“L’Ensmic peut compter sur notre soutien”
La Dépêche – Le Petit Meunier : La délocalisation de l’Ensmic en Poitou-Charentes a beaucoup fait parler d’elle. Le ressenti général semblait plutôt négatif. Qu’en est-il réellement ?
Joseph Nicot : Il faut l’avouer, le projet de transfert de l’école à Surgères n’a pas enthousiasmé la profession. Le bon accueil réservé par les élus locaux, et notamment la DRAF, mais aussi par le ministère de l’Agriculture, a néanmoins rapidement apaisé une partie des craintes. L’ANMF s’est alors inscrite dans une dynamique de soutien. J’ai reçu les dirigeants de l’époque, en compagnie de Jean-Marie Poncey, président de l’Aemic, pour leur confirmer notre volonté de contribuer au recrutement de l’école. Cet entretien n’a pas été suivi d’effets, et je le déplore. De nombreux projets ont été menés sans concertation. Cela a notamment été le cas pour la conception du site de l’Ensmic, vitrine de l’établissement, et donc important outil de promotion. Par ailleurs, certains industriels, dont les enfants étaient scolarisés à l’école de meunerie, ont fait écho d’inquiétants dysfonctionnements, comme par exemple un manque de matériel de laboratoire. Cela n’était pas de bon augure pour la formation.
LD-LPM : Après ce mauvais départ, et face à l’érosion des effectifs, nombre d’anciens élèves et professionnels enterraient déjà l’école.
J. N. : Un peu tôt sans doute. La situation a évolué. Dès juin 2008, nous avons été informés d’un changement de direction, à l’Ensmic comme à l’Enilia, avec le départ conjoint des directeurs. Le successeur, Paul Revollon, a été nommé dans la foulée. Il chapeaute cette fois les deux entités. Nous nous sommes rencontrés durant l’été, avant sa prise de fonction. Nous avons pu lui préciser la position de la meunerie.
Par ailleurs, Fabien Bova, le directeur de l’Onigc, et son adjoint, Patrice Germain, nous avaient fait part de l’intérêt qu’ils portaient à l’Ensmic. Le moulin pilote qui doit y être installé constituera en effet pour eux un outil précieux pour développer les ventes de blés français, notamment à destination du Maghreb. Rappelons d’ailleurs que l’école accueillait, il y a quelques années encore, de nombreux élèves originaires du pourtour méditerranéen.
Vu l’engagement des autorités locales et nationales ainsi que l’engouement pour le moulin expérimental, il convenait d’en finir avec les états d’âme ! J’ai donc réuni mi-septembre toutes les parties prenantes pour leur affirmer que nous entérinions, en quelque sorte, le choix de l’implantation. Bref, pour tourner la page et repartir sur des bases plus positives ! La profession a confirmé à Paul Revollon, qui fait preuve d’une implication forte dans le milieu, qu’il pouvait compter sur son soutien, aussi bien en étant force de proposition que dans la mise à disposition de moyens financiers. Mais nous tenons, bien entendu, à être associés aux initiatives.
LD-LPM : Où en est le projet de moulin de référence que vous évoquez ?
J. N. : Les débuts chaotiques ne nous ont pas empêchés de participer au financement de ce moulin, dans lequel les collectivités territoriales ont, là encore, d’emblée pris une position forte. Le budget est aujourd’hui bouclé. Le projet a rencontré quelques difficultés techniques et le process a dû être modifié. Nous sommes passés de 6 cylindres de 300 mm à 3 de 600 mm coupés en deux. L’outil devrait être opérationnel en janvier 2010.
LD-LPM : Comment entendez-vous renforcer l’attractivité de l’école ?
J. N. :De nouvelles pistes de promotion sont étudiées pour optimiser le recrutement. Les synergies avec les professionnels se multiplient. Le nouveau directeur est notamment ouvert à la mise en place de collaborations directes avec les entreprises. Certaines sélectionnent elles-mêmes de futurs meuniers et les confient ensuite à l’Ensmic pour leur enseignement technique.