En bio, ils ont trouvé des solutions pour faire sortir leurs veaux non sevrés
Installation de niches collectives ou ouverture vers l’extérieur de la nurserie, deux élevages de Loire-Atlantique ont réalisé des adaptations pour se conformer au nouveau règlement bio pour le logement des veaux.
Installation de niches collectives ou ouverture vers l’extérieur de la nurserie, deux élevages de Loire-Atlantique ont réalisé des adaptations pour se conformer au nouveau règlement bio pour le logement des veaux.
Les veaux - qu’ils soient destinés à la production laitière ou de viande - doivent avoir accès à une aire extérieure au plus tard à six semaines, sauf en période hivernale. C’est la nouvelle exigence du règlement bio européen qui demande le plus d’adaptations aux éleveurs laitiers bio. « Disons qu’environ un tiers est dans les clous, mais que deux tiers ont des adaptations à réaliser, plus ou moins importantes », évalue Jean-Claude Huchon, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
En montagne et dans les régions du Grand Est, ce sera bien plus. « L’écrasante majorité des éleveurs devront réaliser des adaptations, estime Jean-Pierre Monier, de la chambre d’agriculture de la Loire. Dans nos régions aux longs hivers et aux étés chauds, de très bonnes nurseries (isolation, ventilation) ont été réalisées pour protéger comme il faut les veaux. Aujourd’hui, ces lourds investissements ne sont plus aux normes ! »
Des niches et un igloo sous un toit
Baptiste Moineau est éleveur en individuel à Pierric en Loire-Atlantique, avec 65 vaches, 18 génisses élevées chaque année par tranche d’âge et des vêlages plutôt étalés. « Quand je me suis installé en 2019, il fallait refaire le bâtiment et le logement des veaux. J’ai eu écho de l’évolution réglementaire et mon distributeur parlait des niches comme solution », se souvient l’éleveur.
Le projet a consisté à créer une plateforme en béton de 250 m2 à 15 mètres de la salle de traite. Elle accueille cinq niches de deux places pour les veaux de 0 à 3 semaines ; deux grandes niches (cinq veaux maximum par niche) pour les femelles âgées de 1 à 3 mois ; ainsi qu’un igloo de dix places pour les veaux sevrés jusqu’à 6 mois. Les génisses évoluent ensuite dans un bâtiment avec un accès au pâturage. Les niches, l’igloo et leur courette sont couverts par un toit.Espace, éclairage, pour faciliter le travail
La plateforme est spacieuse pour pouvoir circuler autour des niches et faire facilement un nettoyage et un vide sanitaire tous les 45 jours environ. « Je mets une heure et demie pour déplacer les niches (les veaux sont dans des courettes mobiles) à un bout de la plateforme et curer. Le toit est mobile pour pouvoir curer aisément. » Pour éclairer la zone durant l’automne et l’hiver, « j’ai mis un projecteur sur le bâtiment ». L’accès à l’eau n’étant pas loin, il n’y a pas eu besoin d’en créer un.
Pour amener le lait, Baptiste Moineau utilise pour l’instant un chariot bricolé pour transporter les bidons de lait. « J’ai en projet d’investir dans un taxi lait. Il sera bien utilisé car je vais développer une activité veaux de lait (élevés dans un parc dédié) pour un boucher. »Habituer les veaux à la clôture
Lors du dernier contrôle pour le renouvellement de la certification à l’agriculture biologique, la couverture intégrale des courettes a été soulignée par Bureau Veritas, l’organisme certificateur de Baptiste Moineau. « A priori, pour que les niches soient conformes, il ne faut pas que le toit recouvre toute la courette. » L’éleveur a choisi de créer un accès au pâturage, que de toute façon il avait l’intention de réaliser. Il y a une prairie juste derrière la plateforme, qui reste portante l’hiver. « Je vois les aspects positifs. Les veaux vont s’habituer à l’extérieur et à la clôture. Je n’aurai plus besoin de la bétaillère pour les amener au pâturage ou dans la stabulation génisses. » Cinq paddocks de 0,3 hectare ont été créés, avec du grillage autour de la prairie d’apprentissage car le grillage est solide et visible par les veaux. « J’ai mis du fil électrique pour découper les paddocks, pour apprendre aux veaux la clôture. »
Des veaux en meilleure santé
Au total, en 2019, pour trente places, le coût était de 26 000 euros de niches et igloo (Holm et Laue) et 5 000 euros de béton et matériel (grillage, barrière), hors main-d’œuvre. Soit environ 1 000 euros la place.
Baptiste Moineau est satisfait de ce logement semi plein air. « Je trouve que les veaux ont moins de problèmes de santé (quasiment pas de diarrhée) et de meilleures croissances, comparé à l’ancienne nurserie de mes parents. Il y a encore quelques problèmes respiratoires. Cela arrive quand il fait froid et humide dehors. Les veaux transpirent parce que la chaleur qu’ils dégagent est bien retenue dans la niche, bien qu’il y ait une ouverture pour l’aération. Alors quand ils sortent, ils prennent froid. Du coup, je leur tonds le dos. Je réfléchis aussi à installer un pare-vent (haie ou autre) devant les cases pour couper le vent d’Est. »
Faire une ouverture dans le mur
La ventilation sera-t-elle perturbée ?
Les éleveurs ont récupéré des barrières à veaux pour clôturer le parc. « Il a juste fallu acheter du grillage pour faire un côté du parc. Le grillage, c’est efficace pour contenir les veaux. Il a coûté 500 euros pour 25 mètres en décembre 2021. »
Le Gaec doit encore percer une ouverture dans le mur de la nurserie. Ce sera une ouverture unique pour les deux lots. « Avant, nous conduisions quatre lots de génisses. Pour n’avoir qu’un trou à faire, nous passons en deux lots, qui seront donc moins homogènes. Cela rend la phase de sevrage plus complexe, mais cela reste gérable. Nous garderons une case infirmerie que nous ouvrirons sur l’extérieur. »
Les éleveurs pensent monter un mur coupe-vent à 1,50 mètre de l’ouverture. « La ventilation de notre nurserie fonctionne très bien aujourd’hui. Il n’y a pas de veau qui tousse. Nous voulons éviter que cette ouverture créée des courants d’air néfastes pour les veaux. »
L’espace extérieur a des avantages
Des cornadis récupérés ont été installés sur un bord du parc à l’extérieur. « Nous pourrons ainsi bloquer les veaux dehors pour pouvoir curer et pailler à l’intérieur. C’est un des avantages de cette évolution », indique Aurélien Labour.
Autre bénéfice, les veaux pourront s’habituer à l’extérieur et au fil électrique. « Nous pourrons réaliser un vide sanitaire de l’intérieur dès que le temps permettra aux veaux de sortir. »
Les éleveurs prévoient de planter deux ou trois arbres fruitiers pour créer de l’ombrage dans le parc. « Cela améliorera aussi l’insertion paysagère. »