Technologie
Sécuriser les échanges avec la blockchain
Le Syndicat de Paris se penche sur le potentiel de la blockchain, tout en tenant compte de ses limites. Explications de Bernard Valluis, vice-président du Syndicat de Paris.
Le Syndicat de Paris se penche sur le potentiel de la blockchain, tout en tenant compte de ses limites. Explications de Bernard Valluis, vice-président du Syndicat de Paris.
Le Syndicat de Paris a pour projet d’offrir aux adhérents un service plus souple et plus économe concernant l’exécution des contrats respectant les critères Incograin, révèle Bernard Valluis, vice-président du Syndicat de Paris. La blockchain peut être un moyen d’arriver à cette fin, selon lui, apportant sécurité, confiance et traçabilité.
Dans ce cas précis, les actifs digitalisés seraient les contrats Incograin (qui deviendraient des jetons ou Token en anglais). Et le Smart Contract aurait un intérêt tout particulier. « Il est possible d’inscrire au fur et à mesure les étapes de l’exécution d’un contrat grâce au Smart Contract. Par exemple, si l’étape livraison marchande est validée, l’action paiement pourra être déclenchée automatiquement », souligne Bernard Valluis. Le côté infalsifiable des documents est aussi un atout aux yeux du Syndicat de Paris.
Autre intérêt : la possibilité de dématérialiser les actions, source d’économie. « La transmission d’informations, telles que les résultats d’analyses, les bordereaux d’expédition, l’ouverture de lettre de crédit… se fait par mail, téléphone, Chronopost, etc. Tout cela consomme du papier et du temps, des coûts qui pourraient être supprimés par la blockchain », se réjouit le vice-président du Syndicat de Paris. Dans ce projet, le courtier y trouverait son compte, en enregistrant, par exemple, les transactions pour le compte des parties, précise-t-il.
Un coût d’implantation et de fonctionnement pas négligeable
Mais la blockchain connaît des limites. D’abord, le coût financier. « Il s’agit d’une technologie de pointe. Nous souhaiterions une blockchain de type ouverte, et regroupant un grand nombre de participants. Or, plus il y a d’utilisateurs, plus le coût est élevé : 1 ou 2 M€. Ajoutons à cela des coûts de fonctionnement à couvrir par des commissions versées pour chaque enregistrement dans la blockchain. »
Ensuite, certaines tâches sont très difficiles à automatiser. « Les opérations simples comme les transferts en silo peuvent être aisément traitées par la blockchain, contrairement à d’autres formules, faisant appel à des moyens de transport pour les livraisons. Se pose ensuite le problème des défauts d’exécution des contrats et des conditions de déclenchement des procédures de litige. De fait, toute dispute conduit à l’interruption du traitement automatique de l’exécution d’un contrat avec la mise en œuvre de la clause compromissoire par laquelle les parties donnent leur accord pour porter l’affaire en arbitrage. Ainsi les niveaux de complexité des contrats comme les causes diverses qui peuvent conduire aux interruptions d’exécution sont autant de difficultés pour l’utilisation de la solution du Smart Contract », témoigne-t-il.
Enfin, si le côté infalsifiable de l’information est un gros avantage, « l’erreur est aussi infalsifiable. Si une erreur dans la saisie des données est constatée, on ne peut revenir en arrière, et cela peut générer des “bugs” », argue Bernard Valluis, source de confusion et de perte de temps. Ainsi, le Syndicat de Paris est encore en cours de réflexion.