Autonomie protéique : « Des prairies de fauche plutôt que des méteils en dérobée »
Fabien Olivier, de la chambre d'agriculture de Normandie, accompagne un groupe d'éleveurs de la Manche et témoigne de leur trajectoire pour gagner en autonomie protéique. « Dans les systèmes très maïs, ils implantent de plus en plus de prairies de fauche, au détriment des méteils en dérobée avant maïs. »
Fabien Olivier, de la chambre d'agriculture de Normandie, accompagne un groupe d'éleveurs de la Manche et témoigne de leur trajectoire pour gagner en autonomie protéique. « Dans les systèmes très maïs, ils implantent de plus en plus de prairies de fauche, au détriment des méteils en dérobée avant maïs. »
« Les éleveurs du GIEE autonomie alimentaire du Cotentin partaient de systèmes où le maïs était très majoritaire, avec des prairies pour le pâturage et peu d'herbe ensilée. Ils ont d'abord testé les méteils. L'avantage est que, cultivé en dérobée, le méteil ne perturbe pas l'assolement et les rotations. Les premiers méteils étaient souvent à base de céréales (avoine ou triticale), pois, féverole et vesce. Pas assez précoces, les éleveurs trouvaient qu'ils pénalisaient trop les maïs qui suivaient. À présent, les éleveurs font des méteils plus précoces, avec des mélanges à base de seigle et de vesce entre deux maïs. Mais quand les conditions météo sont trop mauvaises pour récolter au bon stade, la récolte est retardée, la valeur alimentaire du méteil diminue et ne répond plus à l'objectif des éleveurs.
Cherchant un système fourrager plus simple et moins coûteux, de plus en plus d'éleveurs se tournent vers les prairies, notamment de fauche, pour complémenter le maïs. L'objectif est de constituer des stocks d'ensilage d'herbe en quantité et en qualité : au moins 15 à 18 % de MAT et plus de 2 t MS par coupe. Le méteil est néanmoins conservé, mais pas avant maïs. Semé en même temps que la prairie au printemps, il est récolté en début d'été et laisse alors la place à une prairie temporaire, que beaucoup d'éleveurs du groupe exploitent en fauche. En outre, le semis de prairie sous couvert de méteil limite le salissement.
Depuis 2021, les groupes cherchent les meilleurs mélanges pour prairie de fauche, adaptés au contexte pédoclimatique local. Pour l'instant, il ressort des expérimentations que les mélanges très riches en trèfles blanc et violet ressortent le mieux en rendement et en qualité : plus de 12,5 t MS/ha en quatre coupes en 2021 et des 3e et 4e coupes à plus de 15 % de MAT. La luzerne est malheureusement pénalisée par les conditions très pluvieuses de l'hiver 2020 qui ont sapé son implantation. Des mélanges plus complexes se sont avérés décevants. En année sèche comme en 2022, nous n'avons pas de mélange parfait, même si les légumineuses tirent plus leur épingle du jeu. Si la luzerne s'était bien implantée, elle aurait pu faire la différence. »