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Salon de l’agriculture : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat inaugure le 59 salon international de l’agriculture ce samedi 25 février 2023. Retour sur les temps forts de la visite qui doit durer 12 heures.

Emmanuel Macron avec Marc Fesneau devant Ovalie et ses éleveurs lors de l'inauguration du salon de l'agriculture.
Emmanuel Macron avec Marc Fesneau devant Ovalie et ses éleveurs lors de l'inauguration du salon de l'agriculture.
© Cheick Saidou/agriculture.gouv.fr

Depuis 7h40, Emmanuel Macron déambule dans les allées du salon de l’agriculture qui entame ce 25 février sa 59e édition. Une visite qui devrait durer près de 12h et durant laquelle la Président de la République a prévu plusieurs haltes et huis clos avec les professionnels agricoles.

 

Aide carburant prolongée pour les pêcheurs

Dès son arrivée Emmanuel Macron a rendu visite aux pêcheurs à qui il a réservé sa première annonce : la prolongation jusqu’en octobre de l’aide financière accordée aux pêcheurs pour faire face à la hausse des prix du carburant. Un coût d’environ 2,5 millions d’euros par mois.

 

Emmanuel Macron interpelé sur la souveraineté alimentaire

Après sa rencontre avec la filière pêche, le président de la République entre en réunion à huis clos avec les organisations professionnelles. La FNSEA aborde avec Emmanuel Macron la question de la souveraineté alimentaire et pointe la nécessité d’accentuer la recherche et de coordonner les instances pour trouver des solutions, faisant référence notamment à l’arrêt des néonicotinoïdes pour la betterave à sucre.

 

Le syndicat majoritaire agricole alerte aussi le président de la république sur « la décapitalisation de l’élevage en France » et la concurrence déloyale causée par les accords de libre-échange conclus par l’Europe.

Lors du huis-clos avec Emmanuel Macron, les Jeunes agriculteurs évoquent aussi le Pacte et la Loi d’Orientation et d’Avenir agricoles qui doit permettre de renouveler les générations et appellent le président de la République à « une planification pragmatique qui donnera aux jeunes la visibilité dont ils ont besoin pour relever les défis de demain ».

Le texte sera finalisé pour le mois de juin promet en retour le président de la République.

 

En aparté Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, confie à nos confrères d’Agra Presse être en colère : son syndicat n’a pas participé à l’entrevue avec le président de la République avant l’inauguration. « C’est la première fois que ça se passe comme ça, ce n’est pas possible », lâche-t-il.
 

Inauguration officielle du SIA2023

9h30, c’est l’heure de l’inauguration du salon : Emmanuel Macron coupe le ruban devant la vache salers égérie Ovalie et ses deux veaux.

 

Ondes électromagnétiques : « on crève » s’exclament des éleveurs

Alors que la déambulation reprend, Emmanuel Macron est ensuite interpelé par des éleveurs se disant victimes des ondes électromagnétiques qui avaient déjà alerté Marc Fesneau au Space sur le sujet. « On crève ! lâche l’un d’entre eux, Le veau ne reconnait plus sa mère. Le lait est impropre à la consommation. Le lundi de la Pentecôte 2019, j’avais 9 bêtes par terre ». Un autre évoque 274 bêtes perdues et deux millions d’euros de perte. Emmanuel Macron propose d’indemniser et aider à reprendre des exploitations dans d’autres endroits.
 

La filière bovine appelée à mieux se structurer

Pas de discours prévu au cours de la journée, mais Emmanuel Macron se prête à l’exercice de micros tendus, prévus et organisés par le service presse de l’Elysée. Lors de la première séance, il évoque l’inflation, la concurrence internationale et la sécheresse.

« Ce que je demande aussi à nos distributeurs aujourd'hui, c'est de participer à l'effort », lance Emmanuel Macron à la presse, évoquant la loi Descrozaille qui doit poursuivre le travail engagé par Egalim 1 et 2 visant à sauvegarder de la valeur au niveau de la production et de la transformation alimentaire.

« Nos agriculteurs payent plus cher l’énergie et les intrants, nous avons besoin de garantir leurs revenus » a insisté le président, reconnaissant que « les industriels ont fait un effort considérable ». Cette déclaration intervient alors qu'un plan de soutien spécifique à l'agroalimentaire doit être présenté durant le Salon pour aider les industriels à supporter l'inflation alimentaire, et alors que les discussions se poursuivent par ailleurs à Bercy sur des mesures anti-inflation, rappellent nos confrères d'Agra Presse.

