Bâtiment d’élevage : « En apportant confort, ventilation et lumières leds à mes vaches laitières, j’ai gagné en lait »
En combinant ventilation naturelle et mécanique avec un éclairage par leds, Dominique Lepage a amélioré les conditions de vie de son cheptel en Ille-et-Vilaine. Ce qui s’est traduit sur les performances de ses vaches laitières par une hausse de 5 % de la production de lait.





Soucieux des conditions de vie de son troupeau, Dominique Lepage a revu le fonctionnement de sa stabulation. Construit par ses parents au milieu des années 1980, le bâtiment d’élevage est à proximité d’un hangar d’un côté, des silos et de la nurserie de l’autre. Comme cela se faisait à cette époque, il était bardé en tôles.
« J’observais que tant que les vaches étaient au pâturage, elles étaient en pleine forme. Une fois rentrées en bâtiment, elles étaient sales, le poil terne, comme si des poussières leur retombaient dessus », se souvient l’éleveur. En hiver, il les trouvait moins en forme, les chaleurs étaient moins exprimées. En parallèle, l’été, le nombre d’épisodes de stress thermique augmentait. Comme il est aussi éleveur de lapins, Dominique Lepage sait l’importance d’une ambiance de qualité pour le bien-être et la productivité des animaux.
Il se penche donc sur les conditions de ventilation et de température dans la stabulation. Première étape, en 2020, il installe 90 buses de brumisation au-dessus du parc d’attente, dans la salle de traite et la stabulation. En novembre 2022, Dominique Lepage veut aller plus loin dans l’amélioration de l’ambiance du bâtiment. Avec un spécialiste ventilation, il fait le point sur l’existant et ce qui pourrait être fait. « Il en est ressorti la nécessité d’ouvrir le bâtiment pour augmenter la ventilation naturelle », retrace l’éleveur.
Plus d’air grâce à la ventilation naturelle et mécanique
Adieu le bardage et les tôles, Dominique Lepage crée des ouvertures pour privilégier la ventilation naturelle. Dans le parc d’attente, qui est coincé entre la nurserie et la stabulation, des bouches d’aération ont été posées sur le toit pour permettre une entrée d’air. Le bardage a été enlevé entre le parc d’attente et la stabulation. Côté nord-est, le bardage a été entièrement remplacé par un rideau brise-vent. Il est souvent ouvert. Il se ferme automatiquement en cas de pluie ou de grand vent. « Avec cet apport d’air, les logettes sont plus sèches, les vaches sont propres », apprécie Dominique Lepage. En complément, pour les journées les plus chaudes, quatre ventilateurs ont été installés au-dessus des logettes.
Et de la lumière grâce aux leds installés dans la stabulation
Dans sa réflexion pour améliorer l’ambiance, Dominique Lepage a aussi repensé la luminosité de la stabulation. « Le fait d’avoir remplacé le bardage en tôle par un rideau apporte déjà de la luminosité, note l’éleveur. Il faut aux vaches 16 heures à 200 lux par jour. C’est loin d’être le cas toute l’année. En faisant les devis pour la ventilation, j’ai regardé ce que les constructeurs proposaient en termes d’éclairage. » Il décide de remplacer les néons par des leds, peu gourmandes en électricité et qui diffusent une lumière blanche, adaptée à l’élevage. L’éclairage apporte également du confort de travail. « La luminosité est telle qu’on est tout le temps comme en plein jour sans la chaleur », apprécie Dominique Lepage. En plus de favoriser une bonne répartition des animaux dans tout le bâtiment, ce nouvel éclairage a amélioré la reproduction. « Avant, j’avais l’impression de ne jamais voir les vaches en chaleur l’hiver. »
De bonnes conditions de démarrage des génisses laitières
Attenante à la stabulation et au parc d’attente, la nurserie avait aussi besoin que son ambiance soit revue. Un rideau fixe a remplacé le bardage entre la stabulation et la nurserie et en pignon pour apporter de la lumière sans échange d’air. Des leds viennent compléter l’éclairage. Une gaine de ventilation a été installée pour maintenir le local en surpression. « Cette gaine permet d’introduire de l’air sain pour chasser l’air vicié, schématise Dominique Lepage. On le pousse doucement et de façon continue pour qu’il n’y ait pas de courant d’air. Cela supprime l’humidité sur le dos des génisses et prévient des problèmes respiratoires. »
Ces travaux ont été bénéfiques aux performances. « L’an dernier, sans rien changer à la conduite, la production de lait a augmenté de 5 %. Il n’y a pas eu de chute en été. Les génisses grandissent mieux. Je peux les inséminer plus tôt et obtenir des premiers vêlages à 23 mois. Ce n’est pas facile d’estimer le retour sur investissement mais il y a une amélioration des performances en lait et les animaux sont en pleine forme. Donc j’y ai gagné, c’est sûr », conclut l’éleveur.
Un pilotage centralisé de la ventilation et de l'éclairage
Pour que les installations de ventilation et d’éclairage soient pleinement performantes, il faut qu’elles s’adaptent en permanence aux conditions. Perchée au point le plus haut du bâtiment, une station météo enregistre le vent, la température et la pluviométrie. La stabulation et la nurserie sont équipées de capteurs d’ambiance. Il y a également un capteur de luminosité.

Ensuite, la domotique gère les différentes installations en fonction de ces données et des consignes données par l’éleveur, via un boîtier. « Si un excès d’ammoniac est détecté, le rideau va s’ouvrir un peu pour ventiler », explique Dominique Grosset, chargé d’affaires pour Huesker. L’éleveur peut modifier des paramètres ou prendre la main sur les installations depuis un SmartPad, installé dans son bureau ou à distance, via une appli. Comme le boîtier est connecté, les mises à jour sont automatiques et l’équipementier peut prendre la main à distance pour diagnostiquer une panne.
La lumière, un facteur clé pour la production laitière
Si la reproduction des bovins n’est pas, comme celle des caprins ou des ovins, dictée par la durée des jours, l’exposition à la lumière joue quand même sur le retour en chaleurs et la production. L’Institut de l’élevage recommande, dans le document L’éclairage artificiel des bâtiments d’élevage de ruminants, que les vaches laitières passent de 16 à 18 heures par jour dans une luminosité de 150 à 200 lux, puis 6 à 8 heures dans l’obscurité.
Une durée d’éclairage suffisante stimule l’ingestion. Le fonctionnement hormonal est aussi influencé par la lumière. L’exposition à la lumière freine la sécrétion de la mélatonine. Quand le taux de mélatonine diminue, la sécrétion d’IGF 1, qui est un facteur de croissance, augmente, ce qui est favorable à la production laitière. Il est nécessaire de garder une alternance jour/nuit pour que le corps réagisse à une photopériode prolongée.