Maîtres laitiers du Cotentin s'inquiète pour 2022 après un rebond du résultat en 2021
Le groupe normand MLC améliore son résultat net grâce à France Frais. Mais la rentabilité reste fragile. Les années 2022 et 2023 s'annoncent compliquées.
Le groupe normand MLC améliore son résultat net grâce à France Frais. Mais la rentabilité reste fragile. Les années 2022 et 2023 s'annoncent compliquées.
Le résultat de la campagne avril 2021 - avril 2022 du groupe Maîtres laitiers du Cotentin (MLC) est de 19,4 millions d'euros (M€), contre 0,8 M€ en 2020 et 9,8 M€ en 2019. Il rebondit après une année 2020 très chahutée par le Covid-19, notamment grâce à « de gros efforts de réduction de charges et au rebond de l'activité de restauration hors domicile (RHD). Les 128 filiales de distribution France Frais vers la RHD ont réussi à se restructurer, se diversifier et à rebondir après la crise Covid », souligne Christophe Levavasseur qui vient de passer le flambeau de la présidence à Valérie Blandin, éleveuse dans le Nord de la Manche.
Cette rentabilité reste fragile : le résultat net représente 1% du chiffre d'affaires. « Nous restons affecté par le désengagement de Synutra intervenu en août 2018 », expose Christophe Levavasseur. En effet, le groupe chinois s'était engagé sur un contrat de 690 millions de briquettes de lait UHT, avant de s’en libérer, évoquant un défaut de produit. « Aujourd'hui, les expertises judiciaires plaident en notre faveur - il n'y aurait pas de défaut des produits -, mais nous n'avons toujours pas de date de fixée pour le procès ».
Méautis pas encore assez remplie
L'usine de Méautis ne tourne qu'à 25% de sa capacité, en dehors de l'activité beurre et crème AOP, qui elle « fonctionne à fond ». « Nous ramons sur la partie qui devait être dédiée aux briquettes de lait. Nous adaptons les lignes, répondons à de petits marchés, pour la France (lait UHT LSDH - Lidl par exemple) ou l'export vers le Moyen Orient. Mais c'est encore loin de remplir l'usine. » S'ajoute à cela l'inflation que subissent les activités de collecte, transformation et logistique, et qui n'est pas répercutée entièrement aux clients et avec retard.
Les investissements se poursuivent
Les programmes d'investissement en cours concernent les plateformes de distribution France Frais et le pôle industriel avec l'arrivée de nouvelles lignes de fabrication de fromages frais, beurre et fromage à pâtes pressées. Enfin, le plan de performance énergétique (projet Héraclès) démarré en 2020 est abouti sur deux sites et en cours à Sottevast (Manche). « L'objectif est de terminer courant 2023. Cet investissement est une réponse à l'enjeu de demain, qui sera de faire aussi bien avec moins de ressources, en énergie mais aussi en eau », souligne Valérie Blandin.
Crainte sur la disponibilité en matière grasse
La campagne 2022 - 2023 inquiète. « L'inflation de nos coûts se poursuit et nous courrons comme les autres industriels après les hausses de tarif en grande distribution », pointent Christophe Levavasseur et Valérie Blandin. La collecte baisse pour la première fois depuis avril, de -2% environ, pour de multiples raisons, conjoncturelles mais aussi structurelles. « Nous sommes préoccupés par la disponibilité en matière grasse laitière pour répondre aux débouchés en beurre et crème. » Enfin, la menace de délestages de gaz cet hiver fait planer un risque de ruptures d'activités agroalimentaires, et donc de grosses pertes.
Un prix du lait au-dessus de l'environnement
Malgré les turbulences, la coopérative normande paye le lait aux adhérents au-dessus du prix moyen Grand Ouest FranceAgriMer tous laits confondus (conventionnel, bio, AOP). Sur la campagne 2021-2022, le prix de base MLC était de 339 €/1000 l. Avec les taux et la qualité, il atteignait 373 €. Et avec les divers compléments et intérêt au capital social (1,19 €), il était en moyenne de 396 €, contre 375 € sur la campagne précédente.
Chiffres clés
471 millions de litres de lait collectés en 2021-2022 (+2%/2020-2021)
666 fermes menées par 1066 sociétaires
44% du chiffre d'affaires (CA) en fromages frais, 21% en crème, 12% en produits industriels, 10% en beurre, le reste en lait et fromages.
50% du CA réalisé en grande distribution, 30% en RHD, 12% en produits industriels et grand export.