Chouchoutez vos vaches taries
Le tarissement mérite rigueur et attention. Les résultats de lactation, la santé du veau et la capacité de la vache à se reproduire en dépendent. Adopter une conduite spécifique vaut la peine, même si ce n’est pas la solution de facilité.
Le tarissement mérite rigueur et attention. Les résultats de lactation, la santé du veau et la capacité de la vache à se reproduire en dépendent. Adopter une conduite spécifique vaut la peine, même si ce n’est pas la solution de facilité.
"Les vaches taries sont souvent considérées comme des animaux improductifs sur les élevages », regrette Philippe Arzul, vétérinaire consultant Vitalac. Les éleveurs estiment généralement qu’elles méritent moins d’attention que les animaux en lactation. Et il n’est pas rare qu’elles se trouvent reléguées sur des parcelles éloignées, sans surveillance, ni conduite spécifique.
« Quand on interroge les éleveurs sur la ration des vaches taries, le plus souvent, il n’y a pas de ration calculée, constate Lionel Reisdorffer, vétérinaire consultant Obione. Et même s’il y a une préparation au vêlage, celle-ci ne dure pas suffisamment longtemps ou n’est pas abordée comme une phase importante. » Or, le tarissement est un moment-clé de la carrière de la vache. Et il doit faire l’objet d’une attention particulière car les animaux sont fragilisés et sensibles aux stress les semaines précédant le vêlage.
« Un élevage laitier sans conduite spécifique au tarissement, c’est comme une maison sans fondation. La question n’est pas de savoir si elle va s’effondrer, mais quand », commente François Derot, directeur de Keenan, en soulignant même que « la vache tarie doit se positionner comme l’animal le plus important de l’élevage ».
Le tarissement ne se limite ni à un simple arrêt de la traite, ni à une période où il est possible de réaliser des économies en termes d’alimentation, en proposant beaucoup de fourrages grossiers, les refus des laitières, un pâturage de faible qualité… Au contraire, le tarissement doit se concevoir comme la préparation à la lactation suivante et la prévention de nombreux risques sanitaires pour la vache et son veau.
« Toute erreur au tarissement sera sanctionnée après le vêlage, insiste Philippe Arzul. Si les vaches taries sont délaissées, pas étonnant de se retrouver avec des bêtes peu toniques au vêlage. » Avec le cortège de pathologies associées au début de lactation : oedèmes mammaires, mammites, cétoses, métrites, déplacements de caillette, non-délivrances, fièvres de lait… Sans oublier les problèmes sur les veaux naissants. « Les éleveurs ne font pas toujours le rapprochement entre des pratiques inadaptées au tarissement et les problèmes rencontrés deux mois plus tard. Les deux sont pourtant fortement corrélés. »
Au vêlage, on veut une vache dotée d’un rumen fonctionnel, avec un volume conséquent, une flore microbienne adaptée, et dont les besoins en minéraux, oligoéléments et vitamines sont couverts. Facile à dire, mais dans la pratique, ce n’est pas toujours évident de gérer un lot de vaches taries. Surtout en cas d’effectifs limités, de vêlages étalés. Mais le jeu en vaut la chandelle. Nul doute qu’une bonne gestion du tarissement et de la transition au moment du vêlage contribuent à un bon démarrage en lactation.
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