Mer Noire
Moins de grains punaisés, mais un stockage intérieur à parfaire
Plus de la moitié des silos ou capacités de stockages russes et ukrainiens ne répondent pas aux normes qualitatives locales. Malgré tout, le taux de grains punaisés recule.
Plus de la moitié des silos ou capacités de stockages russes et ukrainiens ne répondent pas aux normes qualitatives locales. Malgré tout, le taux de grains punaisés recule.
Le problème des grains punaisés constitue une des principales critiques des importateurs internationaux faites aux origines russes et ukrainiennes, et va jusqu’à fermer les portes de certains marchés (Algérie notamment). Une des causes : la vétusté des conditions de stockage. Néanmoins, bien que des progrès restent à faire, ce souci perd de son ampleur sur les dix dernières années. Le graphique illustre bien la baisse du taux de grains punaisés dans les deux pays, avec un avantage pour la Russie. « Les agriculteurs ont une meilleure maîtrise technique et font de réels progrès dans les opérations de triage et de stockage », justifie Yannick Carel, chargé d’étude chez Arvalis.
60 % des silos russes ont plus de trente ans !
En Russie, « 60 % des silos ont été construits il y a plus de trente ans et ne répondent pas aux normes actuelles », alerte Maria Mozgovaya, trader chez Louis Dreyfus Company (LDC). Selon cette dernière, le pays dispose aujourd’hui d’une capacité de stockage d’environ 120 Mt, dont 64 Mt se font à la ferme, dans des conditions alors opaques (on parle parfois de granges plus que de silo), pour une production de grains 2017 à 129 Mt environ. Et cela engendre des coûts, en plus des dégâts d’insectes.
Dans le détail, les coûts d’utilisation des silos intérieurs s’élèvent en moyenne à 12 $/t/mois, dont 3,5 $/t pour le chargement du silo, 1,5 $/t pour le stockage à proprement dit, et 7 $/t pour le déchargement du silo, selon cette dernière. « Certains opérateurs préfèrent laisser les grains dans les wagons plutôt que de les stocker dans des silos, pour éviter ces frais trop élevés », explique Maria Mozgovaya. En France, « l’hétérogénéité des situations empêche de définir un coût de stockage précis. Néanmoins, ces frais sont globalement un peu moins élevés qu’en Russie », précise Pierre Bergoc, directeur de la division Business international chez Agritel.
50 % des grains stockés dans des sites non certifiés en Ukraine
Yann Lebeau, expert de France Export Céréales, rapportait dans notre édition du 16 mars que les dégâts d’insectes dans les blés ukrainiens n’ont pas posé de problème aux acheteurs marocains durant la campagne commerciale 2017/2018, confirmant l’amélioration de la situation. Mais la marge de progression est encore élevée.
Les analystes contactés (Agritel, LDC) estiment que, sur une récolte de grains 2017 de 62 Mt en Ukraine, seulement 33,5 Mt sont aujourd'hui entreposées dans des sites de qualité, pour une capacité de stockage totale (hors ports) évaluée à 41 Mt.