Aller au contenu principal

Le conflit entre les producteurs laitiers Sunlait et Savencia s’enlise encore

Après de longues années de procédures judiciaires, les discussions ne semblent pas pouvoir aboutir entre l’association d’organisations de producteurs et l’industriel. Faute d’accord-cadre, Savencia propose de poursuivre la collecte auprès des producteurs Sunlait qui le souhaitent.

<em class="placeholder">Sunlait affaiblie par des départs d’OP et de producteurs individuels, veut aboutir à un contrat-cadre avec Savencia, pour espérer tourner la page de ce conflit qui a ...</em>
Sunlait affaiblie par des départs d’OP et de producteurs individuels, veut aboutir à un contrat-cadre avec Savencia, pour espérer tourner la page de ce conflit qui a profondément déstructuré l’organisation des éleveurs.
© ©The Pixel Store/stock.adobe.com - Généré à l’aide de l’IA

Après l’onde de choc de l’annonce de Lactalis de réduire de 9 % sa collecte en France, c’est au tour de Savencia de faire l’actualité de la filière laitière. Au 1er novembre, le groupe fromager acte l’impossibilité de parvenir à un accord avec Sunlait, malgré le délai supplémentaire de huit mois octroyé par le comité de règlement des différends commerciaux agricoles (CRDCA) en février.

L’association d’organisations de producteurs (AOP) affirme avoir proposé un contrat conforme aux conditions de l’industriel. « Nous avons réellement proposé un contrat comprenant les souhaits de Savencia, assure Landry Rivière, vice-président de l’AOP Sunlait. On a fait des concessions, mais ils nous ont contactés pour exprimer leur refus. Il y avait peut-être des choses à faire évoluer sur la forme mais c’est très secondaire. »

Une collecte transitoire à prix fixé par Savencia

Chez Savencia, on assure que « la dernière proposition de Sunlait ne respecte pas les exigences de la loi Egalim et ne reflète pas la réalité de nos marchés. Nous devons garantir que tout accord respecte le cadre réglementaire et l’équilibre économique de Savencia, comme c’est le cas avec nos autres partenaires ». Pour Sophie Godet-Morisseau, directrice générale de Savencia Ressources Laitières, le point de conflit reste inchangé : « Nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur une formule de prix qui reflète la réalité économique de nos marchés. Nous sommes extrêmement déçus de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. »

Face à l’échec des discussions, Savencia propose, comme solution transitoire « de poursuivre la collecte auprès des producteurs Sunlait qui le souhaitent, sans impact sur les volumes de la filière laitière française », assurant de leur « volonté de ne laisser aucun producteur sans débouchés ».

Sans accord-cadre ni formule de prix, comment le prix sera-t-il fixé ? Selon l’avis du 23 octobre du médiateur des relations commerciales agricoles, il suffira à l’industriel « d’appliquer pour l’achat du lait de ces producteurs un prix, fixé mensuellement » qui devra être « non discriminatoire par rapport à celui dont bénéficient les autres producteurs de la laiterie placés dans des zones d’exploitations équivalentes ». « Durant cette période transitoire, nous suivons l’avis du médiateur en adoptant le prix moyen payé aux autres structures – OP et coopératives – avec lesquelles nous travaillons », précise Savencia.

Sunlait affaiblie par de nombreux départs

Et ensuite ? L’AOP ne désespère pas de parvenir à un accord. Un noyau dur, notamment autour de l’OP Ouest’Lait (anciennement Cleps Ouest), fait bloc au sein de Sunlait. Car, entre sa création et aujourd’hui, le nombre d’OP adhérentes s’est considérablement réduit, tout comme le nombre d’adhérents des OP restantes.

Deux visions s’y sont fait face et se font encore face. Les premiers estiment qu’il aurait fallu rester solidaires coûte que coûte pour faire pression sur Savencia, qui n’aurait eu d’autre choix que d’accepter les conditions de Sunlait pour ne pas risquer de perdre une ressource laitière précieuse. « Mon regret est que les éleveurs ne soient pas restés solidaires parce qu’ils avaient peur de ne plus être collectés et de ne plus être payés, déplore un adhérent du sud-ouest. Si des OP et des adhérents n’étaient pas partis de Sunlait, Savencia aurait été mise sous pression car le transformateur a besoin de lait. Nous aurions abouti à un accord-cadre. Au lieu de cela, nous nous sommes divisés. Et Savencia profite de nos divisions. »

Les poursuites judiciaires continuent

Les autres sont peu convaincus de l’intérêt de poursuivre en justice son unique acheteur de l’époque. « Aller au tribunal, cela signait la fin de relations commerciales normales entre nous, que l’on gagne ou que l’on perde », déplore un adhérent de l’Ouest.

Aujourd’hui, à côté des négociations sur un futur accord-cadre, l’épisode judiciaire pour la non-application de l’ancien continue avec le pourvoi en cassation de Sunlait. Le risque est d’entériner définitivement la défaite de l’AOP face à Savencia, ce qui hypothéquerait grandement l’existence de Sunlait.

« Si quelques exploitations 'Sunlait' nous ont rejoints, nous ne cherchons pas davantage d’adhérents car nous voulons rester une petite OP, plus agile. C’est plus facile de trouver un acheteur pour peu de volumes. Plus on est gros, plus on est dépendant d’un acheteur. » Serge Lagahé, président de FMB Sud Ouest, notamment en relation avec Savencia

Les plus lus

<em class="placeholder">Denis Battaglia, éleveur laitier en Meurthe-et-Moselle, devant son silo de maïs</em>
« Nous avons toujours plus d’un an de stocks d’avance en fourrages »

Le Gaec du Rupt de Viller, en Meurthe-et-Moselle, refuse de se retrouver confronté à un manque de stocks fourragers. Au fil…

<em class="placeholder">Prairie avec une vache Normande et une vache de race Prim&#039;Holstein en Mayenne. </em>
Prairies permanentes : la Commission européenne donne son feu vert pour l’assouplissement

La demande de modification des règles des BCAE 1 et 9 encadrant les prairies permanentes et les prairies sensibles dans la PAC…

<em class="placeholder">Romain Lelou devant son robot de traite.</em>
« Nos 135 vaches, traites par deux robots saturés, pâturent jour et nuit en Loire-Atlantique »
Au Gaec du Champ-Léger, en Loire-Atlantique, les éleveurs ont fait le pari de traire avec deux robots jusqu’à 140 vaches, et ce 2…
<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

%agr
« Nous économisons 2 500 euros en quinze mois en récupérant les eaux de toiture dans notre élevage laitier »

Élodie et Mathieu Regazzoni, associés en Gaec à Scey-Maisières dans le Doubs, traitent au chlore les eaux de récupération de…

Carte de la zone régulée FCO 3 au 21 novembre 2024.
FCO 3 : 269 foyers détectés en plus mais pas de nouveau département touché

A date de jeudi 21 novembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 7 935 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière