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Céréales biologiques
Un marché tendu en maïs biologique

Alors que les volumes de maïs bio progressent, l’offre ne suffit pas à la nutrition animale

SI, SUR LES SURFACES cultivées en céréales bio, le maïs arrive en seconde place après le blé, il est en tête des incorporations de matières premières dans l’alimentation animale bio, le blé tendre servant en priorité à la meunerie. Il y a deux ans, en 2008, les superficies semées en maïs bio (et conversion 1er et 2e année) ont franchi la barre des 11.120 ha pour redescendre à 10.502 ha en 2009. Côté collecte, malgré ce recul des surfaces et aussi des rendements, les volumes sont passés de 38.000 t à 40.855 t. « L’utilisation du maïs bio par les fabricants d’aliments augmente au détriment de l’autoconsommation », constate un observateur. En 2010, cette céréale a repris son élan, grâce à la percée des conversions en grandes cultures.

Rendements hétérogènes
    Pour cette campagne, FranceAgriMer n’est pas encore en mesure de fournir les premiers chiffres de la collecte, en raison du retard de la récolte dû à une météo défavorable. Mi-décembre, il reste encore des parcelles non moissonnées ! Déjà, on peut dire que compte tenu de la hausse des surfaces annoncées par les organismes stockeurs, la récolte 2010 devrait être supérieure à celle de l’an passé, et ce, en dépit de rendements pas forcément très bons partout. En effet, les résultats sont très hétérogènes, variant selon les régions et les conditions climatiques. Selon l’enquête de FranceAgriMer, parue en décembre 2010, les rendements ont diminué sensiblement entre 2008 et 2009 tout comme en conventionnel d’ailleurs et toutes variétés confondues, passant en moyenne de 66 q/ha à 58 q/ha en 2009, compris entre 35 q/ha dans la région normande, contre 77 q/ha en Nord-Pas-de-Calais. Cette année, la fourchette serait également très large, sans compter les écarts dus à l’usage ou non de l’irrigation, notamment en Pays-de-la-Loire, Bretagne, Poitou-Charentes et Sud-Ouest en général, régions qui ont souffert de la sécheresse. « Les rendements ont été excellents, avoisinant les 80 q/ha en irrigué, et catastrophiques, de 10 q/ha à 40 q/ha en sec », précise un opérateur. A noter qu’en maïs bio, les trois régions leaders sont les Pays-de-la-Loire (27 % de la surface nationale), suivis par la Bretagne et l’Aquitaine (12 % pour chacune). Les deux principales variétés cultivées, sur les 62 variétés répertoriées de maïs bio semés, sont Splendis (semi-précoce) et PR38A24.

Une collecte en hausse
    Globalement, si la tendance se poursuit, accentuant la hausse des utilisations par les fabricants d’aliments, la collecte devrait progresser sensiblement. La particularité de cette campagne porte sur la hausse des surfaces en conversion, avec une surface en seconde année de conversion (C2) occupant 1.562 ha, selon l’Agence Bio. L’an prochain, les volumes disponibles en C2 devraient encore gonfler, compte tenu des nouveaux arrivants en mode de production biologique qui vont apporter un nouveau souffle à l’offre en maïs bio. Rappelons que le C2 peut être incorporé dans les formules à hauteur de 30 %. « Pour l’instant, la demande en maïs bio, de plus en plus forte, tirée par les élevages de volailles et de poules pondeuses, n’est pas satisfaite par la production française et les conversions sont encore loin d’être suffisantes, rapporte un fabricant d’aliment. D’où la nécessité de s’approvisionner aussi sur les marchés extérieurs, notamment l’Italie, pour effectuer la soudure. » En 2009, la production de poulets de chair bio comptait déjà plus de 6 millions de têtes, soit un saut de 12,8 % par rapport à l’année précédente (0,8 % de la production nationale) et celle de poules pondeuses atteignait les 1,96 millions, une hausse de 15,9 % (4,5 % de la production nationale).

Besoin des Fab
    Pour nourrir ce cheptel, les utilisations de maïs bio par les fabricants d’aliments ont fait un bond de 20 % l’an dernier, pour atteindre 44.623 t. Cette année, il semble que la demande soit encore plus soutenue, bien que les chiffres de septembre dévoilent un recul des achats sur le mois d’août de 9 % par rapport à l’année précédente sur la même période (sachant aussi que les stocks de report chez les Fab étaient deux fois plus faibles que l’année précédente). « En tout cas, la tension reste très perceptible, note un stockeur du Sud-Ouest. L’inconnu réside toujours dans le stockage à la ferme qui n’est pas comptabilisé pour l’instant dans la collecte. A savoir dans quelle proportion il pèsera sur le marché, tout comme les achats en direct par les éleveurs. » D’où un cours du maïs bio qui, à l’instar du conventionnel, s’engouffre aussi dans la surchauffe, pouvant dépasser ces jours-ci les 400 €/t sur certains lots, pour des origines régionales ! Ce niveau de prix atteint, voire dépasse celui de 2007, alors qu’il cotait 270 €/t l’an dernier à la même époque. D’où la vive inquiétude des opérateurs : les Fab qui sont contraints à répercuter cette hausse, additionnée à celle du tourteau de soja bio, sur le prix de l’aliment, et dans son sillage, les éleveurs risquent d’être pris à la gorge. L’obligation de 95 % d’aliments bio dans le total de la formule, et bientôt le 100 % en 2012 va contribuer à renforcer encore ce dilemme. « Il est en effet difficile de diversifier les formulations au risque de perte d’efficacité, pour obtenir les acides aminés indispensables. » En bio aussi, le maïs devient incontournable pour compléter les rations qui, jusqu’à présent, cherchaient à diversifier les sources de protéines. Afin de pallier cette impasse et trouver d’autres solutions, des recherches sont en cours, notamment via l’Inra. 

Conséquences du lien au sol
    Contraints aussi à respecter l’obligation du lien au sol, qui impose une formulation à 50 % régionale, les Fab doivent jongler avec les matières premières bio. Mais ce sont aux éleveurs d’être vigilants pour prouver à leurs organismes certificateurs qu’ils nourrissent leurs animaux en respectant ce lien au sol régionalisé. Un casse-tête parfois. « Le marché actuel est donc très tendu, et la situation risque d’empirer », commente un observateur. Dans ce contexte, les importations de maïs bio restent plus que jamais nécessaires, sachant qu’elles sont privilégiées dans les zones frontalières pouvant faire jouer le lien au sol. Déjà l’an dernier, elles avaient progressé fortement, de 118 %, passant de 3.858 t à 8.410 t, notamment d’origine italienne. « Il faudrait que les conversions se poursuivent à un rythme soutenu pour enrayer ce déséquilibre, commente un stockeur. Or le prix du conventionnel semble freiner, pour l’instant, l’intérêt des céréaliers pour enclencher une modification de leurs systèmes. »

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