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Allo véto : l’atrésie du colon, une anomalie congénitale fréquente chez les veaux laitiers

Un petit veau gonflé, qui se lève et se couche, regarde ses flancs, se donne des coups de pied dans l’abdomen, et l’absence de selles peuvent être des signes d’un rétrécissement anormal du diamètre du colon.

<em class="placeholder">Atrésie du colon veau laitier</em>
90 % des veaux présentant une atrésie intestinale sont des prim’Holstein ou croisés prim’Holstein.
© C. Fouquet

« Bonjour, j’ai un veau de 3 jours ballonné. Je lui ai fait avaler un tuyau avec un peu de paraffine, mais il ne dégonfle pas et il n’a plus d’appétit. » Le réflexe du tuyau était une bonne idée dans l’urgence, et cela aurait sans doute soulagé un veau plus âgé, ballonné à cause d’une accumulation de gaz dans le rumen. L’absence d’efficacité de la méthode sur ce veau est liée au fait que le rumen n’est pas vraiment fonctionnel à cet âge : il n’y a pas de granulés à fermenter, le ballonnement est dû à l’accumulation de lait dans la caillette.

À retenir

• Veau prim’Hostein de moins de 1 semaine qui ne fait pas de selles : vérifier s’il n’y a pas de perforation anale

• Perte d’appétit, ballonnement : ne pas confondre avec une gastro-entérite paralysante

• Pronostic désespéré sauf si chirurgie

• Déclaration à l’Onab

Le veau n’est pas fiévreux, et difficile de dire si les bouses sont normales : il a le derrière brillant, il n’a pas fait son méconium et un doigt introduit dans l’anus ne fait sortir que quelques glaires. Le plus probable sur un animal si jeune est une malformation congénitale. Parfois l’anus n’est pas percé, parfois l’anomalie est plus haut, au niveau des intestins.

Les prim’Holstein prédisposés

Les atrésies (rétrécissements anormaux du diamètre) intestinales existent dans de nombreuses espèces et font partie des anomalies congénitales les plus fréquentes chez les bovins. 90 % des veaux présentant cette malformation sont des prim’Holstein ou croisés prim’Holstein. Les mâles semblent être plus fréquemment touchés que les femelles. L’origine héréditaire est probable mais le gène responsable n’a pas été identifié à ce jour.

Les veaux atteints de cette malformation naissent en étant normaux extérieurement. Les premières buvées se font normalement mais ni le méconium ni aucune selle ne sont jamais expulsés. Comme rien ne sort, les veaux gonflent, montrent des signes de douleurs abdominales : alternance de lever coucher, regard sur les flancs, coup de pied dans l’abdomen… Ils perdent l’appétit et leur vigueur initiale. La palpation externe et l’auscultation permettent de suspecter la présence de gaz dans l’abdomen (anses intestinales très dilatées). Le toucher rectal ne permet de retirer que du mucus, translucide, parfois avec un peu de sang. En principe, il n’y a ni fièvre ni déshydratation, au moins au départ. Les veaux finissent par mourir d’auto-intoxication, de septicémie ou sont euthanasiés le plus souvent, en moins de dix jours.

La suspicion clinique peut être confirmée par une chirurgie, qui est également le seul traitement possible. On pourra visualiser la jonction entre la partie dilatée et la partie vide. Il faudra alors retirer la partie anormalement petite et rattacher les deux zones apparemment saines. La chirurgie reste risquée : l’animal est souvent en mauvaise forme, le colon (dernière partie du tube digestif) est une zone qui cicatrise mal, la cicatrice peut elle-même être l’origine d’une nouvelle sténose (anneau de rétrécissement) qui pourrait gêner le transit.

Si vous êtes touchés par un cas, il faut le signaler à l’observatoire national des anomalies bovins (Onab). Cela permettra peut-être, un jour, de connaître le gène responsable et ainsi de ne pas propager la maladie dans les lignées. L’atrésie du colon fait partie des anomalies congénitales les plus fréquentes, tout comme l’imperforation anale (anus non perforé), l’atrésie rectale (portion d’intestin juste avant l’anus), et la fistule recto-vaginale (communication anormale entre le rectum et le vagin, souvent associée à une imperforation anale).

Ne pas confondre avec une gastro-entérite paralysante

À cet âge-là, il faut se méfier des gastro-entérites paralysantes : les toxines sécrétées par un colibacille retardent la vidange de la caillette qui a donné au veau une fausse allure de veau qui a tété. La fermentation du lait crée une acidose, le veau a des difficultés locomotrices, une perte d’appétit, de la fièvre, pas forcément de diarrhée ni de déshydratation. L’absence de selles peut faire penser à une occlusion. Une torsion intestinale est également possible.

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