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Matières premières
Une volatilité de 100 % toujours possible

« UNE COUVERTURE de risque, cela coûte cher et, si on n’est pas capable d’anticiper l’évolution du marché, autant ne rien faire », a affirmé Pierre Vignaud, analyste technique chez CM-CIC Securities, lors des débats de Vigie Matières Premières1, qui se sont déroulés le 7 décembre à Paris. Et pour lui, le meilleur moyen de prévoir les mouvements tarifaires des matières premières, c’est de suivre la croissance mondiale, via les indices PMI2.

Une tendance haussière sur le long terme
    « Les marchés boursiers occidentaux, qui enregistrent une tendance baissière depuis mars 2000, sont en effet déconnectés des marchés des matières premières », explique-t-il. Mieux vaut se fier à l’activité commerciale. Pour cet analyste, « il n’y a pas de raison pour que les matières premières s’écroulent, sauf si la Chine est confrontée à une bulle spéculative » (immobilière ou boursière) qui dégénère en crash. Depuis son entrée à l’OMC en 2001, l’empire du Milieu, qui est le principal moteur de l’économie mondiale, « capitalise à plein et ses exportations, collossales à partir de 2003, ont conduit à une hausse continue du PIB global, avec une croissance planétaire qui pourrait encore atteindre 5 % fin 2011 », estime Antoine Brunet, économiste chez AB Marchés. Selon lui, « les matières premières vont rester assez fortement haussières en 2011 ». Un avis partagé par Pierre Vignaud pour qui « le blé à moyen-long terme, au-delà d’un an, va s’apprécier largement au-dessus de 600-800 dollars la tonne » (soit environ 450-600 €/t), par paliers successifs. De plus, comme « le blé et le colza sont dans la même situation technique, l’oléagineux devançant de quelques jours l’évolution de la céréale », précise-t-il, les cours du colza devraient renchérir dans les mêmes proportions sur la période concernée. Et d’ajouter : « En matière premières agricoles, nous sommes sur des cycles longs de deux, trois, quatre voire cinq ans. Mais à court terme, on ne peut pas exclure des variations de prix pouvant atteindre 100 %.»

Vers une contractualisation pluriannuelle
    Cependant, même si la volatilité des cours des matières premières agricoles est une dure réalité avec la financiarisation des marchés, « les grandes entreprises de l’agroalimentaire sont en train de visualiser un changement de tendance, affirme l’analyste de CM-CIC Securities. Ainsi Nestlé, qui pense que les matières premières agricoles vont augmenter durablement, ne se couvre plus sur les marchés à terme mais sécurise ses approvisionnements en passant des contrats avec les pays producteurs sur plusieurs annnées. »
    Et de conclure : « Les marchés sont devenus violents. Il ne faut pas se laisser embarquer par ses mouvements mais s’en faire une vision à moyen terme. » Et surtout, « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », renchérit Olivier Reymondon, stratégiste Achats énergie à la SNCF.

(1) Le site Vigie Matières Premières, “www.vigie-mp.com”, développe au sein du Céréopa (Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales), une approche transversale des marchés grâce à son réseau d’informations.
(2) Le PMI (Purchasing Managers Index) est l’indicateur de l’activité commerciale des secteurs manufacturiers et des services. C’est le baromêtre de l’état de santé de l’économie de la nation ou de la région économique étudiée.

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