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« J’ai changé de région pour pouvoir m’installer »

Alexandre Évrard s’est installé à Guenrouet en Loire-Atlantique en avril dernier, alors qu’il vient du Pas-de-Calais. Du haut de ses 23 ans, avec un Bac Pro en poche et du courage à revendre, il a bien raisonné son projet.

Pas moins de 650 km le séparent aujourd’hui de sa région d’origine. Mais pour Alexandre Évrard, peu importe. Sa passion pour les vaches et sa détermination à s’installer l’ont emporté sur la distance. Ses parents n’étaient pas agriculteurs, mais il a baigné toute sa jeunesse dans l’élevage. « Mon oncle avait une petite structure avec des laitières et des allaitantes et j’ai toujours voulu m’installer, raconte-t-il. Et même quand je n’étais encore qu’apprenti, j’ai commencé à mettre de côté en vue de reprendre une ferme un jour. » Mais entre la pression foncière et les pas-de-porte, s’installer dans la région était « mission impossible ». Pour se créer une cagnotte et engranger de l’expérience, il devient salarié en exploitation laitière. « J’ai travaillé quatre ans chez deux patrons qui m’ont beaucoup appris, confie-t-il. Ils touchaient à tout : élevage, cultures, mécanique, autoconstruction… Ça a été une vraie chance pour moi. »

Être au clair avec ses objectifs et le financement

Mais l’idée de s’installer continue à faire son chemin et prend forme alors qu’il passe des vacances en Loire-Atlantique avec son amie. « La région, entre mer et campagne, nous a plu. Nous logions dans un gîte à la ferme, chez des éleveurs qui sont devenus des amis depuis. Nous avons beaucoup échangé et j’ai alors pris conscience des avantages à m’installer sur le département : le secteur est dynamique, il y a du choix dans les reprises, les prix sont abordables, et contrairement à chez nous où la compétition avec les cultures est forte, ici, c’est vraiment une terre d’élevage. »

 

 
La stabulation compte 65 logettes, avec une fumière couverte de 400 m2 dans le bout. © E. Bignon

 

Mais encore fallait-il trouver une ferme… Avant de foncer tête baissée, Alexandre a commencé à approcher des banques pour tâter le terrain. « Il faut déjà avoir une bonne idée de l’enveloppe possible quand on prospecte. Je savais également qu’il me faudrait 20 % d’autofinancement », poursuit-il. Ses critères de recherche aussi étaient clairs. « Je cherchais une structure pas trop grande pour ne pas courir partout, avec un parcellaire groupé propice au pâturage. Et si possible peu de matériel car cela fait monter le montant de la reprise, mais ne rapporte pas grand-chose. » Deux autres points comptaient également : la présence d’un atelier volaille (pour embaucher son frère comme salarié à mi-temps) et une maison d’habitation sur place. C’est par l’intermédiaire d’Altéor Transaction, qu’il a trouvé une ferme correspondant au profil recherché. « Je n’ai vu la ferme qu’une fois avant de signer le compromis. Je n’ai pas hésité longtemps car je connaissais le prix du marché suite aux cinq-six visites que j’avais réalisées auparavant sur le secteur. Je savais que ce que demandaient les cédants était un juste prix. »

Les cédants ont acheté le foncier pour faciliter la reprise

Gilles et Yolande Haumont avaient à cœur de transmettre leur exploitation. « On savait que la transmission passait par l’achat du foncier. Aussi, un an à peine avant notre retraite, au décès de notre propriétaire, nous avons acheté 46 ha. Nous avions épargné quinze ans durant pour ça, mais cela restait un pari risqué car, à l’époque, nous n’avions pas de repreneur en vue", expliquent-ils. Pour le jeune, la reprise s’est donc limitée à l’achat de 2 ha (sous les bâtiments). En parallèle de son parcours à l’installation, Alexandre a suivi un stage de parrainage chez les cédants, de décembre à mars. « Nous étions tous dubitatifs sur l’intérêt de ce stage, mais cela a permis de prendre des repères et surtout de tisser des liens », indique Yolande. Les cédants habitent à 700 m de la ferme. « Je sais que je peux compter sur eux en cas de coup dur ou si j’ai une question », apprécie Alexandre, satisfait du bilan de ses premiers six mois. Le seul bémol tient à un manque de surface, qui le contraint à acheter un peu de fourrages. « Malgré la sécheresse, nous avons fait une belle saison de pâturage grâce au redécoupage des prairies en 24 petits paddocks. Le silo a été fermé trois mois. » « C’est encourageant pour la suite ! », reconnaissent les cédants, rassurés aussi que la compagne d’Alexandre partage son projet et ait trouvé rapidement un travail dans le coin.

Chiffres-clés

SAU 66 ha dont 50 ha de prairies et 16 ha de maïs
Cheptel 50 vaches
Référence 450 000 l
Atelier poulets label
Main-d’œuvre 1,5 UMO

Avis d’expert : Pierre Brousseau d’Altéor Transaction

« Une belle anticipation des cédants »

« Quand Gilles et Yolande ont fait appel à notre agence immobilière (1) pour vendre leur ferme, un an et demi avant la date théorique de leur retraite, ils craignaient vraiment de ne pas trouver de repreneur. Ils ont toutefois tout fait pour réussir à transmettre leur outil, en le maintenant fonctionnel et en état. Déjà en achetant 46 ha, ce qui a permis de sécuriser le foncier et de limiter le montant de la reprise. Ils avaient aussi anticipé la transmission lors de la mise aux normes en 2004, en faisant plus que le strict nécessaire. Ils étaient également ouverts à une éventuelle installation en ovins ou caprins. Concernant le prix, ils ont retenu une valorisation cohérente avec la valeur économique de l’entreprise. L’étude économique d’Alexandre a tablé sur des hypothèses basses (350 000 l produits à 310 €/1000 l pour s’assurer de la viabilité du projet. En quasiment six mois, tout le dossier a été bouclé. »
(1) Rémunération à hauteur de 6-7 % du montant de la vente.
 

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