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Sélection vache laitière : le gène sans cornes a le vent en poupe

Moins de travail et davantage de bien-être animal : les atouts du gène sans cornes séduisent de plus en plus d’éleveurs en Europe du Nord et de l’Ouest. Les races montbéliarde et normande proposent désormais leurs premiers taureaux.

taureau holstein du catalogue innoval/synetics, double porteur du gène sans cornes
Le potentiel génétique des taureaux porteurs du gène sans cornes, ici Trefoux PP (193 d'ISU), a bien progressé ces dernières années, en particulier celui des taureaux hétérozygotes (porteurs d'un gène sans cornes et d'un gène cornu).
© Gejp

En Allemagne, en Autriche, en Suisse, dans les Pays scandinaves, la demande en génétique sans cornes est très forte. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Nos voisins européens ont pris une certaine avance. Une avance qui profite à des races telles que la brune, la jersiaise et la Simmental.

« Au Danemark, le meilleur taureau jersiais est issu d’un élevage français. VJ MBA PP est porteur homozygote du gène sans cornes », souligne à titre d’exemple Olivier Bulot, le directeur de l’organisme de sélection.

En France, les choses semblent s’accélérer pour plusieurs raisons : l’anticipation de l’évolution de la réglementation européenne sur le bien-être animal, le confort de travail pour les éleveurs, la forte concurrence sur le marché de la génétique à l’international. Innoval, par exemple, a enclenché la vitesse supérieure et le fait savoir. Le groupe coopératif annonce qu’il va proposer plus de 50 % de taureaux porteurs du gène sans cornes (gène polled P) dans douze races bovines à l’horizon 2030.

En race pie rouge, actuellement 30 % des femelles génotypées et 66 % des taureaux au catalogue Innoval/Synetics sont sans cornes. L’objectif de France pie rouge est d’atteindre progressivement 100 % d’animaux sans cornes.

50 % de taureaux porteurs du gène polled

La situation varie selon les races. Plusieurs raisons à cela. À commencer par la présence et la fréquence du gène sans cornes dans la population. Le moins bon potentiel génétique a aussi freiné l’utilisation de taureaux sans cornes. « Les éleveurs sont en grande majorité partants pour utiliser des taureaux sans cornes, à condition qu’ils soient aussi bons que les taureaux cornus », constate Olivier Bulot. Or, les taureaux polled sont restés longtemps sans atteindre le potentiel génétique des cornus. À cela s’ajoutait un manque de variabilité génétique.

Ce n’est désormais plus le cas, assure Kevin Tual, responsable marché génétique bovine chez Innoval. « Sélectionner ce gène, sans pénaliser d’autres critères importants, a pris du temps », reconnaît-il. « Mais aujourd’hui, l’offre de taureaux sans cornes est d’un très bon niveau génétique. Pour preuve, le numéro un Holstein actuel est un taureau sans cornes du programme Synetics : Tamack P. »

Est-ce l’arbre qui cache la forêt ? Non, selon Kevin Tual. « Parmi les 200 taureaux Holstein que nous proposons, 32 sont porteurs hétérozygotes (Pp) et 10 homozygotes (PP), du gène sans cornes. Ils sont à 192 points d’ISU, pour une moyenne de 193 points pour les autres taureaux. »

Premiers taureaux normands et montbéliards

Ces propos doivent cependant être nuancés. Si les taureaux hétérozygotes (porteurs d’un gène sans cornes et d’un gène cornu) tiennent de plus en plus la comparaison avec les cornus, ce n’est généralement pas encore le cas des taureaux homozygotes (doubles porteurs du gène sans cornes). Notamment en Holstein, mais pas uniquement.

« Les premiers taureaux montbéliards (hétérozygotes) ont un niveau génétique correct. Mais ils n’auraient peut-être pas été retenus s’ils n’étaient pas porteurs du gène sans cornes », s’interroge Antoine Rimbault, de Montbéliarde association. La question se pose aussi pour les premiers taureaux sans cornes hétérozygotes de race normande. Malgré tout, ces taureaux ont le mérite de lancer la diffusion du gène sans cornes dans ces deux races.

Le saviez-vous ?

Faute de pouvoir mettre en évidence le gène sans cornes, les races montbéliarde et normande ont choisi de l’intégrer via du croisement avec de la Simmental et de la red Holstein pour la première, et de la pie rouge et red Holstein pour la seconde. Un processus long, d’une dizaine d’années, qui a abouti cette année avec la sortie des premiers taureaux sans cornes.

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