Riz
Les Philippines dopent les cours du marché
Les achats de Manille perturbent les échanges internationaux
LES PROJECTIONS du CIC concernant la production mondiale de riz blanchi en 2009/10 sont placées à 436,7 Mt, contre 445,2 Mt en 08/09, en légère hausse sur les prévisions antérieures. Les échanges mondiaux ont également été revus en progression. Ces derniers mois, les prix asiatiques ont augmenté, sous l’effet d’une demande inhabituelle des Philippines.
La production indienne perd du terrain
La production 2009/2010 des cinq principaux exportateurs de riz mondiaux affiche un repli conséquent selon le dernier rapport du CIC, à 144,5 Mt contre 156 Mt soit -7,3 %. Le plus gros repli concerne l’Inde, 2e producteur mondial. Le total de la production 2009/10 devrait reculer de 13 %, à 86,7 Mt. Autre grande nation rizicole d’Asie, la Chine, a de son côté réussi à tirer son épingle du jeu. Sa production devrait atteindre un record de 137,1 Mt (134,3 millions l’an dernier), de plus grandes superficies plantées faisant plus que compenser des rendements moyens en légère baisse. Le Bangladesh et les Philippines, deux gros acheteurs ces dernières années, devraient rentrer des récoltes moindres. Ailleurs, la production en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud devrait encore augmenter, mais de façon modeste.
Les Philippines ont acheté précocemment...
Du côté des échanges mondiaux de riz 2010, la tendance est également en progrès, puisqu’ils sont portés à 29,8 Mt, en hausse de 6 % sur l’an dernier. Une reprise qui devrait se traduire par un rebond des livraisons aux marchés d’Extrême-Orient, lesquelles devraient augmenter de 22 %, à 8,1 Mt, y compris des expéditions sensiblement plus fortes au Bangladesh et aux Philippines. Un vif intérêt acheteur de ce dernier a d’ailleurs dominé les transactions sur les marchés du riz durant la première moitié de décembre. Suite à de gros achats en 2008, les importations des Philippines ont reculé d’environ 0,6 Mt l’an dernier à un niveau estimatif de 1,9 Mt. Les dégâts engendrés par le typhon durant la deuxième moitié de 2009 ont suscité de nouvelles craintes pour les disponibilités intérieures, incitant le gouvernement à se tourner sur le marché mondial beaucoup plus tôt que de coutume pour garantir les approvisionnements. Dans quatre appels d’offres séparés organisés en novembre et décembre, l’Autorité nationale de l’alimentation (NFA) s’est emparée de 1,82 Mt de tonnes de brisures de riz, principalement en provenance du Vietnam (1,4 Mt), pour livraison durant la première moitié de 2010. De nouveaux achats étant jugés probables dans le cadre de ces appels d’offres et de plusieurs autres, les importations sont estimées progresser d’environ un tiers, à 2,6 Mt.
Pourtant, selon FranceAgriMer, le pays ne semblait pas dans une situation de pénurie de stocks. Ces achats ont davantage eu pour but de sécuriser leurs réserves avant que les prix progressent à l’entrée des autres importateurs sur le marché, notamment l’Inde qui pourrait être aux achats de riz non basmati cette année.
...ce qui a entraîné les prix à la hausse
Globalement, les prix du riz asiatique ont affiché des gains au cours des deux derniers mois, boostés par la demande des Philippines. Les valeurs à l’exportation se sont redressées à leur plus haut niveau en plusieurs mois. Ainsi, de fin novembre au 8 décembre, les cotations à l’exportation pour la qualité phare, à 5 % de brisures, du Vietnam ont augmenté de $ 78, à $ 573 fob, leur plus haut niveau en 16 mois. Les valeurs se sont par la suite repliées dès la clôture des appels d’offres de l’Autorité nationale de l’alimentation des Philippines. Les reculs des prix des céréales et des oléagineux ont également pesé lourdement sur les cours à terme du riz brut.
Malgré les achats inhabituels des Philippines, on n’observe pas de mouvement de panique sur le marché international, tel qu’il s’était produit en 2008, selon FranceAgriMer. “ Même si les importations de Manille atteignaient 3 Mt en 2010, les stocks mondiaux étant aujourd’hui suffisants pour couvrir un tel approvisionnement, les prix ne devraient pas subir les mêmes déséquilibres que ceux enregistrés lors de la dernière crise des prix il y a deux ans ”.