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Le biodiesel brésilien, vecteur de sécurité alimentaire
En 2004, le Brésil a lancé un programme Biodiesel (PNPB) visant à soutenir l’agriculture familiale et de réduire les disparités régionales. « Au Brésil, il y a un retard historique en termes d’éducation, d’infrastructures etc. Nous n’avons connu la démocratie qu’en 1988, et la stabilité économique qu’en 1998. Mais il reste toujours des problèmes de corruption, de mauvaise gestion de l’argent public », explique Caroline Rayol, qui a travaillé en tant que conseillère du Premier ministre brésilien sur les bioénergies, lors d’une conférence organisée par Farm, le 5 novembre à Paris.
« La création du PNPB est basée sur la recherche d’un débouché pour les excédents d’huile de soja, émanant de la production de tourteaux ». Et il repose sur une incorporation obligatoire de 5 % de biodiesel dans le gazole utilisé pour le transport routier, en vigueur depuis 2010.
Certificats “ combustible social ”
Le système de commercialisation est innovant avec la délivrance de certificats “ combustible social ”. Pour l’obtenir, les usines s’engagent à acheter un pourcentage minimum de matières premières à des exploitations familiales, qu’elles soient ou non pour la production de biodiesel, ainsi qu’à fournir aux agriculteurs familiaux de la formation et de l’assistance technique. « Ce programme favorise la sécurité alimentaire, insiste Caroline Rayol. Il s’agit d’intégrer les agriculteurs familiaux dans un système productif. » En échange, les usines bénéficient d’avantages fiscaux et sont privilégiées dans les enchères de vente de biodiesel. Contrairement à la France, où agriculteurs et industriels sont aux commandes, la gouvernance du PNPB se fait par consensus entre douze ministères.
Un succès grâce à la filière soja
En 2011, 105.000 exploitations participaient au programme, et 40 usines possédaient le certificat. « Un succès en grande partie dû à la filière soja, qui était déjà très bien organisée. » Néanmoins, il reste des défis, tels qu’abaisser le coût du biodiesel, mieux répartir les usines sur le territoire, actuellement très concentrées dans les régions sud et centre-ouest du pays et diversifier les sources d’oléagineux.
La totalité de la production de biodiesel brésilien doit venir de matières premières locales. Cela devrait limiter un afflux potentiel d’huiles de soja argentine, suite à la mise en place de droits anti-dumping de l’UE sur le biodiesel argentin.