La France ne pourrait pas honorer toute la demande export en blé tendre
Bilans – Les vendeurs sont déjà bien engagés et l’Hexagone pourrait peiner à satisfaire la demande mondiale sur la fin de la campagne 2010/2011
COMME PREVU la fin de campagne devrait être tendue. L’évolution du marché a contraint le Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, réuni le 8 décembre, à un plusieurs ajustements des bilans prévisionnels pour maintenir une hypothèse de stock de report raisonnablement mince, à 2,15 Mt. Et cela tout en augmentant, de manière quasi symbolique les prévisions pays tiers de 11,5 à 11,6 Mt, record absolu (les ventes à l’UE étant aussi revues à la hausse). Il a donc fallu revoir le chiffre de collecte en le portant à 32,26 Mt, soit une augmentation de 175.000 t par rapport à la prévision de novembre. Notons à ce propos, que la collecte réalisée au 1er novembre atteint déjà 21,8 Mt, soit 68 % du total envisagé pour l’ensemble de la campagne. Un chiffre exceptionnel, qui peut s’expliquer par l’empressement des producteurs à vendre aux hauts prix actuels, supérieurs aux échéances plus éloignées. On ignore les quantités exactes de blé encore disponibles à la ferme, mais l’autoconsommation a été réduite de 110.000 t. C’est toujours cela de récupéré pour les bilans, sinon pour le marché. Autre récupération notable, les utilisations par les fabricants d’aliments du bétail ramenées de 4,7 à 4,6 Mt.
Après le 1er trimestre 2011, la tension du marché risque d’être forte, les exportations pays tiers pouvant atteindre 7,5 à 8 Mt dès la fin 2010. Les 180.000 t vendues à l’Egypte la semaine passée illustrent la compétitivité actuelle du blé français et consolide cette prévision, même si l’on peut s’attendre à un ralentissement passager à l’approche des fêtes. Il va falloir balayer les fonds de silos. FranceAgriMer constate en effet un potentiel de demandes extérieures en blé français entre 13 et 14 Mt, mais reconnaît que « notre pays ne disposera pas des volumes suffisants pour répondre à la sollicitation du marché mondial ». Pour le moment, les stocks s’amenuisant, ce sont les Etats-Unis qui sont le mieux à même de répondre à la demande pressante du marché international. La récolte australienne est certes annoncée copieuse, à 26 Mt, mais 30 % au moins de cette moisson serait constituée de blé fourrager, conséquence de la persistance des pluies sur le pays.
En blé dur, le conseil spécialisé céréales, n’a apporté que des modifications insignifiantes à son précédent bilan, reconduisant notamment une estimation de forte production de 2,5 Mt et un bon courant d’exportation, vers l’UE et les pays tiers. Cela laisserait cependant un stock de report conséquent de 330.000 t. L’écart de prix entre le blé dur et le blé tendre se réduit sensiblement ce qui peut expliquer le recul des semis de blé dur au profit du tendre dans les régions non traditionnelles, comme le Centre.
Regain d’intérêt pour l’orge et le maïs
L’écart de prix avec le blé a aiguisé l’intérêt de la nutrition animale pour l’orge, dont les estimations d’incorporation ont été relevées de 100.000 t, à 1,9 Mt. Un record historique. Les prévisions de ventes à l’UE ont été rehaussées de 140.000 t compte tenu de la bonne demande allemande. Enfin, si les perspectives d’exportation vers les pays tiers ont été abaissées de 100.000 t, on constate une accélération des tirages de certificats. Le stock de report serait ainsi allégé de 200.000 t, à 1,28 Mt, ce qui reste large, mais ne sera pas forcément inutile au vu du recul des semis d’orge d’hiver de 3,5 %.
Les ventes de maïs vers l’UE devraient logiquement être concurrencées par la production de l’Est de l’UE. Le conseil a néanmoins révisé en hausse de 120.000 t ses prévisions du mois dernier, les portant à 5,15 Mt, soit tout de même 28 % de moins qu’en 2009/2010. En revanche, les utilisations par les Fab progresseraient de 17 % sur un an, après un nouvel ajustement en hausse de 100.000 t, à 3,2 Mt. La hiérarchie des prix traditionnelle, avec un prix de blé au-dessus de ceux du maïs retient l’intérêt des Fab.
Mesures techniques
Le conseil céréales s’est par ailleurs penché sur différents dossiers plus techniques, comme la recherche de capacités de stockage ou la mise en place du nouveau système de commercialisation des céréales remplaçant l’agrément du collecteur par une déclaration, en fait pas si simple que cela (cf. n°3874). L’office travaille à la mise en place de ces nouvelles règles avant la fin de la campagne. Enfin, le conseil a émis un avis favorable pour ajouter à la liste des investissements éligibles à la subvention dans le cadre de la lutte contre les insectes dans les moulins, les systèmes de surveillance de température.