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Deux réserves d’eau vandalisées : la sécheresse attise la guerre de l’eau

Dans la nuit du 8 au 9 août, alors que la Vendée subit une sécheresse historique, deux réserves d'eau pour l'agriculture ont fait l'objet d'actes de malveillance.

Réserve d'eau de Nalliers, en Vendée, endommagée.
Réserve d'eau de Nalliers, en Vendée, endommagée.
© syndicat mixte Vendée-Sèvres-Autizes

La sécheresse accentue les conflits d’usage de l’eau et stimule les actions d’activistes sur le terrain. Deux réserves d'eau pour l'agriculture ont été endommagées volontairement, sans perte d'eau, en Vendée dans la nuit de lundi 8 août à mardi 9 août, a dénoncé le 10 août le syndicat mixte Vendée-Sèvres-Autizes (SMVSA), collectivité propriétaire des installations.
 

Vers un million d'euros de dégâts

Ces deux réserves, situées sur les communes de Pouillé et Nalliers, au sud-est de la Roche-sur-Yon, en bordure du Parc naturel régional du Marais Poitevin, ont fait l'objet « d'actes de malveillance », accuse le syndicat mixte dans un communiqué en annonçant sa volonté de porter plainte.

« Les dégâts occasionnés sont en cours d’estimation mais il est évident que l’unité de mesure sera le million d’euros. Les réparations des réserves devront être effectuées pour l’année prochaine », déplore le syndicat dans un communiqué.
 

« Un bien public relevant de l’intérêt général »

 « Pour rappel, ce projet de réserves de substitution a été défini de manière concertée avec l’ensemble des acteurs du territoire, et notamment les associations environnementales et agricoles. Les retenues constituent un outil de gestion de la ressource en eau d’intérêt collectif pour le soutien des niveaux du marais, pour la préservation de la biodiversité ou encore pour le maintien de l’élevage en marais, particulièrement vulnérables aux sécheresses et indispensables au maintien des prairies naturelles, d’où l’incompréhension de cette destruction », souligne le SMVSA qui ajoute « ces actes de dégradation des réserves sont d’autant plus répréhensibles qu’ils ne sont pas signés. Le syndicat n’a donc aucun interlocuteur avec qui établir un dialogue constructif et faire évoluer les modes de gestion ».

Le SMVSA insiste par ailleurs sur le fait que ces réserves « sont un bien public relevant de l’intérêt général et financé par les collectivités (Département, Région, Agence de l’Eau) ainsi qu’un emprunt souscrit par le syndicat mixte et dont les mensualités sont prises en charge par les irrigants ». « Pour rappel, ces investissements prennent en compte les compensations environnementales opérées depuis plus de 20 ans comme la création de 70 hectares de prairies naturelles pour répondre aux enjeux Natura 2000 et la création d’un verger mis à disposition des Restos du Cœur de Mouzeuil Saint Martin », précise le SMVSA.

« Il faut que ça s’arrête, sinon on court à la catastrophe humaine »

« Les gens capables de commettre de tels actes doivent être retrouvés, sanctionnés et punis. Il faut que ça s’arrête, sinon on court à la catastrophe humaine, on est en guerre ! » a déclaré hier Eric Porcher, agriculteur et président de la Commission Eau de la FDSEA de Vendée devant la Préfecture. « Nous allons demander à toutes les organisations qui siègent au Comité sécheresse de condamner fermement ces actes. Autrement ils n’ont rien à faire dans ce comité, leur silence étant une approbation tacite », a déclaré de son côté Brice Guyau, président de la FDSEA85.


A l’initiative : « jardiniers, pêcheurs et amoureux des cours d’eaux »

Si l’acte de vandalisme n’est pas officiellement revendiqué, citant Les Soulèvements de la Terre et Extinction Rebellion, plusieurs activistes relayaient hier sur Facebook le message suivant : « Alors, comme #ChacunLePeut, la nuit du 8 au 9 août, nous avons enfilé des gants et masqué nos visages, nous avons pris des pinces et des couteaux, et nous avons enlevé les bâches qui recouvraient deux méga-bassines. » Ils se qualifient de « jardiniers, pêcheurs et amoureux des cours d’eaux ».

« Ce n’est pas une attaque contre les agriculteurs qui les utilisent, mais contre le système industriel qui les exploitent eux aussi. C’est aussi un message à la préfecture et au gouvernement : s’il n’y a pas vite un arrêt des projets de méga-bassines, nous appliqueront, de fait, un moratoire aujourd’hui plus que vital. Nous sommes des millions, à vivre directement les conséquences du réchauffement, à voir nos rivières s’assécher, et nous sommes prêts à passer à l’action. »


Marc Fesneau et Christophe Béchu condamnent fermement

Dans un communiqué commun, les ministres de l’Agriculture Marc Fesneau et de la Transition écologique Christophe Béchu ont condamné « avec fermeté ces faits de vandalisme ». « Au-delà des suites judiciaires qui seront réservées, ces dégradations sont inacceptables dans une période de sécheresse historique qui touche l'ensemble du territoire métropolitain », ont souligné les ministres, dénonçant « ces agissements irresponsables » aux « conséquences dommageables pour le territoire et la poursuite des activités humaines, agricoles et économiques ».

Les ministres font également savoir que, dès mardi soir, « la surveillance a été renforcée autour des autres réserves du secteur ».

Une enquête de la gendarmerie est en cours, selon nos confrères d’Agrafil qui citent la Préfecture de la Vendée.

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