Commerce des grains
« Un gigantesque registre partagé » grâce à la blockchain
La blockchain (ou chaîne de blocs) est parfaitement adaptable au commerce des grains. La technologie est utilisée dans le secteur depuis la période 2014-2016.
La blockchain (ou chaîne de blocs) est parfaitement adaptable au commerce des grains. La technologie est utilisée dans le secteur depuis la période 2014-2016.
"La blockchain est un gigantesque registre partagé », définit simplement Philippe Lehrmann, consultant formateur spécialiste de la blockchain pour les métiers agricoles, de la société Agri XXI.
Principal intérêt de la blockchain : « Sécuriser et garantir les actifs numérisés (token, ou jeton) de manière consensuelle », précise-t-il. Elle permet de distribuer l’information, devenue infalsifiable, à un grand nombre d’utilisateurs, à l’aide d’un réseau décentralisé (depuis des ordinateurs parfois répartis partout dans le monde), chacun ayant accès aux mêmes informations.
Blockchain ouverte, blockchain fermée
Il existe basiquement deux types de blockchain : celle publique, et l’autre fermée ou semi-fermée, ou encore de cooptation, explique Philippe Lehrmann. Un livre blanc sur la blockchain publié en 2018 par l’Acta (Association de coordination technique agricole) donne les définitions suivantes : « à la différence d’une blockchain publique comme bitcoin, ouverte et anonyme, une blockchain privée s’appuie sur un nombre réduit de nœuds identifiés (les membres d’un consortium, par exemple) ».
Une autre fonctionnalité de la blockchain est la possibilité de générer des smart contracts (contrats intelligents), « assimilable à des formules “SI/alors” sous Excel mais en plus élaboré », commente Philippe Lehrmann. « Il s’agit d’un aiguillage : le smart contract déclenche des actions si telles ou telles conditions sont respectées. »
La blockchain peut créer et reconnaître les signatures électroniques. C’est le cas de la plate-forme Cerealia. « Les parties génèrent indépendamment leurs propres clés cryptographiques, correspondant à leurs signatures électroniques, aussi appelées Advanced Electronic Signatures (AES). Ensuite, ils signent avec cet AES toutes les offres, les contrats et les principaux événements d’exécution », détaille Andrei Grigorov, créateur et dirigeant de la plate-forme en 2018.
La blockchain est née dans la période 2008-2009, servant à l’élaboration de la cryptomonnaie, le bitcoin. Pour le secteur du commerce des grains, la période de développement se déroule entre 2014 et 2016, selon les spécialistes contactés.
Agridigital, un premier succès dans le commerce des grains
La première plate-forme d’échanges de grains utilisant la technologie blockchain avec succès a été la plate-forme australienne Agridigital fin 2016 (de type « ouverte »), rapportent les experts. La principale innovation de cette plate-forme est l’autorisation et l’automatisation des paiements. « Il existait un gros décalage dans le temps entre la livraison des camions de blé aux ports, chez les meuniers… et le paiement de l’agriculteur. La blockchain a permis de réduire ce temps : dès réception de la marchandise ou analyse du lot, le paiement est déclenché automatiquement », témoigne Philippe Lehrmann.
L’année 2018 voit la création de Covantis, plate-forme du quatuor du négoce international ABCD (Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill, Dreyfus), rejoint ensuite par Glencore et Cofco. « Il s’agit ici d’une blockchain privée, dont le but est de fluidifier les échanges en facilitant/automatisant l’échange d’information, documents administratifs... entre les divers opérateurs. Par exemple, il permet la transmission de documents en CAF et FOB entre importateurs et exportateurs, afin d’arriver plus vite au stade paiement », rapporte Bernard Valluis, vice-président du syndicat de Paris en charge des questions digitales.
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