Un accord avec les pays du continent latino-américain n’est pas possible s’ils ne respectent pas les accords de Paris

Après sa rencontre avec des éleveurs, le chef de l’Etat essaie aussi de calmer leurs inquiétudes sur le  projet d'accord entre l'UE et les pays d'Amérique latine réunis au sein du Mercosur. « Un accord avec les pays du continent latino-américain n'est pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris (sur le climat) et ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs », dit-il. Mais le président lâche aussi « 70% de la  viande servie dans nos restaurants elle n’est pas française. Ca c’est pas le Mercosur. Il faut mieux organiser la filière. On sert de la viande européenne, y’a rien qui l’impose ».
 

Plan de sobriété sur l’eau

Sur l’enjeu du changement climatique, le chef de l’Etat annonce qu’il faut mettre en place « un plan de sobriété sur l'eau » et se résoudre à « la fin de l'abondance ». « On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau) : plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça », explique-t-il, en appelant à « mieux récolter l'eau de pluie », « avoir moins de fuites dans les réseaux d'eau » et « mieux répartir l'utilisation de l'eau potable selon les usagers », notamment en « continuant de
produire et d'investir sur des rétentions collinaires 
».

Un décret sur la réutilisation des eaux usées, a-t-il indiqué, « a été transmis dans les derniers jours au conseil d’État », selon nos confrères d'Agra Presse.

Le débat sur la retraite s'invite au salon

A 10h22, le sujet des retraites fait irruption dans la visite d’Emmanuel Macron du salon de l’agriculture. Quelques visiteurs munis de pancartes appelant à un retour à la retraite à 60 ans sont tenus à distance du chef de l’Etat qui tient quand même à défendre sa réforme, qui selon lui, « maintient le système par répartition », « un trésor ». Et pour cela, une seule solution selon lui : « travailler davantage ». Tout au long de son parcours au salon, il sera plusieurs fois interpellé sur le sujet.


Emmanuel Macron félicite la filière laitière pour son organisation

Emmanuel Macron passe ensuite près d’une heure avec les filières laitières sur le stand du Cniel France Terre de Lait. Au programme de la discussion : le renouvellement des générations, la décarbonation des filières ou encore le bien-être animal. Selon Hugues Beyler, de la FCD, le président de la République aurait au cours de cette rencontre félicité la filière pour « son organisation et structuration longue et l’augmentation des revenus ».

 

Echange musclé avec un écologiste

« Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique » : Emmanuel Macron s’écharpe ensuite avec un homme se revendiquant du collectif Dernière rénovation, s’étant déjà illustré la veille lors de la cérémonie des César, en déplorant que le militant refuse le débat. Le jeune homme, qui arborait un t-shirt barré de la mention « A quoi tu sers? », venait d’interpeller le chef de l'Etat en l'appelant à « écouter les rapports scientifiques » sur le changement climatique. « Je suis là pour vous dire qu'on n'arrêtera pas, parce qu'on n'en peut plus de demander gentiment. Entendez-ça, sinon ça va être terrible. J'ai fini ce que j'avais à dire », lance-t-il en pointant son index sur le chef de l'Etat, mais en refusant d'écouter sa réponse. 

La vie des agriculteurs, c’est la vie de nos compatriotes

Alors que le jeune homme promet de « ne pas se laisser faire », en faisant valoir que « c'est la vie de sa petite sœur qui est en jeu », Emmanuel Macron répond : « la vie des agriculteurs, c'est la vie de nos compatriotes ».


Lidl de nouveau cité en exemple

Au cours de sa déambulation, le chef de l’Etat rencontre Michel Biero, directeur exécutif achat et marketing de Lidl France et en profite comme aux Terres de Jim pour saluer l’enseigne. « Vous avez fait votre panier, baisser les prix, sans taper les producteurs, vous êtes l’exemple de ce qu’il faut faire je le dis sans faire de pub, ce n’est pas un hasard si vous êtes le seul distributeur présent au salon », s’exclame Emmanuel Macron. « Je suis tout petit comme eux », répond, modeste, Michel Biero.

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