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Prémunir votre troupeau laitier des épidémies par des gestes barrières

À l'image des gestes barrière préconisés contre le coronavirus, voilà quelques exemples de gestes qui auraient un impact immédiat dans la transmission de maladies « banales » au sein de votre troupeau. Pourquoi s’en priver ?

Des maladies contagieuses, il en circule quelques unes dans les élevages. Et parfois même des coronavirus ! Il y a ceux qui circulent dans la nurserie et qui participent aux diarrhées des veaux, et il y en a d’autres qui donnent aux adultes la « diarrhée d’hiver » ou « grippe ». Les premiers habitent chez vous, mais il y a des chances pour que les seconds vous soient apportés à domicile sur des bottes pas désinfectées. Si vous aviez mis en pratique quelques gestes barrières, vos bêtes auraient sans doute échappé à ce genre d’épidémie...

Les troupeaux, même voisins, ne devraient jamais être en contact, ni direct ni indirect les uns avec les autres, mais les animaux d'un même troupeau vivent évidemment dans une certaine promiscuité. Néanmoins, en élevage laitier, les veaux en nurserie sont bien séparés des génisses, elles-mêmes séparées des vaches jusqu'en fin de gestation. Et s'il y a d'autres ateliers sur l'exploitation, ils sont distants et idéalement sans contact ni directs ni indirects avec les précédents. Il y a donc matière à cloisonner et à appliquer des gestes barrières pour éviter une circulation des pathogènes d'un troupeau à l'autre, d'un secteur à l'autre d'une même exploitation et parfois même d'un animal à l'autre, en particulier en nurserie.

La distanciation entre troupeaux est la règle, mais…

 

 
À la foire, les soigneurs mettent les doigts dans le mufle de la vache pour la diriger. À qui le tour ensuite ? © J.-M. Nicol

Avec le Covid-19, la distance à respecter entre individus est en France d'au moins un mètre mais plus prudemment de deux mètres ou de 6 pieds en Amérique du Nord. Si on voulait appliquer sensiblement la même distance entre les mufles de nos bovins (au souffle d'ailleurs nettement plus puissant) qui se font face par-dessus deux clôtures, il faudrait donc les éloigner d'environ 3,50 m pour empêcher la transmission d'un pathogène amateur de gouttelettes comme celui de l'IBR, de la BVD et d'autres dont le bacille tuberculeux…

La lutte collective contre ces pathogènes se heurte ici ou là à ce défaut de distanciation qui favorise la contamination estivale ou la recontamination de troupeaux devenus indemnes. À défaut, il faudrait que les éleveurs voisins se concertent pour mettre à tour de rôle leurs animaux sur ces pâtures, ce qui sous-entend d'établir entre voisins un accord de transparence que les GDS devraient favoriser et que réalisent sans difficulté les éleveurs qui ont l'habitude de mettre leurs bêtes dans la même estive.

Se protéger des visiteurs

 

 
Un lave-botte ! © J.-M. Nicol

Le commerçant, le négociant, le contrôleur, l’inséminateur et le vétérinaire s’invitent périodiquement dans l’élevage et peuvent rapprocher de vos animaux quelques pathogènes. D'où l'intérêt de disposer d'une infirmerie et d'un espace destiné aux vaches à inséminer, tous les deux désinfectés de manière routinière, histoire d’éviter que le véto ou l’inséminateur traversent la stabulation. Pourquoi, dans les exploitations françaises, est-il rare de trouver un lave-botte et un pédiluve à la disposition de ces visiteurs ?

Les gestes barrières dans le troupeau

 

 
Comment contaminer la ration… © J.-M. Nicol

Transporter les refus d'un lot à l'autre ou vers un autre atelier présente le risque de voir se transmettre des maladies respiratoires et aussi des maladies diarrhéiques. Car des projections de bouse fluide parviennent régulièrement à souiller la ration avec la même facilité qu’elles souillent un abreuvoir. Profitez des avantages de la distanciation que procure la gestion de lots abrités dans des bâtiments distincts !

Quelques virus respiratoires saisonniers assez communs peuvent être excrétés de nouveau par de jeunes animaux asymptomatiques précédemment en contact et plus ou moins immunisés. Une bonne précaution sanitaire serait d'éloigner ces animaux qui ont plus de 10-12 mois de leurs cadets et de les mettre, au moins pour l'hiver, dans un autre local.

Les maladies abortives profitent presque toutes de la formidable quantité de pathogènes contenus dans l'avorton, les eaux fœtales et le placenta pour gagner du terrain. Surtout dans un troupeau qui ne fait pas vêler les vaches dans un local dédié, nettoyé et désinfecté, qui laisse les placentas au contact d'autres vaches ou qui laisse les carnivores s'en délecter. Voilà encore des gestes barrières dont il faut faire usage sans modération !

Particulièrement utile en nurserie

 

 
Comment a été recueilli le colostrum, et les mains sont-elles lavées ?  © J.-M.Nicol

Ils prennent tout leur sens en nurserie et devraient y être appliqués avec la même rigueur que dans une maternité. Ils reposent sur la désinfection de la case individuelle, de la vaisselle et même des doigts du soigneur avant d'aller dans la bouche d'un nouveau-né ou après être allés au contact d'un malade. Mais avant cela, le premier geste barrière demeure la distribution généreuse de colostrum exempt de pathogènes, ce qui implique au moins dans les élevages à paratuberculose de thermiser le colostrum, lui-même recueilli dans des conditions d'hygiène sans faille.

Matériel en commun, concours...

Faut-il évoquer le matériel en commun comme la bétaillère, le couloir mobile ou la cage de parage qu'il faut désinfecter avec un biocide adapté, suffisamment concentré et avec un temps de contact suffisant ? Chaque Cuma impose-t-elle ce type de procédures ? Fournit-elle le biocide comme les magasins fournissent les gants et le gel ? Faut-il s'attarder sur les concours dans lesquels les animaux peuvent ne pas être indemnes de tous pathogènes, et dont la promiscuité et les manipulations favorisent la transmission ?

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