Installation : quand le cédant porte le capital avec le crédit vendeur
Lors d'une transmission familiale ou hors-cadre, un crédit-vendeur peut permettre de limiter le montant de l'installation financée par des emprunts.
Lors d'une transmission familiale ou hors-cadre, un crédit-vendeur peut permettre de limiter le montant de l'installation financée par des emprunts.
« Là où hier, on faisait 100 % de crédits bancaires, nous utilisons désormais d’autres techniques comme le crédit vendeur, explique Matthias Pain, chargé de financement des projets agri au Crédit agricole de Normandie. Loin d’être une habitude – « moins de 10 % des installations » –, le recours au crédit vendeur se développe lors des reprises d’exploitations agricoles.
« Avec le crédit vendeur, le cédant est impliqué dans le montage financier du repreneur. Cela demande un engagement de sa part, explique-t-il. Plutôt que de toucher l’ensemble du montant de la reprise en une fois, il reste propriétaire d’une partie des actifs. Le repreneur lui verse des loyers avant le rachat à une certaine échéance. Cela permet d’étaler les montants de reprise pour favoriser le renouvellement des générations. »
« Ce n’est pas un modèle systématique ou reproductible pour tous les dossiers, prévient Jean-Emmanuel Zaragoza, responsable du marché de l’agriculture au Crédit agricole de Normandie. Pour nous, financeur, cela montre aussi que le cédant a toute confiance dans le projet du repreneur. »
Le revers de la médaille ? « Avec un crédit vendeur, les cédants sont peut-être amenés à être encore un peu trop présents, estime Morgane Carn, directrice du service Conseil économique agricole du Cerfrance Brocéliande. Mais ce type de dispositif peut être intéressant pour une transmission progressive, notamment dans un cadre familial. »
Le crédit vendeur questionne également le montant de la reprise. « C’est peut-être que le montant de reprise est trop élevé pour une installation, lance Daniel Caugant, responsable du marché de l’agriculture au Crédit mutuel de Bretagne. J’ai le cas d’un jeune agriculteur qui a accepté de reprendre une ferme à 1,2 million d’euros avec un crédit vendeur. Aujourd’hui, il se dit que c’était trop cher et qu’il aurait dû négocier le prix à 1 million d’euros à payer en une seule fois grâce aux prêts et sans crédit vendeur. »
Repères
Lors d’un crédit vendeur, le cédant accorde des facilités au repreneur grâce à un paiement échelonné d’une partie du montant de la reprise. Cela peut concerner les terres, les bâtiments, le cheptel ou toutes autres formes d’actifs. Comme une banque, en échange, il perçoit des intérêts.