Analyse des grains
Le contrôle génétique des variétés s’étend
Analyse des grains
La biomoléculaire à la rescousse de la filière pour pallier les défaillances de l’électrophorèse
Mise au point il y a quelques années, l’identification variétale des blés par empreinte génétique, plus précise que l’électrophorèse faisant jusqu’alors foi dans le contrôle de la composition des lots, pourrait devenir la référence en la matière. De plus en plus utilisée, la méthode a été agréée, en août dernier, par le Syndicat de Paris du commerce et des industries des grains.
Une méthode plus discriminatoire que l’électrophorèse
Chaque année, l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) établit des recommandations sur l’utilisation des variétés des blés en sélectionnant les plus adaptées à la production de farines de qualité pour ses différents débouchés. Si certains blés, dégradant la qualité des mélanges, sont proscrits, d’autres sont admis avec des limites d’incorporation. En 2009, plusieurs variétés, dont Sankara et Charger, n’étaient pas jugées acceptables à plus de 15 % dans les assemblages.
L’identification précise des variétés est donc indispensable, au risque d’affecter la qualité
finale des produits meuniers. Or la méthode traditionnellement utilisée par la filière, l’électrophorèse, ne permettait plus de distinguer avec une totale certitude les différents blés, de compositions souvent proches. En effet, même si les génomes diffèrent nettement d’une variété à l’autre, « les produits d’expression, comme les gliadines, auxquelles s’intéresse l’analyse par électrophorèse, peuvent être identiques », expliquent les experts de Qualtech, laboratoire de l’IFBM (Institut français de la brasserie et de la malterie), spécialisé dans l’analyse céréalière. « Un cas de plus en plus constaté », ajoutent-ils.
Le groupe Grands moulins de Paris (Nutrixo) a fait part à l’IFBM de cette préoccupation majeure, dans la mesure où « les variétés stratégiques ne doivent pas être confondues. » « Nous avons mis en commun nos savoir-faire et développé une méthode d’identification basée sur la biologie moléculaire s’intéressant directement au génome du grain », explique Cathy Demortier, ingénieure commerciale du laboratoire Qualtech.
Par l’utilisation de microsatellites – marqueurs de l’ADN –, un profil caractéristique de chaque variété a été établi. Les différences génomiques des blés ont été mises en évidence, ce qui permet désormais de les discerner. Et, cette fois, sans aucun doute ! « Nos références couvrent la base communément utilisée en électrophorèse et intègre chaque année les nouvelles variétés inscrites au catalogue français », détaille le laboratoire de l’IFBM, mais aussi celles du catalogue européen les plus cultivées dans l’Hexagone.
L’identification génétique pourrait devenir l’analyse de référence
La méthode d’identification génétique, proposée depuis 2007, a été normalisée suite à un travail de validation avec le Geves (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences) et Arvalis-Institut du végétal.
Accréditée par le Cofrac, elle est désormais « utilisée par la plupart des acteurs de la première transformation des blés : meuniers, amidonniers mais aussi des organismes stockeurs », indique la représentante de Qualtech. L’électrophorèse reste encore utilisée dans le contrôle de la composition des lots, deux meuniers la pratiquant en interne. Cependant, les spécialistes du laboratoire estiment qu’elle devrait être progressivement supplantée par la méthode biomoléculaire, alors qu’elle a été récemment agréée par le Syndicat de Paris.
Une technique adaptée à d’autres matières premières
Comme le souligne Cathy Demortier, la technique d’identification variétale à partir de l’ADN est transposable à diverses matrices. Le laboratoire de l’IFBM l’a d’ailleurs étendue à d’autres espèces (blé dur, orge et le malt, maïs, pois, colza, lupin…) qui suscitent des demandes. Concernant l’orge brassicole, activité historique de Qualtech, « cette méthode trouve son intérêt car les malteurs et les brasseurs travaillent davantage avec des variétés pures. »