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Le marché du blé meunier en manque de repères

La grande hétérogénéité de la récolte de blé française, avec une grande part de produits fourragers par rapport aux meuniers, a conduit à scinder le marché. D'un côté, on trouve celui du blé de qualité (très difficile à appréhender, actuellement) et de l'autre celui du blé fourrager, avec des écarts de prix rarement atteints (entre 20 et 50 €/t suivant la région). Une situation qui met en lumière le manque de précision des caractéristiques du contrat Blé de meunerie d'Euronext, aujourd'hui déconnecté du marché physique du blé meunier. Le phénomène inquiète certains professionnels, pour qui l'utilisation du marché à terme ne se limitait pas à la seule couverture de risque de prix. « La référence à Euronext, pour la fixation du prix de vente de la farine vers l'industrie, ne fonctionne plus aujourd'hui », alerte Bernard Valluis, président délégué de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF). « L'évolution d'Euronext ne correspond plus à rien, faisant fuir les opérateurs du marché à terme », lâche de son côté un courtier français. Ce manque de connexion n'est pas nouveau en soi : il a été observé localement certaines années. Mais compte tenu de l'hétérogénéité de la récolte et du fort taux de germination des grains, la situation devrait durer tout au long de la campagne, et mettre à mal la représentativité de la place de marché à terme parisienne. Pour la campagne 2014/2015, il sera bien difficile de savoir à quelle qualité correspond le blé coté sur Euronext.

Déconnexion entre Euronext et le marché physique du blé de meunerie

À quelques exceptions près, la cotation physique du blé meunier à Rouen est, historiquement, moins élevée que celle d'Euronext. Or, cet écart s'est inversé cette année, si bien qu'il faut appliquer une prime positive à la cotation du marché papier, pour fixer le prix du Rendu Rouen sur le physique. « Euronext n'est plus le marché directeur du blé de meunerie », estime Bernard Valluis de l'ANMF.

L'absence de mention qualitative autre que le 76/15/4/2/2, oubliant des éléments essentiels comme la protéine et le temps de chute de Hagberg, pose pour cette campagne un problème de définition du sous-jacent du contrat Blé de meunerie du marché à terme parisien, qui ne correspond pas à un produit standard. « Le blé d'Euronext est un blé bâtard qui ne reflète ni les besoins des meuniers, ni ceux de la nutrition animale », explique un courtier. Ce choix de critères assez imprécis a toutefois reçu l'aval des opérateurs en son temps, le profil classique de la récolte française étant majoritairement de qualité meunière.

Quelles solutions pour le contrat Blé d'Euronext ?

Pour retrouver une convergence entre le marché physique et la cotation Euronext, le plus logique serait d'insérer de nouvelles caractéristiques qualitatives dans le contrat à terme. Des discussions en ce sens ont eu lieu avec la filière ces derniers mois, concernant le temps de chute de Hagberg et le taux de protéine. Mais il est impossible pour Euronext de changer les caractéristiques d'un contrat pendant sa période d'ouverture. Le contrat ne pourra donc évoluer avant 2017/2018, au mieux. Autre option, plus simple et plus rapide, la création d'un ou plusieurs contrats mentionnant le taux de protéine et le temps de chute de Hagberg. Notons que le CME travaille au lancement d'un contrat à terme Blé pour le marché européen avec des places de livraison françaises et un taux de protéine fixé à 10,5 %, selon nos dernières informations.

Au delà de la question d'Euronext, l'enjeu pour le marché, et notamment pour l'ANMF, est de retrouver une référence de prix pour le blé meunier sur le marché physique intérieur. Cette dernière a fait une demande en ce sens à FranceAgriMer, qui pour l'instant reste en suspens.

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