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Blé tendre / Exportations
« Nous devons travailler la qualité pour diversifier nos destinations sur pays tiers »

La Dépêche - Le Petit Meunier : Quel bilan tirer de la campagne qui s’achève  ?
François Gâtel  :
A 9,5 Mt, si l’on se réfère aux chiffres de FranceAgriMer, la campagne d’exportation de blé tendre se termine sur un bon niveau… sur pays tiers au moins. Ce résultat ne doit en effet pas faire oublier que les performances à destination de l’UE sont en revanche moins brillantes. Depuis quelques années, nous perdons régulièrement des parts sur ce compartiment de marché et cette campagne ne fera pas exception. Le total des volumes exportés reste correct avec un transfert progressif des exportations de l’Europe vers les pays tiers, où l’on constate un redémarrage depuis deux campagnes. Un schéma auquel il faut s’habituer, dans la mesure où la baisse des ventes intracommunautaires n’est pas conjoncturelle mais s’inscrit dans la durée. Elle est la conséquence de l’élargissement de l’UE à des pays producteurs qui alimentent les consommateurs d’Europe centrale. Nous nous retrouvons dès lors repoussés vers la mer. Le score de 9,5 Mt est satisfaisant mais il devra être maintenu dans les années à venir pour équilibrer nos bilans.

LD-LPM : Comment y parvenir ?
F. G. :
Il faut que tous les échelons de la filière repensent la qualité de nos exportations de manière à ce qu’elle réponde à la demande. Les attentes des marchés in­térieurs et européens, mais également d’Afrique du Nord, diffèrent peu et sont globalement satisfaites. Les blés expédiés sur pays tiers sont quant à eux banalisés. Les OS ne connaissent d’ailleurs souvent pas la destination finale de leurs blés. Si nous voulons continuer à exporter, il va falloir travailler la qualité intrinsèque, notamment la teneur en protéines, mais également la présentation de notre marchandise. Pous­sières, impuretés, humidité sont autant de critères, du ressort de ceux qui conditionnent les lots, qui devront être améliorés. Des progrès sont également nécessaires en ce qui concerne les taux de protéines si l’on veut rester sur les marchés pays tiers.

LD-LPM : Faut-il segmenter l’offre davantage ?
F. G. :
Il s’agit d’une des voies d’amélioration. Sur le papier, en tenant compte de la variabilité intra-annuelle, la qualité produite chaque année en France a de quoi satisfaire l’ensemble des marchés. Mieux segmenter permettrait alors aux places portuaires de mieux coller à la demande. Mais cela ne suffira pas. Depuis deux ans, les teneurs en protéines s’affichent à 11,5 % en moyenne, voire moins. Cela devient insuffisant pour exporter sur pays tiers, hors Maghreb, où nous devrons nous positionner pour maintenir nos exportations. Même s’il ne faut pas baisser la garde et maintenir nos efforts envers nos clients d’Afrique du Nord, notre offre répond à leurs attentes. D’autant que nous entretenons des rapports privilégiés avec ces pays, destinations traditionnelles des blés français. D’ailleurs, sur le Maroc et l’Algérie, pour lesquels on a beaucoup entendu parler du recul de leurs besoins suite à de bonnes récoltes, nous avons tout de même vendu 4,5 Mt de blé tendre pour cette campagne. Les marchés d’Afrique de l’Ouest ont des exigences plus poussées, proches des attentes des meuniers français en terme de qualité. Sur le Yémen, avec 500.000 t à 600.000 t vendues, et l’Egypte, qui a acheté 1,6 Mt, nous avons fait une bonne campagne de commercialisation. Mais il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Nous devons faire des efforts si nous voulons pérenniser et conquérir des débouchés sur le Proche et Moyen-Orient.
Notre structure à l’exportation est encore fragile car elle se concentre sur un nombre limité de clients : plus de la moitié de nos expéditions sont absorbées par le Maroc, les meuniers essentiellement, et l’Algérie, où nos ventes passent par l’OAIC. Sur l’Egypte, le Gasc est resté notre seul client et sur l’Afrique de l’Ouest, nos débouchés concernent une poignée de pays. Pour sécuriser nos volumes sur pays tiers, nous devons diversifier nos destinations.

LD-LPM : Des perspectives d’exportation sur le Brésil, qui ne peut plus compter seulement sur l’Argentine pour couvrir ses besoins, avaient été évoquées. Qu’en est-il ?
F. G. :
Nous avons du mal à décrocher des affaires sur cette destination. Cette campagne 2009/2010, marquée par une bonne performance sur pays tiers, est paradoxale : les nouvelles destinations pressenties, com­me le Brésil, ne se sont pas concrétisées mais nous avons exporté sur d’autres, iné­dites, comme la Thaïlande. Cette affaire relevait plus de l’opportunité. Ce n’est pas le cas du Brésil qui restera structurellement importateur et dont la campagne céréalière 2009/10 n’est pas finie. Il faut rester attentif à cette destination. Nous participerons d’ailleurs, en septembre, au congrès des meuniers locaux.

LD-LPM : Une cargaison d’orge est récemment partie d’Alger pour la Tunisie. Le pays entend poursuivre le développement de sa production. Faut-il s’attendre à une baisse des exportations sur cette destination, voire à ce que le pays devienne exportateur ?
F. G. :
La question de la sécurité alimentaire est une préoccupation majeure pour nombre de pays. Si cette notion ne signifie plus grand chose pour un Français, elle est au cœur des politiques de nombreuses
nations.
La production céréalière algérienne est vouée à progresser, mais le pays enregistre une croissance démographique encore forte qui absorbe le surplus de production. Le blé, consommé en pain, pâtes ou couscous, reste un aliment de base dans les pays sud-méditerranéens et du Proche-Orient. Les populations locales consomment entre 150 à 200 kg/hbt chaque année. Trois fois plus qu’en France ! A mon sens, l’Algérie devrait donc rester durablement importatrice.

LD-LPM : Quelles sont les perspectives pour 2010/2011?
F. G. :
  Au niveau mondial, la campagne démarrera avec des stocks confortables et les récoltes qui s’annoncent ne laissent pas présager d’un marché tendu. En France, on s’interroge sur le niveau de production avec une surface en progression mais des rendements attendus en léger retrait. Quant aux stocks de report, ils sont juste dans la norme. Nous ne savons pas exactement quel sera le niveau de notre disponible exportable sur pays tiers, entre 8 et 9,5 Mt. Mais rien n’est prévisible.

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