Soja : les évènements majeurs en 2005
Retour sur les cinq phénomènes marquants de l’année écoulée ou pourquoi les choses ne se passent jamais comme prévu….
A L’OCCASION des Journées Claude Thieulin, organisées par l’Aftaa, qui traitent du commerce des matières premières entrant en alimentation animale, la société Cargill est revenue sur les faits importants qui ont ébranlé les prévisions 2005 sur le marché du soja.
Amérique du Sud, que de surprises !
L’Argentine est de loin le premier exportateur mondial de tourteaux de soja (21,5 Mt prévu en 2005/2006), devant le brésil (14,5 Mt), les Etats-Unis (6,1 Mt) et l’Inde (1,9 Mt). Il est vrai que depuis deux ans la capacité de trituration de graine de soja argentine a nettement progressé, passant de 25 Mt en 2004/2005 à 29 Mt en 2005/2006, voire 34 Mt estimées en 2006/2007. A terme, la capacité de trituration de l’Argentine devrait égaler celle de l’UE ! Les semis de soja s’étendent dans les mêmes proportions et la production de graine devraient atteindre les 40,5 Mt en 2006/2007, avec en parallèle une diminution des exportations qui porteraient cette même campagne sur 5 Mt.
Autre changement, et de taille, sur le marché mondial du soja, le phénomène de rétention de graines de la part des fermiers sud- américains. «Depuis un an, on parle plutôt de “graines disponibles à la vente” plutôt que de graines récoltées. Le fermier a été relativement absent en 2005 et refuse de vendre quand les cours du CBoT Marché à terme de Chicago. sont bas. Le fort développement des contrats NPE Contrat à prix non établi. soutient la prime Fob» , explique en substance Emmanuel Lemoine de Cargill France. «L’année dernière, les producteurs brésiliens ont ainsi fixé le prix de la graine au dernier moment !», ce qui ne facilite pas la détermination de la marge de trituration à l’instant t, d’où des difficultés pour évaluer le prix du tourteau.
La crainte d’une récolte brésilienne médiocre en 2006 hante également les opérateurs, dont les plus pessimistes tablent sur seulement 40 Mt de soja engrangées. Il faut dire que l’objectif de récolte est estimé à la baisse. La plupart des intervenants espèrent une récolte de 52 à 53 Mt, en adéquation avec un repli des emblavements de 10 % et des dégradations causées par la sécheresse et la rouille. La position de Cargill est intermédiaire à 60 Mt, avec des semis en retrait de seulement 2 à 3 % car «la profitabilité des autres cultures (maïs, coton, riz) est aussi détériorée». Reste que l’augmentation des coûts de production du soja brésilien, qui ont plus que doublé en quatre ans (notamment en raison du renchérissement de l’énergie, le pétrole en tête), ne plainde malheureusement pas en sa faveur.
Etats-Unis, une récolte dure à cerner
Les modèles d’estimation des rendements ne sont pas infaillibles. La preuve en a encore été apporté cette année, où la productivité de la récolte américaine de soja a atteint des records à 42,7 boisseaux à l’acre. Quelque 1,9 b/a supérieur à l’estimation établie par le logiciel prévisionnel basé sur les conditions de récolte. Cette appréciation du rendement, qui a été relevé à la dernière minute, n’est pas pour faciliter le travail des traders !
Des opérateurs, par ailleurs malmenés par le moindre changement de la demande chinoise en graine de soja, entraînant de «gros remous» sur le marché américain. Reste qu’avec 40 % des flux mondiaux en la matière, «la Chine continuera, dans les années à venir, de tirer la demande sur l’échiquier mondial et sur les taux de fret» par ricochet.