Etude de l'Insee
Près de deux ménages agricoles sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté
Si en France, le niveau de vie médian des ménages agricoles est comparable à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, l’Insee pointe dans une récente étude les disparités au sein des ménages agricoles sont plus fortes et ils sont plus souvent touchés par la pauvreté.
Si en France, le niveau de vie médian des ménages agricoles est comparable à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, l’Insee pointe dans une récente étude les disparités au sein des ménages agricoles sont plus fortes et ils sont plus souvent touchés par la pauvreté.
18% des membres des ménages agricoles français vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 13 000 euros par an pour une personne seule en 2018, contre 13% des membres des ménages français ayant des revenus d’activité. Voilà ce que révèle une étude de l’Insee analysant les conditions de vie des ménages agricoles sur leur territoire de résidence, à partir des statistiques issues du Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) de 2018. L’étude montre encore que la pauvreté est de surcroît plus intense dans le milieu agricole que dans l’ensemble de la population française. Ainsi le niveau de vie médian des personnes pauvres au sein de ménages agricoles est de 9 400 euros, soit 1 300 euros de moins qu’au sein des ménages pauvres ayant des revenus d’activité.
Si globalement le niveau de vie annuel médian (22 200 euros par an en 2018) des ménages agricoles est comparable à celui de l’ensemble des membres des ménages qui perçoivent des revenus d’activité, les disparités de niveaux de vie sont très fortes dans l’agriculture.
Dans l’élevage bovin, une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté
Lire aussi : 100 000 exploitations agricoles ont disparu en dix ans : portrait de l’agriculture française en 2020
Grande hétérogénéité des revenus dans la viticulture
A l’opposé, les revenus les plus élevés sont constatés dans les territoires orientés dans les autres grandes cultures (1) ainsi que les territoires viticoles avec un niveau de vie annuel médian de 28340 euros pour les premiers et de 26 330 pour les seconds. Les revenus agricoles constituent 40% des ressources des ménages agricoles dans ces zones qui bénéficient aussi d’autres sources de revenus conséquents. Un quart des ménages agricoles dans les communes spécialisées dans les autres grandes cultures exerce par exemple une autre activité.
Mais gare aux généralités, au sein des communes viticoles, les revenus tirés de la production viticole sont très hétérogènes. « Ils sont très élevés dans les territoires producteurs de Champagne et de Bourgogne. Ils sont plus limités en Gironde, et particulièrement bas dans l’Hérault et l’Aude où les vignobles produisent des vins AOP et d’autres vins moins rémunérateurs », pointe l’Insee.
Moins de pauvreté dans les élevages de porcs et volailles
Entre ces deux opposés, l’Insee note que les ménages agricoles des territoires d’élevage de vaches laitières ou de granivores (volaille et porc) disposent de revenus agricoles plus élevés que dans les territoires de bovins viande et disposent de peu de revenus secondaires. Dans les territoires d’élevage laitier, les revenus agricoles sont en moyenne de 17 000 euros et constituent à 38% des revenus des ménages agricoles. « Les couples de deux agriculteurs exploitants sont relativement nombreux », note l’Insee. Seuls 13% des éleveurs exercent une activité secondaire salariée. Dans les territoires d’élevage de granivores, les revenus agricoles s’élèvent en moyenne à 21 200 euros et représentent 43% des ressources du ménage. « En conséquence, les ménages sont moins touchés par la pauvreté que dans les autres territoires d’élevage », souligne l’Insee.
Un taux de pauvreté en conditions de vie moindre mais des insuffisances de ressources
Catégorie socio-professionnelle |
Taux de pauvreté en conditions de vie* (au moins 8 difficultés sur 27) |
Insuffisance de ressources* (au moins 3 insuffisances sur 6) |
Retards de paiement* (au moins un retard sur 3) |
Restrictions de consommation* (au moins 4 restrictions sur 9) |
Difficultés de logement* (au moins 3 difficultés sur 9) |
|||
Agriculteurs exploitants |
6,1 |
14,6 |
7,2 |
4,9 |
4,2 |
|||
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise |
11,9 |
14,3 |
8,4 |
11,6 |
7,3 |
|||
Cadres supérieurs |
2,6 |
5,5 |
2,7 |
1,7 |
3,8 |
|||
Professions intermédiaires |
6,9 |
11,2 |
5,9 |
5,4 |
6,7 |
|||
Employés |
20,8 |
24,5 |
13,3 |
18,9 |
11,7 |
|||
Ouvriers |
16,8 |
21,4 |
15,8 |
16,9 |
9,3 |
|||
Retraités |
9,7 |
8,8 |
3,5 |
13,2 |
2,7 |
|||
Ensemble |
11,7 |
13,3 |
7,5 |
12,5 |
6,1 |
Note : les autres inactifs n'apparaissent pas dans le tableau mais sont pris en compte dans la ligne "Ensemble".
Lecture : En France, en 2019, 6,1 % des agriculteurs exploitants sont considérés comme pauvres en conditions de vie. Ils sont 14,6 % à souffrir d’insuffisance de ressources, 7,2 % ont des retards de paiement, 4,9 % souffrent de restrictions de consommation et 4,2 % ont des difficultés de logement.
Source : Insee, SRCV-Silc 2004 à 2019.