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Marchés céréaliers/France
L’exportation en arbitre

Dans un contexte d’abondance, la capacité des Français à vendre leur blé tendre hors de l’Hexagone sera déterminante pour l’équilibre du marché

PARIS.Outre les traditionnels bilans prévisionnels qui figurent au programme de chaque conseil spécialisé céréalesmensuel de l’Onigc, celui de novembre, tenu le 12 courant, a procédé à l’analyse d’une conjoncture toujours instable rendant la prévision difficile.Rappelons que les bilans prévisionnels présentésmercredi dernier (cf. notre dernier numéro) confirment une situation d’abondance,même si l’estimation de récolte de blé a été revue en baisse de quelque 240000t, les disponibilités en orge et en maïs étant largement augmentées.

L’Onigc dans ses bilans se livre à un exercice mathématique pour essayer d’aboutir au stock de report de fin de campagne dit d’équilibre, plausible. Il y a donc dans ces calculs de probabilités des bases relativement stables,d’une campagne à l’autre, comme par exemple les utilisations de blé par lameunerie ou la pâtisserie- biscuiterie, et d’autres plus indécises, comme les utilisations espèce par espèce des céréales par l’industrie de l’alimentation animale (le volume total des incorporations de céréales restant assez stables mais la part de chaque céréale pouvant sensiblement évoluer d’une campagne à l’autre). Certaines prévisions s’avèrent plus hasardeuses parce que soumises à des influences extérieures imprévisibles. C’est le cas de l’exportation, facteur primordial de l’équilibre du marché céréalier français.Ainsi, pour le blé tendre, elle peut atteindre lemême volume que les utilisations intérieures ; pour le maïs, environ la moitié ; pour l’orge comme pour le blé dur, largement le double.

Dans une campagne de très grosse récolte, comme c’est le cas pour l’actuelle, les ventes extérieures prennent donc une importance toute particulière: elles arbitreront le stock final.

Des stocks lourds

S’agissant des utilisations domestiques, le conseil de l’Onigc a effectué,par rapport à son estimation d’octobre,une réfaction de 150000t des utilisations par l’amidonnerie,la ramenant à 2,5Mt, en raison des difficultés que connaît ce secteur.Les utilisations pour la fabrication de biocarburant ont été abaissées de 50000t, à 800000 t : ce qui représente tout de même 33%de plus que la dernière campagne.Enfin, pour le débouché de l’alimentation animale, le chiffre a été maintenu à 5,6Mt, ce qui correspond à une bonne moyenne.

En matière d’exportation, le conseil ne s’est pas montré timide en remontant de 500000t, à 9Mt,ses perspectives de ventes aux pays tiers. Un chiffre exceptionnel! C’est un pari pris en fonction des sorties déjà enregistrées (3,1Mt au 10 novembre). Une cadence qu’il faudra impérativementmaintenir pour ne pas dépasser un stock de report de 3,6Mt, le plus élevé depuis 2004/2005.On sait la concurrence que rencontre le blé européen face à l’originemer Noire, à laquelle s’ajoute l’arrivée des moissons australienne et argentine. Des origines d’autant plus concurrentielles que les taux de fret ont baissé. Le blé français joue de l’argument qualité et de la fidélité de ces acheteurs traditionnels du bassin méditerranéen et de l’Afrique noire pour combler un handicap de prix,généralement ressenti lors des grands appels d’offres.

L’Onigc a relevé de plus de 1Mt, à 15,4Mt, ses estimations de récolte demaïs.Les exportations vers les pays tiers sont portées à 450000t,un volume inusité.Les importations, qui avaient dépassé 900000t l’an dernier, sont ramenées à 300000t.Ces ajustements illustrent le profond renversement dumarché depuis la précédente campagne où il était,au niveau européen, conjoncturellement déficitaire,et donc dominé par l’importation.Malgré ces corrections, l’Office ne parvient pas à alléger la prévision de stock de report qui atteindrait 3Mt, 40% de plus qu’à l’issue de la campagne 2007/2008.

Le stock de report d’orge n’aura rien à envier à celui du maïs s’il se confirme au niveau annoncé par l’Onigc :2Mt.Les utilisations pour l’alimentation animale sont maintenues au chiffre élevé de 1,6Mt, les exportations à 5Mt. Mais ces bons chiffres ne suffisent pas à compenser une récolte considérable de 12,2Mt.

Le blé dur établirait aussi un record de report avec 396000t, les bonnes utilisations intérieures de 600000t étant contrecarrées par des exportations médiocres pour 1,15Mt.

Prix et intervention

Le conseil de l’Onigc a salué la décision, logique, de la Commission de rétablir les droits à l’importation sur les céréales. En revanche, il a renouvelé ses inquiétudes à propos de la volonté de Bruxelles de démanteler les systèmes de régulation desmarchés.Cette crainte est d’autant plus justifiée que l’effondrement des prix a d’ores et déjà entraîné les premières offres à l’intervention,à l’est de l’UE,situation qui risque de s’étendre à l’ensemble de l’Union, notamment pour l’orge.

Selon les relevés de l’Office, les prix payés à la production ont été ramenés au niveau de 2006/2007. Par exemple, le prix du blé tendre réglé ferme au producteur est passé,en un an, de 227 à 127€/t, et le prix d’acompte, de 172 à 140 €/t.

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