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Mise à l'herbe : six conseils pour réussir la transition alimentaire de ses vaches laitières

La réussite de la saison de pâturage des vaches laitières débute par une mise à l’herbe bien gérée et une transition alimentaire progressive.

<em class="placeholder">vaches laitières au pâturage</em>
Mieux vaut sortir les vaches tôt que d’avoir une transition trop rapide avec beaucoup d’herbe à consommer dès le début du pâturage.
© A. Conté

1. La portance des sols guide la date de sortie des vaches

C’est la portance des parcelles qui va décider de la première sortie des vaches. Selon les régions et les sols, elle sera possible dès la fin janvier dans les secteurs les plus favorables, mi-février en climat océanique, voire mi-mars en climat continental. « Plus la surface d’herbe par vache est importante, plus il faut commencer tôt le déprimage pour ne pas être débordé par l’herbe », souligne Étienne Doligez, directeur technique adjoint de Littoral Normand. Les vaches iront en premier dans les parcelles les plus portantes et celles qui seront débrayées pour la fauche.

Afin de pouvoir débuter le pâturage dès que les conditions le permettent, anticipez les préparatifs en période hivernale, notamment la réfection des chemins et la vérification des clôtures.

2. Une transition alimentaire d’au moins trois semaines

La flore ruminale des bovins doit s’adapter au changement de fourrages. Ce qui demande au minimum trois semaines. Plus la transition est longue, de trois à cinq semaines, mieux c’est pour l’adaptation de la flore qui se fera sans à-coups. « Pour réussir sa transition, un bon repère est de ne pas modifier la composition de la ration de plus de 5 kg MS par semaine », partage Guylaine Trou, chargée d’études alimentation et santé du troupeau laitier à la chambre d’agriculture de Bretagne.

L’augmentation progressive de la quantité d’herbe se fera en jouant sur le temps de pâturage et/ou la surface disponible. Il faut commencer par sortir les vaches en fin de matinée-début d’après-midi et diminuer la ration à l’auge. Parallèlement à l’augmentation du temps de pâturage, la ration distribuée sera réduite progressivement. En partant sur une transition de trois semaines, la première semaine, les deux tiers de la ration seront distribués, la moitié la deuxième semaine, pour arriver à un tiers la troisième.

Mieux vaut sortir tôt que d’avoir une transition trop rapide avec beaucoup d’herbe à consommer dès le début du pâturage. « S’il y a peu d’herbe, cela facilitera une transition en douceur et permettra quand même d’avancer sur le déprimage », estime Jérôme Larcelet, consultant nutrition chez Seenorest.

3. Jouer sur le temps de pâturage si la météo est instable

Une fois la transition alimentaire faite, il faut maintenir le pâturage pour ne pas perturber ce nouvel équilibre de la flore ruminale. Si les conditions météo se dégradent, avec des périodes de fortes précipitations, il faut continuer à sortir les vaches mais sur de plus courtes périodes. « Mieux vaut jouer sur le temps de pâturage plutôt que d’alterner les périodes avec et sans pâturage, conseille Guylaine Trou. Les vaches peuvent augmenter leur vitesse d’ingestion. En deux heures, elles peuvent ingérer 5 kg MS d’herbe. Ce court temps limitera le piétinement. » En cas de gel, pour préserver la parcelle et l’ingestion, il est recommandé d’adapter l’heure de sortie et de vérifier que les abreuvoirs fonctionnent bien.

4. Adapter la complémentation des vaches laitières

L’herbe jeune est riche en protéines et en sucres rapidement fermentescibles mais pauvre en cellulose. « Ce qui va induire un risque de baisse du pH ruminal et d’installation d’acidose ruminale, traduit Jérôme Larcelet. En termes de complémentation, mieux vaut passer des céréales à paille au maïs grain, dont la digestibilité de l’amidon est plus lente. »

La quantité de concentré de production sera à adapter « selon l’objectif de production, le prix du lait et le prix du concentré », conseille Guylaine Trou. En plus, du foin à disposition aidera à maintenir une certaine fibrosité dans la ration.

Retrouvez le reportage : « Une sortie à l’herbe en hiver, même de deux heures, est bénéfique »

5. Apporter du magnésium

L’herbe jeune a une teneur élevée en potassium. Or, cet élément freine l’absorption du magnésium et accélère le transit. Même si les risques de tétanie d’herbage sont limités, il est recommandé d’apporter une complémentation en magnésium, à raison de 50 g/VL/j de magnésie, quinze jours avant et quinze jours après la mise à l’herbe.

6. Réduire, voire supprimer le correcteur azoté de la ration

Une herbe feuillue et de bonne qualité apporte suffisamment d’azote dans la ration. Il faut donc réduire le correcteur azoté au fur et à mesure que l’herbe remplace le maïs dans la ration. Il est possible de supprimer complétement le correcteur azoté quand le pâturage représente plus de la moitié de la ration ou que la valeur de l’herbe permet de distribuer moins de 5 kg MS de maïs.

Pour en savoir plus : Mise à l’herbe : comment éviter de gaspiller ses prairies

Le saviez-vous ?

D’après les expérimentations menées à la station Inrae du Rheu qui étudie le pâturage des vaches laitières :

  • Les vaches peuvent ingérer une ration 100 % herbe pâturée en 10 heures
  • 3 à 4 heures de pâturage par jour suffisent pour manger une demi-ration d’herbe

 

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Étienne Doligez, directeur technique adjoint de Littoral Normand. © Littoral Normand
 

Étienne Doligez, de Littoral Normand : « C'est la surface à pâturer et la portance des sols qui doivent guider la date de mise à l'herbe. »

 

 
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Guylaine Trou, chambre d'agriculture de Bretagne. © F. Mechekour
 

Guylaine Trou, de la chambre d'agriculture de Bretagne : « Si les conditions météo se dégradent, mieux vaut jouer sur le temps de pâturage plutôt que d’alterner les périodes avec et sans pâturage. »

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