieu, éleveur en Belgique, adhérent de la coopérative Arla Foods.
© Ferme Catherine

Le prix du lait est très élevé en ce moment en Belgique : plus de 560 euros la tonne en août et 630 euros en septembre, avec les taux réels, estime la Commission européenne. Il incite à produire plus de lait. La collecte est en hausse de 1,6 % sur la période janvier à août 2022 par rapport à la même période 2021. Le mois de juillet affichait +4,2 % et août +3,3 %, selon Eurostat.

Toutefois, Julien Mathieu, éleveur dans l’Est de la Wallonie et adhérent à la coopérative Arla Foods, nuance : « Les charges sont aussi très élevées. Le foncier est hors de prix. J’ai dû acheter cette année une prairie pentue à 3,5 euros le m2 (soit 35 000 €/ha) ! La Belgique a connu, comme la France, un été très chaud et très sec. Dans notre région, il n’y a pas d’irrigation. Heureusement qu’il y avait du report de stock fourrager de 2021, car il a fallu affourager les animaux dès juillet ». D’habitude, Julien Mathieu est autonome en fourrage. Cette année, l’éleveur a dû acheter du maïs rendu silo tassé à des exploitants de surfaces, sans connaître son prix final ni sa qualité. Finalement, le prix a atteint plus de 80 euros la tonne pour une qualité médiocre : 20% d'amidon et 0,88 UFL. « La marge sera intéressante pour les éleveurs qui sont pointus, que leur système soit plus ou moins intensif : ceux qui réduisent le nombre d'animaux improductifs, qui améliorent la qualité de la flore de leurs prairies, ceux qui produisent du lait avec de bons taux  ... Les autres mangeront leur marge avec le dérapage des coûts. Il y a des écarts très importants entre éleveurs. »

L’éleveur belge évoque aussi le poids des exigences environnementales, notamment dans la région flamande, où le modèle est proche de celui des Pays-Bas, avec des systèmes intensifs tant à la vache qu’à la surface. « L’administration refuse des permis d’exploitation ou leur extension. En Belgique, dès qu’il y a un changement dans la structure agricole, même pour réaliser un forage d’eau, il faut demander une extension du permis d’exploiter. Il est déjà arrivé qu’à cette occasion l’administration remette en question une partie du permis, si l’exploitation est à proximité d’une réserve naturelle par exemple. Moi qui connais bien la France, je peux dire que le système belge de permis d’exploiter est plus strict ici. Enfin, en Belgique, il y a plus de néoruraux qu’en France, où il reste des zones très rurales. Nous connaissons beaucoup de tensions entre agriculteurs et riverains. Tout cela, en plus des difficultés pour renouveler les générations, pèsera sur la dynamique laitière de la Belgique à moyen et long terme. »

Pour anticiper le problème générationnel, « ma coopérative Arla Foods cherche de nouveaux adhérents sur sa zone de collecte – donc pas en France. Le droit d’entrée est élevé : 7,5 centimes d’euro le litre (soit 75 €/1 000 l), dont 4 centimes d’euro sont investis en parts sociales et 3,5 centimes d’euro sont à fonds perdu qui ne donne pas droit à une rémunération des parts sociales. Les éleveurs qui font le choix d’Arla Foods préfèrent la stabilité de ses prix du lait, comparé à Milcobel, et la bonne gestion de l’entreprise. Les dirigeants ont pu annoncer dès fin septembre que les adhérents auraient un retour sur le résultat de l’année 2022 de l’ordre de 20 euros les 1000 litres. Une avance a déjà été payée mi-septembre. »

La contrepartie est que Arla demande à ses coopérateurs de s’engager dans des démarches environnementales, de bien-être animal et d’intégration paysagère, et de remplir des audits. Tout cela, pour répondre à la demande de leurs clients.

Chiffre clés

La coopérative Arla Foods compte 11 500 adhérents producteurs de lait, pour une collecte de 13,9 milliards de kg de lait au Danemark, Suède, Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas.

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