Zoom sur les orges et les blés durs
Alors que les opérations de récoltes touchent à leur fin en orges et blé durs, les opérateurs disposent désormais de plus d’informations sur la qualité
LA RECOLTE de céréales à pailles devrait, selon les estimations officielles, flirter avec les 53 Mt en 2008, bondissant de 19 % sur 2007. Les volumes semblent donc au rendez-vous. Mais rien n’est joué tant que la récolte n’est pas rentrée dans les silos. L’expérience de l’an dernier l’a bien illustré. Or les moissons cumulent, en règle générale, 15 jours de retard. Bien avancées en orges et blés durs, les opérations débutent à peine dans certaines régions en blé tendre. Les précipitations ont retardé le démarrage des moissons et entravé leur déroulement. Autre inconnue, la qualité. Les pluies du printemps avaient fait naître de grosses inquiétudes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Petit tour d’horizon des premiers échos des champs.
Des résultats hétérogènes
La récolte d’orges d’hiver est en passe de s’achever dans l’est de la France et sur la façade Atlantique, tandis que le Nord-Pas-de-Calais s’apprêtait, en ce début de semaine à attaquer la deuxième moitié des parcelles.
Les rendements s’avèrent très hétérogènes, et ce au sein même des régions de production. En Bretagne par exemple, où la moyenne se situerait entre 65 et 67 q/ha, le rendement passe, selon les exploitations et les terroirs, de 55 q/ha à 95 q/ha, voire 100 qx/ha dans certains cas. Des disparités qui peuvent s’expliquer par des différences de terroirs, de sols ou de conduites de cultures, explique le responsable d’une coopérative bretonne. Dans l’est de la France, le rendement moyen se situe autour de 71-72 q/ha, toutes variétés confondues. Il est un peu meilleur en hiver, puisqu’il atteint à 72-73 q/ha, contre 70-71 q/ha enregistrés d’habitude. En Bourgogne, attendus à 72 q/ha, les rendements se révèlent « décevants » à seulement 65 q/ha. Ils devraient tourner, en Champagne, autour des 75 q/ha, estime un responsable de collecte, jugeant cette récolte « correcte ». Dans le centre de la France, les opérateurs sont un peu plus critiques. Si la productivité est plutôt bonne au regard des deux années précédentes, elle reste tout de même décevante compte tenu des attentes suscitées par le développement observé en mai. L’abondance des pluies qui ont suivies auraient fait perdre 0,5 point au rendement moyen qui approcherait les 70 q/ha. « Exceptionnels pour la région », les rendements d’orges dans le centre-Sud seraient proches des 70 q/ha contre 50 q/ha habituellement observés. En centre-Atlantique, ils se situeraient, à 70-90 q/ha en escourgeons, 65 qx en orges d’hiver d’hiver et 65-70 en printemps.
L’hétérogénéité selon les sols et techniques de production se retrouve également au niveau de la qualité. Les calibrages s’avèrent très irréguliers au sein même des grandes régions de production. En Bourgogne, où les résultats sont décevants, 50 % d’orges sont admissibles pour le débouché brassicole dans les plaines dijonnaises et 54 % dans les zones de plateaux. La moyenne, placée habituellement à 75 %, ne se situerait qu’à 65 % cette année. Le calibrage serait plus homogène en printemps, à 75-85 %.Après deux années jugées « catastrophiques » avec près de la moitié des orges d’hiver déclassée, la cuvée 2008 ne réserve pas de problèmes de teneur en protéines dans cette région. La qualité brassicole est également au rendez-vous sur la façade Atlantique. En Lorraine aussi, les calibrages sont faibles, avec notamment 60-64 % en Esterel. Le taux de protéines est en revanche bon. La Vanessa y réserve de bonnes surprises avec 40 % de la collecte orientable vers la filière brassicole et un taux de protéines inférieur à 11,5 %. Un objectif jamais atteint les années précédentes.
Blés durs victimes des pluies printanières
Dans le Sud, les moissons de blés durs s’achèvent en cette fin de semaine, avec quinze jours de retard. Dans la partie la plus à l’est, le rendement progresse de 5 q/ha par rapport à l’an passé atteignant 45 q/ha. Les PS sont moyens à 74-76 kg/hl, ce qui pénalise les rendements. C’est la Camargue qui s’en sort le mieux avec 78 kg/hl. Une tendance directement liée à l’excès de précipitations enregistré entre la mi-mai et la mi-juin, avec même 18 jours de pluies consécutifs observée et jusqu’à 200 mm d’eau dans les zones les plus touchées ! Notons aussi la présence de fusariose noire de nature à pénaliser le rendement. Le décalage par rapport à la normale est de 10 jours dans le centre-Sud. Les pluies de la mi-juillet ont accru le taux de mitadinage, mais les teneurs en protéines seraient correctes et le taux de GMF inférieur à celui de 2007. Si la qualité n’est pas du niveau de celui observé il y a deux à cinq ans, elle s’améliore par rapport à l’an passé. Une tendance liée à l’amélioration de la protection des cultures par les agriculteurs. Motivés par des prix rémunérateurs. Les producteurs « devraient tirer les fruits de leurs investissement » témoigne un opérateur local.
Du côté Atlantique, la récolte de blé dur devrait être limitée avec des rendements affectées dans les zones de marais(90 % des surfaces de blés durs locales) par les pluies printannières. Il chutent à 50-55 q/ha. Dans les plaines, les cultures ont mieux toléré l’excès de précipitations et les rendements se situent à 65-70 q/ha. En revanche, la qualité est bel et bien là, avec des taux supérieurs à 15 % pour les protéines et inférieurs à 8 % pour les GMF. Dans le Centre, seuls 30 % étaient récoltés en début de semaine. Les premiers résultats sont jugés corrects.