Tourteaux français : une opportunité sous conditions
SI L’APPROVISIONNEMENT sur le marché domestique est en général privilégié pour les céréales, la France dépend largement des importations pour les matières riches en protéines comme le tourteau de soja et certains ingrédients plus concentrés qui supportent aisément un coût de transport plus élevé en provenance de pays lointains. Aujourd’hui, avec la production de biocarburants en France, le choix parmi les matières premières s’élargit vers les coproduits issus de la trituration dont les quantités vont augmenter sensiblement. La disponibilité sur le marché national de matières riches en protéines peut être une opportunité pour la plupart des filières de l’élevage à plusieurs titres. «Elle diminue la dépendance des fabricants d’aliments pour animaux vis-à-vis des importations pour leur approvisionnement en protéines et elle offre un débouché intéressant pour les producteurs de biocarburants», indique le Syndicat national des industriels de la nutrition animale (Snia) dans sa dernière lettre d’information.
Des exigences de qualité et de régularité
Cependant, l’abondance et la proximité de nouveaux ingrédients ne doivent pas occulter les exigences des fabricants sur la qualité des produits qu’ils utilisent. Le marché des matières premières est avant tout un marché très concurrentiel mais le prix n’est pas l’unique élément de décision dans les achats. En effet, le règlement “Hygiène” précise que les mêmes exigences de garantie sanitaire des produits s’appliquent aussi aux fournisseurs de notre industrie. Un fournisseur de tourteaux de colza doit répondre aux mêmes conditions sanitaires de mise sur le marché qu’un fabricant d’aliments. «Cette contrainte conduira-t-elle à éliminer certaines sources d’approvisionnement, voire à réorganiser les pratiques de trituration à la ferme ?», s’interrogent les industriels de la nutrition animale.
Au-delà des aspects sanitaires, l’utilisation industrielle d’un ingrédient exige, de plus, une certaine régularité tant sur les valeurs nutritionnelles que sur les caractéristiques physiques du produit. «Le choix de l’utilisation des tourteaux produits en France dépendra donc essentiellement du fournisseur et de sa capacité à assurer à notre industrie qualité et régularité», conclut le Snia.