Le kéfir, un breuvage aux multiples usages en élevage laitier
En utilisant le kéfir dans l’alimentation des veaux, dans la litière ou dans les ensilages, l’objectif est de parvenir à un équilibre microbien favorisant la dominance de germes bénéfiques au détriment des pathogènes.
En utilisant le kéfir dans l’alimentation des veaux, dans la litière ou dans les ensilages, l’objectif est de parvenir à un équilibre microbien favorisant la dominance de germes bénéfiques au détriment des pathogènes.
Qu’est-ce que le kéfir ?
Il s’agit d’une préparation à base de bactéries lactiques et de levures, soit 25 probiotiques vivant en symbiose. Ces derniers se développent très rapidement et s’avèrent très compétitifs vis-à-vis des autres germes. Le kéfir constitue un biofilm naturel. Il est vivant, il faut le nourrir en lui fournissant du sucre (soit du lactose apporté par le lait, soit du saccharose apporté par le sucre). Le kéfir est connu pour ses effets bénéfiques sur la flore intestinale. On lui prête aussi des vertus pour le système immunitaire. Toutefois, les effets sur la santé des animaux ne sont pas démontrés objectivement et se basent principalement sur des retours d’expériences. Il se présente soit sous forme de grains blancs ou gélatineux, soit sous forme de germes de kéfir lyophilisés en poudre.
Un usage de type probiotique pour les veaux
Le kéfir peut être utilisé pour construire et soutenir le microbiote intestinal des jeunes veaux et former une barrière protectrice dans leur tube digestif. « Chez le veau nouveau-né, hormis l’apport de colostrum, la protection repose essentiellement sur l’intégrité de la barrière intestinale », insiste Gilles Grosmond, vétérinaire. Si la flore bactérienne du tube digestif est contaminée par un grand nombre de bactéries pathogènes, des pathologies digestives peuvent apparaître. « Le kéfir n’est pas utilisé dans le but d’éliminer les agents pathogènes potentiels, mais dans celui d’empêcher leur développement en occupant le terrain », poursuit le vétérinaire. Autrement dit, le kéfir rééquilibre le microbiote intestinal du veau pour le sécuriser et favoriser son bon fonctionnement.
« Idéalement, il faudrait distribuer le kéfir dès la naissance, avant même que le veau n’avale le colostrum et que les sécrétions acides de la caillette ne démarrent, décrit Gilles Grosmond. Les germes s’implantent en effet sur la muqueuse intestinale dès les premières heures de vie. » En poursuivant ensuite l’apport de kéfir quotidiennement jusqu’au sevrage, cela contribue à renforcer le biofilm créé à la surface de l’intestin.
Un usage de type ensemencement pour la litière
Le même raisonnement s’applique pour coloniser le milieu de vie. « L’équilibre bactérien des litières est fragile,, surtout dans les bâtiments humides et mal ventilés, rappelle le vétérinaire. Pulvériser du kéfir sucre sur la litière à l’aide d’un pulvérisateur à dos ou sur les boules de paille avant la distribution à la pailleuse, à raison d’une à trois fois par semaine, contribue à apporter des germes bénéfiques et ainsi limiter la concurrence d’éventuelles bactéries pathogènes. » La brillance de la paille est un bon repère, indiquant une litière saine imprégnée de bactéries lactiques.
Autre possibilité : après une désinfection des bâtiments, le kéfir peut aussi amener un premier tapis bactérien constitué de « bonnes bactéries ».
Un usage de type conservateur pour les ensilages
« Certains éleveurs se disent satisfaits de l’impact du kéfir eau sucrée sur la conservation de leurs ensilages. Toutefois, cet effet n’a pas été confirmé lors d’un récent essai mené à la station expérimentale de Derval sur deux ensilages d’herbe à 25 et 40 % de matière sèche, stockés en mini-silos en PVC, relate Agnès Cechetto, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Une proportion trop faible de bactéries contenues dans l’inoculum utilisé par rapport aux bactéries épiphytes pourrait expliquer ce résultat. » Il aurait été intéressant de l’analyser pour connaître sa concentration.
Kéfirs maison ou commerciaux ?
Sur le terrain, il y a autant de recettes de kéfirs « maison » que d’élevages qui l’utilisent. « Les enquêtes que nous avons réalisées en Pays de la Loire révèlent des pratiques diverses et pas toujours maîtrisées, avec des compositions de kéfir très variables », constate Agnès Cechetto. « Parmi les éleveurs que j’ai formés, très peu appliquent stricto sensu la recette du kéfir et peuvent donc réellement en retirer les effets escomptés », considère le vétérinaire Gilles Grosmond. Certains sont aussi freinés par les contraintes et l’exigence de rigueur que la préparation requiert. Dans ce cas, il reste toujours la possibilité de se tourner vers des kéfirs commerciaux prêts à l’emploi qui ont l’avantage d’avoir une qualité constante et garantie(1) par rapport à des kéfirs artisanaux. Par contre, ils reviennent plus cher.
Mise en garde
- Le respect des proportions lors de la préparation est important
- Mieux vaut éviter d’ajouter du lait riche en cellules
- La taille du fermenteur doit être adaptée aux besoins
- Si la préparation décante, il faut brasser le mélange, en éliminer les trois quarts et réaliser un nouveau fond de cuve
Avis d’éleveuse : Brigitte Lambert, éleveuse en Mayenne
« Un effet spectaculaire pour conserver les ensilages »
Avis d’éleveuse : Marie-Agnès Hardy, éleveuse dans la Manche
« Le kéfir sécurise la santé de mes veaux »