Gestion du parasitisme : des pratiques à remettre en question
Le traitement systématique ou le non-traitement, sans contrôle de la présence ou non de parasites, sont à proscrire.
Le traitement systématique ou le non-traitement, sans contrôle de la présence ou non de parasites, sont à proscrire.
L’automne est là, la période des visite-bilan sanitaires également. Et cette dernière révèle parfois des pratiques à améliorer sur la gestion du parasitisme. Premier cas : — « Je ne fais rien et ça se passe bien » — « Tu contrôles parfois en faisant une analyse de lait ou de sang ou une copro ? » — « La laiterie ne m’a rien dit pour le lait… » Et la maîtrise de la situation s’arrête là.
Autre possibilité : — « Je traite systématiquement tout le monde à la rentrée ! Et les génisses aussi à la mise à l’herbe » — « Tu traites les vaches systématiquement contre les strongles ? Toutes les années ? Tu avais eu des problèmes ? » — « Non, on a toujours fait ça et pas de problème, alors on continue."
Les strongles se développent dans le tube digestif, estomacs et intestins. Certains ont même un cycle passant par les poumons, causant alors une « bronchite vermineuse ». La grande douve trouve son habitat final dans les canaux biliaires (foie), et le paramphistome reste cantonné aux estomacs-intestins.
La contamination dépend de nombreux paramètres. De l’âge des animaux : pour les strongles, les jeunes sont plus sensibles que les adultes, censés avoir développé une immunité. De la pratique de pâturage : le surpâturage accentue la contamination, alors qu’elle sera faible si les animaux pâturent une parcelle fauchée au printemps. De la présence de zones humides pour la douve, classiquement autour du point d’abreuvement s’il n’est pas parfaitement aménagé. Et aussi de la météo… Les signes cliniques d’une infestation sont variables : diarrhée, amaigrissement, poil piqué, retard de croissance, baisse de production laitière, moindre qualité du colostrum…
Concernant douve et paramphistome, les mesures agronomiques sont indispensables puisqu’aucune immunité efficace n’existe. Par contre pour les strongles, une immunité se développe après huit mois de contact. Attention, pas forcément de huit mois continus ! Une telle pratique est souvent catastrophique car elle cause une infestation très marquée et une baisse de croissance dramatique. Sur les élèves, la situation doit être surveillée de près. Si l’immunité n’est pas assez marquée, on aura des problèmes sur les primipares qui devront gérer en même temps parasitisme, stress du vêlage, arrivée dans le troupeau…
Prendre les choses en main
Comment mettre en évidence une infestation parasitaire ? Il existe plusieurs possibilités :
- L’analyse de lait : elle permet de voir l’ampleur du contact des laitières avec Ostertagia, un des strongles les plus pathogènes. Plus le contact a été important, plus le risque d’observer une chute de production est probable, plus un traitement a d’intérêt.
- Le dosage du pepsinogène dans le sang pour les génisses : un taux trop bas montre qu’elles ont été peu en contact avec des strongles et ont donc peu développé leur immunité ; un taux trop important annonce un risque élevé d’observer des problèmes type diarrhée, retard de croissance…
- La sérologie : elle est plus intéressante pour la douve que la coproscopie (peu fiable car faible production d’œufs).
- La coproscopie-analyse de bouse : pas forcément suffisante pour juger de l’infestation par les strongles, elle est par contre utile pour le dépistage du paramphistome.
Une fois ces paramètres connus, on peut alors choisir de traiter tout le troupeau ou seulement quelques animaux (primipares, bovins en mauvais été général…).
Un des prochains défis à relever
Il est probable qu’après un plan éco-antibio, un plan éco-parasito voit le jour : certaines molécules ont un impact important dans l’environnement. C’est le cas notamment des avermectines ou autres lactones macrocycliques, toxiques pour les insectes et les organismes aquatiques. Ce phénomène de toxicité est accentué par l’administration de forme à diffusion longue (d’une dizaine de jours jusqu’à 5 mois !). Il faudra donc conjuguer délai d’attente pour l’environnement et pour les denrées alimentaires. À noter qu’il ne reste plus qu’une molécule active contre les strongles et ayant un délai lait de zéro jour, et c’est justement une lactone macrocyclique. Autant de raisons de remettre en question les pratiques de chacun, éleveurs et vétérinaires.
À retenir